Une épée à double tranchant: l'entraîneur du Paris SG Luis Enrique va retrouver mercredi (21h00) en quart de finale de Ligue des champions le FC Barcelone, son club de coeur avec lequel il a infligé la "remontada" aux Parisiens en 2017.
"Ma maison est à Paris, mon coeur est à Paris, c'est là où j'habite": en répondant récemment à une question de Luis Fernandez sur son attachement à Barcelone, Luis Enrique savait qu'il devait donner des gages à son nouveau club et ses supporters.
Qui le lui ont bien rendu samedi contre Clermont en déployant au Parc des Princes une banderole lui rendant grâce de mettre "le PSG à l'honneur".
Mais Luis Enrique s'est épanoui au FC Barcelone, tant comme joueur qu'entraîneur.
"Je suis un +socio culer+ (NDRL: du Barça) jusqu'à ma mort", a-t-il confié lors de sa session sur Twitch en mars.
Pour le quart de finale, "je suis très content, je rentre à la maison", a lancé l'Espagnol. Barcelone est "la ville où j'ai fait l'essentiel de ma carrière sportive et où je me sens très bien, c'est une très bonne nouvelle".
L'entraîneur du Paris SG Luis Enrique (à gauche) aux côtés de Kylian Mbappé (centre) et Lee Kang-in (à droite) lors du match de Ligue 1 contre Clermont à Paris le 6 avril 2024
FRANCK FIFE - AFP
En tant que coach, "j'ai toujours dit que revenir au Barça un jour me plairait. Mais c'est très difficile de faire recroiser nos chemins en réalité", a-t-il aussi lâché, assurant son nouveau club de son "implication totale".
A partir de 1996, transfuge sulfureux du Real Madrid, il fait étalage de sa "grinta" au milieu de terrain blaugrana. Et termine sa carrière de joueur en 2004 dans un Camp Nou qui lui réserve de chaleureux adieux.
- Xavi, une vieille connaissance -
L'entraîneur espagnol du FC Barcelone, Xavi, lors d'un match du Championnat d'Espagne contre l'Atlético Madrid le 17 mars 2024 à Madrid
OSCAR DEL POZO - AFP
Ce n'était finalement qu'un au-revoir: Luis Enrique reviendra de 2008 à 2011 en tant qu'entraîneur de l'équipe B, pendant le mandat fructueux de son ancien coéquipier Pep Guardiola avec l'équipe première.
Et après un passage par l'AS Rome et le Celta Vigo, il deviendra le boss des Blaugranas de 2014 à 2017, remportant dès sa première saison un triplé Ligue des champions-Coupe-championnat avec la "MSN" (Messi, Suarez, Neymar).
Il a aussi marqué les fans par son appel à renverser le PSG qui avait infligé une claque à son équipe en huitième de finale aller de Ligue des champions au Parc des Princes en février 2017 (4-0). Une injonction suivie d'effet avec une improbable "remontada" au Camp Nou (6-1, qualification pour les quarts), qui avait lancé pour plusieurs années une période de retournements de situation en C1.
Diplomate, Luis Enrique a rappelé: "Cette remontada n'a pas servi à gagner une nouvelle Ligue des champions. C'était un match spécial, mais pour qu'il y ait une remontada, il y a eu une pré-remontada, le PSG a gagné 4-0 l'aller".
Luis Enrique a donc pour atout majeur de bien connaître l'adversaire qui a infligé au PSG la plus cuisante défaite de son histoire, première d'une série de désillusions.
Luis Enrique, entraîneur du FC Barcelone, et son milieu de terrain Xavi Hernandez lors d'un match de Coupe du Roi contre l'Atlético Madrid le 8 janvier 2015 à Barcelone
LLUIS GENE - AFP
Revers de la médaille, le Barça connaît bien aussi le style Luis Enrique, qui trouve une partie de ses racines dans le jeu de possession et d'intensité prôné par Johan Cruyff puis Pep Guardiola...
Et peu de footballeurs connaissent l'Asturien comme l'actuel entraîneur des Blaugranas, Xavi. Les deux hommes ont joué six saisons ensemble au milieu de terrain du FC Barcelone. Puis "Lucho" a entraîné Xavi pour sa dernière année au club en 2014-2015.
"C'est l'un des adversaires les plus difficiles à affronter", prévient Xavi. "Je connais Luis Enrique, un entraîneur brillant. Les équipes de Luis Enrique sont très travailleuses".
Cette connaissance mutuelle, "est-ce un avantage ou un inconvénient, qui sait?", s'interroge Luis Enrique au média de son club. "Mais ce qui est clair, c'est que le match sera gagné par les joueurs, pas par les entraîneurs".
Malgré la nostalgie qui pourrait l'étreindre mercredi au coup d'envoi, et peut-être même davantage encore lors du match retour à Barcelone le 16 avril, l'ancien sélectionneur de l'Espagne promet: "Je donnerai tout pour aider mon équipe. C'est mon métier".
Par Baptiste BECQUART / Paris (AFP) / © 2024 AFP