Sud Radio : Gonzalo, on n’arrête plus le Stade Français !
Gonzalo Quesada : Non, on est arrêtables, mais c’est vrai que, depuis plusieurs matches, on est sur une bonne dynamique. La fusion a forcément un peu boosté l’équipe. On est passé de jouer le maintien à une très belle fin de saison, donc on est content.
Est-ce que vous vous attendiez à une telle réaction de l’équipe, un tel élan de solidarité, suite à cette fusion avortée ?
Le rugby est un sport d’engagement avant tout. Cette équipe a pris ses responsabilités, s’est exprimée en dehors du terrain. Ils ont défendu l’identité de leur club, ils se sont montrés très solidaires. Forcément, ensuite, ça crée une responsabilité très grande, un engagement beaucoup plus fort vis-à-vis de leur performance. Il fallait assumer pour l’avenir de ce club et cet engagement plus élevé, combiné à un calendrier plus favorable, au retour de certains blessés, tout ça a fait qu’on a une très belle dynamique.
Vous allez jouer une finale, de nombreux joueurs vont quitter le club, vous aussi. C’est une opportunité extraordinaire de viser un titre européen.
Quand on y pense, il n’y a aucune condition favorable à la dynamique d’un groupe. On sait que le coach part, on ne connaît pas l’avenir du club, il y a beaucoup d’inconnues sur un repreneur, une liquidation. On devrait avoir un groupe un peu éparpillé, pas forcément performant. Mais ce qui fait plaisir à un coach, c’est qu’on a plutôt des joueurs qui cachent leurs blessures tellement ils ont envie de jouer. Pour une fin de cycle, c’est génial de sentir le groupe comme ça, cette envie de bien jouer. Il y a une double satisfaction. l’état d’esprit, mais aussi la manière, avec des joueurs qui arrivent à exprimer un beau rugby depuis plusieurs semaines, efficace sur le terrain. Le plus dur commence, on se retrouve avec beaucoup de joueurs qui ont joué au moins deux des trois matches de la semaine dernière. On est un peu dans le dur, on ne s’est presque pas entraîné et j’espère que demain, quand on retrouvera l’équipe pour la mise en place, on retrouvera un peu d’énergie, parce qu’on n’est pas très frais.
Justement parce que le derby arrive. Un derby qui, finalement, a plus d’enjeu que prévu. Comment l’abordez-vous ?
On a commencé à l’aborder il y a plus d’un mois maintenant. Beaucoup de monde a pensé, quand il y a eu cette histoire de fusion, au derby. Les joueurs pensent à ce match depuis un moment, j’ai peur qu’ils l’aient joué plusieurs fois avant qu’il ne commence. Des deux côtés, l’objectif des coachs est de ramener les équipes aux fondamentaux. Si on pense trop au résultat du match, aux conséquences du résultat du match, qu’on se qualifie ou pas, plus tout ce qu’il y a autour, on risque de perdre de la concentration. Comme coach, mon inquiétude est celle-là, d’avoir des joueurs qui seraient peut-être trop concentrés sur le contexte, ce qui se passerait après. En général, ça ne pardonne pas si on n’a pas la concentration. Je suis focalisé sur garder mon équipe concentrée sur le terrain plutôt que sur autre chose.
Avec l’épisode de la fusion avortée, craignez-vous davantage de tension ou de débordements sur ce derby ?
On aime ce sport depuis très longtemps. Il y a quelques années, avec d’autres règles, sans arbitrage vidéo, avec moins de caméras, le match se serait terminé à 5 contre 5. Aujourd’hui, vis-à-vis du caractère des joueurs, de ce professionnalisme, je pense que ça n’ira pas très loin. Ce sera forcément un match particulier, mais je pense que ce sera un match engagé, avec beaucoup d’enjeu, avec un petit truc autour lié à la fusion, mais au bout de cinq minutes, ce sera juste un match de Top 14 important. Je ne me fais pas de souci sur la discipline. Je l’espère, parce que ce serait dommage. Je connais bien les deux groupes, je serais très surpris.
Propos recueillis par Judith Soula pour Sud Radio