Selon un sondage interne réalisé par la fédération professionnelle des Ehpad, seuls 19% des soignants en Ehpad souhaitent se faire vacciner immédiatement. Est-ce un possible signal de défiance. Pourquoi les soignants semblent-ils réservés sur le vaccin contre le Covid-19 ?
"Nous sommes dans une logique de vaccination altruiste"
"Nous ne sommes pas anti vaccins, mais en manque d’informations, précise Thierry Amouroux, porte-parole du SNPI (Syndicat National des Professionnels Infirmiers). En tant que soignants, le problème que l’on rencontre pour ce vaccin spécifique est d’avoir très peu de données de phase 3 consultables. Nous fonctionnons selon un bénéfice/risque, et la connaissance des produits qu’on doit injecter ou s’injecter soi-même, et non en fonction des incantations du gouvernement."
"Pour l’instant, détaille-t-il, nous avons une interrogation sur les effets de ce vaccin sur la transmission de la maladie. Les communiqués sortis des laboratoires parlent d’une effficacité pour éviter l’effet grave, de l’action sur la maladie, mais pas de l’action sur la contamination. Nous, soignants, sommes dans une logique de vaccination altruiste : on se vaccine pour ne pas être agent de contamination de personnes fragiles. Si le vaccin nous transforme en personnes asymptomatiques mais contagieuses, cela pose un problème."
"Quels effets sur une personne ayant déjà été contaminée"
Dans une situation d’urgence, si l’agence européenne donne son feu vert la semaine prochaine, seraient-ils prêts à se vacciner ? "Nous attendons la publication des données scientifiques, les éléments factuels. Aujourd’hui, nous ne les avons pas. Pourtant, depuis huit jours, on vaccine en Angleterre. Au bout de quelques jours, ils ont revu les autorisations de mise sur le marché. La vaccination des personnels de santé y a été suspendue."
"Nous sommes dans une logique de bénéfice risque pour une personne de plus de 85 ans résidant en Ehpad, qui vit en collectivité, rappelle le porte-parole du SNPI. Logiquement, cette personne doit se faire vacciner parce que le risque lié au Covid-19 est cent fois plus important que le risque éventuel lié au vaccin. Par contre, les soignants sont le reflet de la population générale. Ils ont été nombreux à être contaminés lors de le la première et de la deuxième vague. Nous avons donc des anticorps, mais pas les données scientifiques sur les effets sur une personne ayant déjà été contaminée."
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