À Toulouse, les laboratoires ont mis en place une stratégie de dépistage massif du COVID-19, mais sont saturés. Dans beaucoup de villes, dont Toulouse, on constate en effet des files d’attente, une forme de goulet d’étranglement. Il faut attendre quelques jours pour avoir des prélèvements, et 3 à 4 jours pour avoir les résultats.
Six "drives" pour des prélèvements sans rendez-vous
"On arrive à saturation, reconnaît Richard Fabre, biologiste à Labosud Garonne, président de l’Union régionale des professionnels de santé biologistes (URPS) d’Occitanie. Aujourd’hui, les laboratoires vivent la vague que les hôpitaux ont connu il y a deux mois. Il existe deux goulets d’étranglement : le prélèvement et les analyses. Pour prélever, nous avons ouvert à Toulouse des « drives » sur le domaine public, qui nous permettent d’accueillir environ 500 personnes par jour. Il en existe six sur la métropole. Cela facilite le prélèvement sans rendez-vous."
"Mais le corollaire, souligne Richard Fabre, c‘est qu’au niveau des plateaux techniques, cela engorge un petit peu." D’où les délais qui s’allongent pour obtenir ses résultats. Est-ce bien sérieux, alors que le but du dépistage est justement de repérer les personnes positives risquant de contaminer leur entourage ? "C’est problématique, en effet, reconnaît le président de l’URPS d’Occitanie. Je pense que les laboratoires ne sont pas les seuls responsables."
Se responsabiliser au-delà de se faire dépister
"Le problème est que l’on court après deux lièvres à la fois, résume le biologiste à Labosud Garonne. D’une part, le diagnostic pour les gens symptomatiques, un problème médical, et [d'autre part] le dépistage, une question de santé publique. On sait que ceux qui diffusent le virus ne sont pas ceux qui sont malades, mais asymptomatiques, qui ne vont pas voir le médecin et diffusent largement le virus. L’objectif du dépistage de masse est de repérer les asymptomatiques pour éviter les clusters."
Certains remettent toutefois en cause le dépistage massif. "Je pense que ce n'est pas une mauvaise stratégie. Mais que font les gens une fois dépistés ? Sinon, on peut les dépister tous les jours. J’étais hier soir entre 20 h et 23 h place Saint-Pierre, haut lieu de la nuit estudiantine à Toulouse. Il y avait 600 personnes dans la queue à se faire dépister, et 600 autres personnes qui faisaient la queue pour aller dans les bars. On ne va pas se faire dépister pour ensuite ne pas respecter les mesures de précaution. Il faut quand même que les gens se responsabilisent."
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