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Suppressions de classes dans les zones rurales : les élus "très en colère"

Par Jérémy Jeantet

Les élus locaux s'inquiètent des nombreuses fermetures de classes annoncées dans leurs territoires, notamment pour permettre la mise en place du dédoublement des classes de CP et de CE1 dans les zones en difficulté.

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La gronde monte dans les zones rurales. Jean-Louis Lafaurie, maire de Hérépian, dans l'Hérault, est, comme d'autres élus locaux comme lui, très inquiet de la fermeture annoncé d'une classe dans sa commune à la rentrée prochaine.

S'il dénonce d'abord la forme, et "l'absence totale de concertation" qui font qu'il est "très en colère", il ne comprend pas la logique de fermer des classes dans les zones rurales pour permettre le dédoublement des CP et CE1 dans les zones dites "en difficulté" : "Au moment où le ministre de l'Éducation nationale dit que l'apprentissage de la lecture est très important, sur la commune de Hérépian, on supprime une classe, alors que l'effectif sera le même que celui que nous avons à l'heure actuelle."

"On ne sait pas d'où ça sort, il n'y a aucune concertation, dénonce Jean-Louis Lafaurie. C'est impensable. Le maire est le lien social avec la population. Comment je peux expliquer aujourd'hui aux associations de parents d'élèves, à la population ? Nous n'avons même pas été concertés et nous n'avons même pas reçu la notification officielle de cette fermeture de classe. Je trouve que ce n'est pas très cavalier. On est en train de déshabiller les zones de revitalisation rurale pour habiller les zones de dédoublement de classes. Je trouve cela positif, mais si on dédouble d'un côté, c'est justement qu'on pense que c'est important, et on supprime ici, au moment où une dynamique se met en place."

Même discours pour Vanik Berbérian, président de l'association des maires ruraux de France : "Ce mouvement de contestation, qui se généralise et s'amplifie, montre que quelque chose ne fonctionne pas. Il y a des fermetures de classe sans précédent, en majorité dans les territoires ruraux, et ça pose un problème, d'autant que tout le monde a en mémoire les propos du président de la République, en juillet dernier, qui disait clairement que la ruralité ne pourrait pas être la variable d'ajustement. Aujourd'hui, on ne comprend pas que ces propos ne soient pas respectés. Ça explique le niveau de mécontentement."

Pour autant, Vanik Berbérian ne veut pas tout mettre sur le dos d'Emmanuel Macron : "Quand on avait d’autres gouvernements, que ce soit à l’époque de Sarkozy ou de Hollande, la ruralité n’était pas mieux traitée. Je crois que c’est plus profond que ça, c’est le manque d’intérêt porté à la ruralité depuis plus de 30 ans. Les différentes lois comme la loi NOTRe sont des lois d’inspiration urbaine. C’est un peu lourd de faire porter cette responsabilité sur le président de la République d’aujourd’hui."

"Il n’est pas question d’opposer urbain et rural, mais simplement de dire que les moyens d’assurer l’enseignement doivent être réels partout, à la ville comme à la campagne, a-t-il ajouté. La ruralité a toujours été un peu la variable d’ajustement. Quand on voit, sur un autre sujet, le projet de supprimer les petites lignes ferroviaires pour alimenter le reste, si ce n’est pas une variable d’ajustement, qu’est-ce que c’est ? Ce n’est pas nouveau, ça fait 30 ans qu’on néglige la ruralité. On a tout concentré vers les pôles urbains, avec le mythe des économies d’échelle et de vouloir faire jeu égal avec les autres métropoles européennes. Tout ça coûte très cher et il n’y a pas forcément de réponse positive à tout ça."

Propos recueillis par Steven Gouaillier pour Sud Radio

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