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Solennité et Marseillaise revisitée pour sceller l'IVG dans la Constitution

"Je suis là pour mes trois filles": au coeur de Paris, une petite foule d'anonymes et d'invités ont vécu comme une "journée mémorable" pour la cause des femmes la cérémonie de pose du sceau de la République sur la loi inscrivant la "liberté garantie" d'accès à l'IVG dans la Constitution.

Gonzalo Fuentes - POOL/AFP

"Je suis là pour mes trois filles": au coeur de Paris, une petite foule d'anonymes et d'invités ont vécu comme une "journée mémorable" pour la cause des femmes la cérémonie de pose du sceau de la République sur la loi inscrivant la "liberté garantie" d'accès à l'IVG dans la Constitution.

"C’est formidable", glisse Catherine Deneuve.

Assise place Vendôme parmi les rangées d'officiels où se mêlent membres du gouvernement, personnalités politiques, célébrités et militantes, l'actrice confie être "profondément" émue. Elle est l'une des signataires du "Manifeste des 343" qui, en 1971, appela à légaliser l'avortement en France.

Près de 53 ans après, les images des luttes féministes sont projetées sur des écrans au milieu des façades de la prestigieuse place Vendôme en ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes.

L'actrice Catherine Deneuve assiste à la cérémonie scellant le droit  à l'avortement dans la Constitution française, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2024 à Paris

L'actrice Catherine Deneuve assiste à la cérémonie scellant le droit à l'avortement dans la Constitution française, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars 2024 à Paris

Gonzalo Fuentes - POOL/AFP

Venue de Nouvelle-Calédonie en touriste à Paris, Claude May, 66 ans, fait partie des 200 à 300 badauds qui assistent à la cérémonie et déclare vivre "une journée mémorable".

"L'avortement, on ne devrait plus en parler, plus le remettre en cause", dit cette retraitée qui dit avoir toujours soutenu l'interruption volontaire de grossesse (IVG) sans s'être engagée dans des cercles militants.

Sur l'estrade montée devant le ministère de la Justice, trône une presse à sceller commandée en 1810 sous Napoléon et installée exceptionnellement place Vendôme.

Ce mobilier richement décoré, classé au titre des monuments historiques, ne sert plus à valider les lois ordinaires, mais l'usage a été conservé de sceller les grandes lois et les modifications de la Constitution comme autant de moments solennels.

Le président Emmanuel Macron (d) et le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti (c) lors une cérémonie pour inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution française dans le cadre de la Journée internationale des femmes 2024 à Paris, le 8 mars 2024

Le président Emmanuel Macron (d) et le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti (c) lors une cérémonie pour inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution française dans le cadre de la Journée internationale des femmes 2024 à Paris, le 8 mars 2024

Gonzalo Fuentes - POOL/AFP

Il est 12H15 quand le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti finit de tourner la presse qui scelle le texte le plus important de la Ve République où figure désormais la liberté garantie pour les femmes de recourir à l'interruption volontaire de grossesse.

Silence puis tonnerre d'applaudissements, sourires. Emmanuel Macron étreint la diplomate Claudine Monteil, plus jeune signataire du "Manifeste des 343" qui ouvrira la voie à la loi Veil dépénalisant l'avortement en 1975.

- "Pas seules" -

Autour d'eux, sur l'estrade, sont présentes plusieurs femmes politiques engagées dans le combat pour inscrire l'IVG dans la Constitution, dont la cheffe de file des députés LFI, Mathilde Panot, dans un rare moment d'unité politique. "C'est un grand moment d'émotion et de fierté", commentera l'élue insoumise.

Le président Emmanuel Macron lors d'une cérémonie pour inscrire le droit à l'avortement dans la constitution française, à l'occasion de la Journée internationale des femmes, place Vendôme, à Paris, le 8 mars 2024

Le président Emmanuel Macron lors d'une cérémonie pour inscrire le droit à l'avortement dans la constitution française, à l'occasion de la Journée internationale des femmes, place Vendôme, à Paris, le 8 mars 2024

Gonzalo Fuentes - POOL/AFP

Dans son discours, le chef de l'Etat confirme sa volonté d'inscrire la "liberté de recourir" à l'avortement "dans la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne", où selon lui "plus rien n'est acquis et tout est à défendre".

"Nous devons entraîner le monde dans ce même mouvement", déclare la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet.

Dans le public, Arantxa, touriste barcelonaise de 54 ans, commente: "En Espagne l'avortement n'est pas dans la Constitution, la France va devenir un exemple pour le reste du monde, on s'en réjouit".

"En tant que femme, c'est très émouvant. Je me dis que malgré les pressions, malgré aussi les menaces de mort que nous subissons en tant qu’activistes, on n'est pas seules. On va rentrer et on va se dire +ils ont pu le faire, pourquoi pas nous?+", lance Mbolatiana Raveloarimisa, militante des droits des femmes à Madagascar invitée pour l’occasion.

Le président Emmanuel Macron salue les personnes venues assister à la cérémonie scellant le droit à l'avortement dans la constitution française, à l'occasion de la Journée internationale des femmes, place Vendôme, à Paris, le 8 mars 2024

Le président Emmanuel Macron salue les personnes venues assister à la cérémonie scellant le droit à l'avortement dans la constitution française, à l'occasion de la Journée internationale des femmes, place Vendôme, à Paris, le 8 mars 2024

Gonzalo Fuentes - POOL/AFP

"Cette cérémonie, elle ramène du positif dans l'actualité un peu sombre", commente Hortense Hilani, 41 ans.

"Je suis là pour mes trois filles" de 13, 10 et 7 ans, déclare cette enseignante. "C'est important pour leur futur. C'est une cause pour laquelle beaucoup de sont battues, certaines sont mortes."

Au bout d'une cérémonie entre solennité et émotion,, la chanteuse Catherine Ringer lance une Marseillaise revisitée.

La star des Rita Mitsouko y a remplacé le "sang impur" qui, dans l'hymne national, "abreuve nos sillons" par "une loi pure dans la Constitution" pour évoquer l’inscription de l'IVG dans la Loi fondamentale. Avant d'entonner sous les applaudissements: "Citoyens, citoyennes (...) Marchons, chantons".

Par Clement KASSER, Francesco FONTEMAGGI / Paris (AFP) / © 2024 AFP

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