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Quel bilan de 5 mois de débat sur les matières et déchets radioactifs?

Les organisateurs du débat public sur la gestion des matières et déchets radioactifs présentent lundi les conclusions de cinq mois de discussions sensibles, entre controverses techniques, stratégies industrielles et préoccupation de l'héritage laissé aux générations futures.

(ARCHIVES) - Photo prise en juin 2009 de centaines de "big bags" renfermant des déchets nucléaires faiblement radioactifs entreposés dans les locaux de l'usine de Pierrelatte, en attendant leur évacuation. Le groupe nucléaire Areva, principal fournisseur d'uranium pour les centrales nucléaires d'EDF, a suspendu ses livraisons de combustible nucléaire destinées au groupe d'électricité, en raison d'un désaccord sur le recyclage des déchets, a annoncé un porte-parole d'EDF le 18 janvier 2010. Les deux groupes s'opposent sur les modalités de recyclage des déchets nucléaires d'EDF issues des 58 réacteurs que le groupe exploite en France. AFP PHOTO / CEA / CELINE JANDAURECK (Photo by Céline JANDAURECK / CEA / AFP)

Enfouissement géologique profond, entreposage en piscine ou à sec, statut de certaines matières... Au-delà de controverses techniques, le débat qui s'est tenu du 17 avril au 25 septembre a tenu à aborder des questions plus larges de société liées à un sujet très clivant dans un pays qui possède le deuxième parc de réacteurs au monde.

Ce sujet "renvoie très concrètement à une réalité à travers les questionnements sur la protection de la santé des populations, des salariés, de l’environnement, sur l'implication des territoires, sur la sûreté et la sécurité, sur les investissements financiers requis, tout en s'ouvrant sur des réflexions plus profondes au regard de l’engagement pris pour les générations futures", commentait à la clôture du débat Isabelle Harel-Dutirou, présidente de la commission qui l'a organisé.

Sans surprise, certaines des 22 réunions publiques ont été perturbées par des ONG antinucléaire qui n'avaient pas souhaité participer au débat formel. Mais "le débat a bien eu lieu, sans doute imparfait, mais bien réel, avec des échanges d’une très grande qualité, parvenant malgré tout à dépasser les postures pour présenter une argumentation de fond", ajoutait Mme Harel-Dutirou.

Après la présentation lundi du bilan formel de ces échanges, le ministère de la Transition écologique et l'Autorité de sûreté nucléaire --maîtres d'ouvrage du 5e Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs 2019-2021 en cours d'élaboration-- auront trois mois pour y répondre.

- 1,62 million de m3 de déchets -

"Au delà ce ce bilan, on attend que cela se traduise dans les faits", a déclaré à l'AFP Yannick Rousselet, de Greenpeace, qui ne regrette pas d'avoir participé à ce débat, "le plus abouti" sur le sujet.

L'ONG réclame en particulier que les combustibles usés entreposés notamment dans la piscine de La Hague --classés comme matières susceptibles d'être réutilisées, la France ayant fait le choix du retraitement-- soient requalifiés en déchets, estimant que seulement 1% est réellement réutilisable.

Certains espèrent aussi que le choix de l'enfouissement géologique profond pour les déchets les plus radioactifs, inscrit dans la loi en 2006, puisse être remis en cause, tant que la demande d'autorisation du projet Cigéo à Bure (Meuse) n'est pas déposée.

A fin 2017, la France comptait 1,62 million de m3 de déchets radioactifs, selon l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).

Les déchets de haute activité (HA), qui peuvent être radioactifs jusqu'à des centaines de milliers d'années, représentent 0,2%, soit l'équivalent du volume d'une piscine olympique, mais 94,9% du niveau de radioactivité, et doivent le temps venu rejoindre Cigéo, à 500 mètres sous terre.

En attendant la présentation du bilan, un "groupe miroir" mobilisé dans le cadre du débat public a lui déjà rendu ses conclusions.

"Face à des enjeux qui nous dépassent", ces 14 citoyens qui ont choisi de réfléchir aux questions éthiques, plaident notamment pour une "réversibilité" des solutions envisagées aujourd'hui "pour ne pas décider à la place des générations futures et laisser la porte ouverte à d'éventuels progrès technologiques".

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