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Progrès dans la détection d’Alzheimer : "Il faut quand même être prudent"

Par Benjamin Jeanjean

Alors qu’une équipe de chercheurs français pourrait bien avoir réalisé une importante avancée dans la détection d’Alzheimer, Bernard Sablonnière, professeur de biochimie à l’université de Lille, était l’invité du Grand Matin Sud Radio pour évoquer la question.

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Un crédit d'impôt simplifié pour les services à la personne. (c) AFP

Véritable fléau pour de nombreuses personnes âgées aujourd’hui en France, la maladie d’Alzheimer garde encore de nombreux mystères, tant dans sa détection que dans son traitement. Or, une équipe de chercheurs français (Inserm, CNRS, CEA, universités Paris-Sud et Paris-Descartes) pourrait avoir réalisé une avancée majeure dans le dépistage de la maladie dans sa phase invisible, quand le sujet est âgé d’environ 40 ou 50 ans. Lui-même professeur de biochimie à l’université de Lille, Bernard Sablonnière était l’invité du Grand Matin Sud Radio ce jeudi pour en parler.

"Il s’agit d’une publication récente de l’équipe de Jérôme Braudeau, qui étudie un modèle de maladie d’Alzheimer chez le rat. À l’aide de gènes mutés, ils ont progressivement provoqué une maladie d’Alzheimer chez ce rat et suivi tout le déroulé. Ce n’est pas un modèle particulièrement nouveau, car beaucoup de modèles ont déjà mimé la maladie d’Alzheimer chez des rongeurs. Ce qui est intéressant, c’est de suivre le déroulé. Il faut quand même être prudent car ils utilisent des mutations de gènes connus chez l’homme qui donnent des formes familiales extrêmement rares de maladie d’Alzheimer où, justement, on a un début très précoce. C’est donc un modèle qui mime chez l’animal cet effet de mutation délétère, mais dans la plupart des cas les malades atteints d’Alzheimer le sont sous des formes sporadiques. Il n’y a pas de gène muté dans ces familles et le début est beaucoup plus tardif", tempère-t-il.

"Ce sont les autres facteurs auxquels il faut s’intéresser"

Selon lui, la détection précoce d’Alzheimer peut déjà être effectuée dans certains cas. "Elle existe déjà puisque plusieurs projets de recherche montrent qu’avec une batterie de tests déjà utilisés dans les centres d’études de la mémoire (CHU, essentiellement), on peut la détecter. Avec des tests neuropsychologiques (pour le versant clinique), avec l’imagerie (qui permet de détecter l’accumulation des déchets que sont les plaques amyloïdes et éventuellement les protéines tau anormales), et avec des tests biologiques (qui peuvent révéler des anomalies moléculaires)", assure-t-il. Problème, ces tests sont rarement réalisables concrètement en l’absence de signes avant-coureurs. "Il est évident que si quelqu’un ne se plaint absolument pas de troubles émotionnels ou de troubles de mémoire, on ne peut pas proposer toute une batterie de tests complexes", reconnaît-il.

Pour Bernard Sablonnière, il faudrait davantage étudier les autres facteurs de déclenchement d’Alzheimer, et pas uniquement les facteurs génétiques. "En-dehors des facteurs génétiques, qui existent mais qui concernent des formes très rares d’Alzheimer, on sait qu’il existe dans la plupart des cas des facteurs de risque environnementaux, nutritionnels, hormonaux, vasculaires, etc. Tous ces facteurs font actuellement l’objet de nombreuses études, et ce sont ceux-là auxquels il faut pouvoir s’intéresser actuellement chez l’homme pour décaler le début de la maladie et faire d’éventuels progrès dans sa prise en charge et dans son traitement", préconise-t-il.

Réécoutez en podcast l’interview de Bernard Sablonnière dans le Grand Matin Sud Radio

 

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