Un reportage de Stéphane Burgatt à Marseille pour Sud Radio.
Interdiction formelle d'utiliser les eaux souterraines, leur couleur reste suspecte témoigne Élisabeth Pelissieau, du comité d'intérêt de quartier Saint-André.
"L'eau est jaune, vraiment jaune, c'est aberrant. Pratiquement toutes les maisons ont un puits naturel, cette eau est utilisée soit pour arroser le jardin donc évidemment les légumes, soit pour remplir des piscines. Là est la vraie problématique" témoigne Élisabeth, habitante du quartier Saint-André.
Les fuites à l'origine de la pollution sont aujourd'hui colmatées, l'entreprise sanctionnée, mais la présence de "chrome 6" reste élevée selon Charles Chanut, épidémiologiste à la retraite, et membre de l’association "Cap au nord". Avec les habitants, France Environnement et " Cap au nord" se battent pour qu'une enquête épidémiologique soit lancée sur les populations du périmètre concerné.
Charles Chanut, épidémiologiste : "quand on a découvert l'eau contaminée des nappes souterraines, on était à 1300 fois plus que la norme autorisée. Depuis cinq ans que la source d'émission a été arrêtée, on reste sur des taux stables, jusqu'à 500 fois plus que la norme. On est donc sur une pollution hors normes. Il y a une vraie inquiétude pour l'état de santé car le chrome 6 est un toxique très très dangereux, prouvé comme étant cancerigène."
"Il faut mettre en place une surveillance médicale, le contraire serait une faute"
Force est de constater que les habitants sont très critiques vis-à-vis de la mairie qui n'a interdit l'accès à ses eaux que six ans après l'incident. Mais la municipalité se défend en raison du temps nécessaire à différentes études et analyses. Pourtant, il manque encore "une surveillance médicale" selon l'épidémiologiste Charles Chanut.
"On ne sait pas ce qui se passe dans la tête des gens. Ceux qui ont un forage se disent peut-être que leur eau est plus propre que celle du robinet. Pire encore, il y a des gamins qui jouent dans les eaux de ruissellement. d'ailleurs, c'est comme ça qu'on a découvert la pollution. Et compte tenu de la gravité du risque, il faut mettre en place une surveillance médicale. C'est la question de santé publique de ce dossier. Ce serait une faute de ne pas le faire."