Plus de bracelet électronique pour Nicolas Sarkozy: l'ancien président de la République a été admis au régime de la libération conditionnelle et s'est vu retirer le dispositif qu'il portait à la cheville depuis un peu plus de trois mois.
L'ex-chef de l'Etat (2007-2012) est sous libération conditionnelle depuis mercredi, a précisé jeudi à l'AFP le parquet de Paris, confirmant une information du site Off Investigation.
Nicolas Sarkozy avait été définitivement condamné en décembre dans l'affaire des écoutes, à trois ans d'emprisonnement, dont un an ferme, sous détention à domicile sous surveillance électronique, pour corruption et trafic d'influence - une première pour un ancien président qui est également inéligible durant trois ans.
Depuis le 7 février, il n'était ainsi autorisé à s'absenter de chez lui qu'entre 8H00 et 20H00 - 21H30 les lundis, mercredis et jeudis, ce qui correspondait alors aux jours d'audience du procès des soupçons de financement libyen (6 janvier-8 avril).
Etant âgé de 70 ans depuis le 28 janvier, Nicolas Sarkozy a pu demander, comme le permet la loi, une libération conditionnelle avant la moitié de sa peine, ce qu'il a fait par requête le 16 avril, a indiqué le parquet questionné par l'AFP.
Le juge d'application des peines (JAP) lui a accordé ce régime par décision du 12 mai, avec une entrée en application le 14.
Nicolas Sarkozy a désormais pour obligations de solliciter l'autorisation préalable du JAP "pour tout déplacement de plus de 15 jours et pour tout déplacement à l'étranger", de répondre aux convocations et de "recevoir les visites du service pénitentiaire d'insertion et de probation".
Son avocate Me Jacqueline Laffont-Haïk a confirmé cette libération conditionnelle à l'AFP.
"Cette mesure, qui au regard de la loi aurait pu intervenir dès le premier jour, est strictement conforme à la loi et à la jurisprudence", a-t-elle ajouté.
L'entourage de Nicolas Sarkozy a indiqué jeudi qu'il travaillait à son bureau à Paris.
- Retrait de légion d'honneur ? -
Dans ce dossier aussi appelé "Bismuth", l'ex-chef de l'Etat a été reconnu coupable d'avoir noué en 2014, au côté de son avocat historique Thierry Herzog, un "pacte de corruption" avec un haut magistrat à la Cour de cassation, afin qu'il transmette des informations et tente d'influer sur un recours formé dans l'affaire Bettencourt. Et ce, en échange d'un "coup de pouce" promis pour un poste honorifique à Monaco.
Nicolas Sarkozy, qui a toujours clamé son innocence, a formé une recours devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).
Depuis plusieurs semaines, c'est la question du retrait de sa légion d'honneur qui fait débat.
Lors d'une conférence début mars, le général François Lecointre, chancelier de la Légion d'honneur, avait affirmé que ce retrait était "de droit" à partir du moment où sa condamnation était définitive.
Un autre avocat de Nicolas Sarkozy, Me Patrice Spinosi, avait au contraire soutenu que cette décoration était "attachée à sa fonction" et non à sa personne.
Fin avril, c'est l'actuel président Emmanuel Macron - Grand maître de la Légion d'honneur, de par sa fonction - qui a pris position en faveur de son prédécesseur, en affirmant que ce retrait "ne serait pas une bonne décision".
Et début mai, plusieurs descendants de titulaires de la Légion d'honneur et de l'Ordre du mérite ont déposé un recours auprès du tribunal administratif de Paris pour obtenir la déchéance de ces décorations.
La prochaine échéance judiciaire de Nicolas Sarkozy est fixée au 25 septembre, jour du délibéré de l'affaire libyenne, dans laquelle l'accusation a requis contre lui sept ans de prison.
Dans ce dossier, il est soupçonné d'avoir noué en 2005, via ses plus proches collaborateurs, un "pacte de corruption" avec le dictateur libyen Mouammar Kadhafi, afin qu'il finance sa campagne présidentielle victorieuse de 2007.
L'ancien locataire de l'Elysée a par ailleurs été condamné en appel dans le dossier Bygmalion, à 6 mois de bracelet électronique. Il a formé un pourvoi en cassation, dont la date d'examen n'a pas encore été fixée.
Par Anne LEC'HVIEN et Marie DHUMIERES / Paris (AFP) / © 2025 AFP