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Pascal Perrineau : "les jeunes commencent à douter de la démocratie"

Par La Rédaction

Pascal Perrineau, politologue, professeur à Sciences Po et auteur du livre "Le grand écart : Chroniques d'une démocratie fragmentée" (éditions Plon) était l’invité d’André Bercoff, jeudi 16 janvier sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Pascal Perrineau invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio.

Crise d'identité, crise démocratique et institutionnelle, crise sociale, la France semble embourbée dans une situation dont elle peine à se sortir. Et si cela était dû à son régime ? Une démocratie qui arriverait "en fin de cycle", selon Pascal Perrineau.

 

La démocratie représentative "ne convainc plus"

Politiquement, ces multiples crises juxtaposées traduisent "la fin d'un cycle pour la démocratie représentative" pour le professeur. "On a réinventé la démocratie pluraliste sur les décombres des régimes autoritaires", juge-t-il. "Les Français ne sont plus convaincus aujourd'hui par le fonctionnement de la démocratie représentative", estime Pascal Perrineau qui justifie l'idée de chercher ailleurs : "dans la protestation directe dans la rue, dans la démocratie participative, dans les sondages, dans la demande de référendum".

Pourtant, d'après Pascal Perrineau, "on voit bien qu'un régime ne peut pas fonctionner sans démocratie représentative, sans recours à des élections qui investissent des hommes et des femmes qui ensuite vont s'occuper du bien commun". Cependant, encore un tiers des Français se disent prêts à laisser le pouvoir à "un homme fort qui ne s'occuperait ni des élections, ni du Parlement", dont "plus d'un tiers chez les jeunes", alerte l'écrivain. "Ce sont les jeunes qui commencent à douter de la démocratie", remarque-t-il. Alors, "la tentation d'avoir recours à des leaders populistes qui représenteraient directement le peuple" se fait de plus en plus forte.

Quatre pistes pour sortir de la crise

Pas question de se résigner, pour Pascal Perrineau, "il faut essayer de réfléchir". Et l'auteur propose quatre pistes. Première et non des moindres : "entamer une véritable décentralisation", qui certes s'est déjà produite depuis les années 1980, mais à laquelle une "recentralisation extrêmement forte du pouvoir" a pris le pas. Mais cela ne suffirait pas sans la réintroduction du référendum. "La souveraineté du peuple s'exprime par l'élection de représentants et par le référendum, comme le dit la Constitution", rappelle le professeur de la Sorbonne. "Depuis 2005, on n'ose plus utiliser cette arme. Je ne crois pas que l'enjeu climatique serait le meilleur sujet", déplore Pascal Perrineau.

Pour l'auteur, il faut mettre en place "une démocratie délibérative". "Les Français la connaissent bien à une échelle locale mais je crois qu'à un plan national ça permettrait de donner la parole à des représentants", estime le professeur qui se félicite "des grands forums, comme il va s'en faire avec la convention citoyenne sur les enjeux climatiques et qui devrait déboucher sur des projets de loi qui devront être votés ensuite par le Parlement". Une étape avant une "réforme de la démocratie représentative" qui doit permettre "d'introduire un élément de représentation proportionnelle et redonner un contre-pouvoir parlementaire", argumente-t-il. "Aujourd'hui, le Parlement joue dans l'ombre du Président", déplore-t-il. Un "effet pervers du quinquennat" juge Pascal Perrineau qui regrette que l'on passe "d'événements en événements sans se projeter sur ce qui a été fait et ce qu'on va faire". "On a un déficit d'hommes d'État", conclut-il.

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

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