single.php

Michel Onfray : les anti-vaccin sont "des gens qui estiment que la fraternité, ça ne compte pour rien"

Michel Onfray, philosophe, auteur de "Autodafés" (Presses de la Cité) et directeur de la revue "Front Populaire", était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 10 septembre 2021 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Michel Onfray, interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 10 septembre 2021 à 7h40.

Michel Onfray : "l’égalité est devenue l’égalitarisme" et "la fraternité a disparu"

Plusieurs épisodes violents ont marqué la semaine du 6 septembre 2021 en France, un sujet sur lequel Michel Onfray intervient de plus en plus. Le titre de Une de la revue Front Populaire, qu’il dirige, est même "Le droit à la sécurité contre l’ensauvagement" pour sa dernière édition en date. Pour lui, "c’est un constat qu’on ne peut pas ne pas faire" qu’il y a des quartiers dans lesquels le droit n’est pas respecté. "Il y a tout de même des gens qui nous expliquent que c’est un sentiment d’insécurité, que ça n’a rien à voir avec la réalité", souligne le philosophe qui critique cette position. "C’est le ministre, c’est la gauche, c’est la grande tradition de la gauche", explique celui qui déclare être "d’une gauche qui n’est pas reconnaissable" n’étant d’aucun parti de gauche bien défini. "Je suis plutôt chevènementiste, s’il faut trouver des grands modèles anciens", explique Michel Onfray qui précise que "chez Chevènement, par exemple, il y avait cette idée que oui, la sécurité est l’un des droits de l’Homme".

"On ne peut pas imaginer qu’il y aurait ‘Liberté, égalité, fraternité’ et que ça suffirait, qu’on pourrait faire ce qu’on veut quand on veut comme on veut." Chez certains, estime Michel Onfray, "l’égalité est devenue l’égalitarisme" tandis que "la fraternité a disparu". Il prend en exemple les personnes refusant de se faire vacciner qui sont, pour lui, "des gens qui estiment que la fraternité, ça ne compte pour rien".

Aux trois principes de la République, Michel Onfray ajoute "sûreté aussi" soit la possibilité de vivre sans se faire agresser ou se faire "voler son téléphone portable". "Et puis il y a plein d’endroits où les gens n’iraient pas habiter parce que, effectivement, ils sont dans les bons quartiers et qu’ils sont préservés."

"C’est la fameuse créolisation à laquelle aspire la France Insoumise"

Un expert interrogé dans le dernier numéro de la revue Front Populaire parle d’une "brésilianisation de notre société", ce qui est une fragmentation de la société selon les quartiers. Michel Onfray se rappelle d’une visite au Brésil où la voiture de l’ambassadeur faisait fi des règles du Code de la route : "on passait les feux rouges". Interloqué, il demande à l’ambassadeur la raison : "si on s’arrête, on se fait braquer", a-t-il déclaré, expliquant même qu’il y a un risque de meurtre.

"C’est la fameuse créolisation à laquelle aspire la France Insoumise", juge le philosophe. "Ce n’est pas possible, ce n’est pas pensable qu’on puisse vouloir ça comme projet de société ; hélas, il y a des gens qui veulent ça comme projet de société."

 

"Il y a des lois, il devrait y avoir des magistrats, il devrait y avoir des juges, il devrait y avoir une défense de la société"

La solution à ces problèmes est complexe. Michel Onfray explique être allé voir le film Bac Nord qui, s’il est "du cinéma" et non "de la sociologie", est tiré d’une histoire vraie. "On voit comment tout ça fonctionne." Pour lui, l’arsenal juridique "existe" et il n’y a pas besoin "de refaire une loi" ou d’en ajouter. "Il y a juste besoin de dire, eh bien, retour de l’État. Retour de l’État en force : il y a des lois, il devrait y avoir des magistrats, il devrait y avoir des juges, il devrait y avoir une défense de la société ; or, il n’y a pas de défense de la société", estime-t-il.

De plus, il estime que "la solution, ce n’est pas l’éducation, comme dit la gauche". "Si vous ouvrez un théâtre, une école, un stade à Marseille, c’est pas avec ça que vous allez empêcher la délinquance : ça n’a aucun sens." Pour autant, la solution ne vient pas non plus de la droite qui dit "prison, prison pour tout le monde" ce qui "n’a pas de sens non plus" pour Michel Onfray.

 

Il prend en exemple la drogue : alors que le problème, selon lui, ce sont à la fois des dealers, des producteurs et des consommateurs, "pourquoi on ne s’attaque jamais à la production et pourquoi on ne s’attaque jamais à la consommation ?". Il juge qu’il y a "une espèce d’éloge de la drogue". "Pourquoi n'entretient-on pas avec les pays producteurs des rapports plus fermes ?", s'interroge-t-il.

 

Michel Onfray : "Il y a eu une gestion calamiteuse de la crise, avec des gens responsables de cette calamité"

Agnès Buzyn est convoquée vendredi 10 septembre devant la Cour de justice de la République, en vue d'une possible mise en examen pour "mise en danger de la vie d’autrui" dans le cadre de la gestion gouvernementale de la crise sanitaire. Faut-il à tout pris trouver des coupables ? Pour Michel Onfray, "il y a eu une gestion de la crise qui a été calamiteuse, avec des gens responsables de cette calamité. Il y a une espèce de jurisprudence 'responsable mais pas coupable', on ne démissionne pas assez, regrette-t-il, Jean-Pierre Chevènement a été à peu près le seul à avoir démissionné. À un moment donné on pourrait se dire qu'on n'a pas été à la hauteur, on s'en va, mais pas du tout ! Ils sont pris la main dans le sac, dans des affaires sexuelles, financières, d'impôt, ils restent au pouvoir !"

Concernant Agnès Buzyn, "d'après les informations données à l'époque, il pourrait y avoir des conflits d'intérêts entre elle, son mari, et des laboratoires dans lesquels il y aurait eu des erreurs de manipulation qui ont fait que ce virus se répande partout sur la planète, rappelle Michel Onfray. Pour lui, les politiques "sont des hommes et des femmes comme les autres", ça lui paraît "normal que dans l'exercice de leur profession, si l'on pense qu'ils ont failli, on puisse faire le nécessaire pour voir si c'est vrai, et si c'est vrai, on les punit".

 

Michel Onfray : "Il y a une baisse de niveau en politique. La preuve, Xavier Bertrand !"

Y a-t-il une baisse de niveau en politique ? "La preuve est Xavier Bertrand !, estime Michel Onfray. Qui peut penser qu'il est le général de Gaulle aujourd'hui ? Ce Monsieur, qui est dans la politique depuis 20 ans, 30 ans, 40 ans, est quand même responsable et coupable ; on ne va pas le traîner au tribunal mais il y a des gens qui devraient pouvoir dire 'si la France est dans cet état aujourd'hui, c'est parce je défends depuis des années des théories qui ont fait que nous sommes allés dans le mur' , affirme-t-il. Mais Xavier Bertrand arrive comme une espèce de vierge en politique !, fustige le philosophe, en disant qu'il est le général de Gaulle..."

Xavier Bertrand arrive comme une espèce de vierge en politique, en disant qu'il est le général de Gaulle...

Pour Michel Onfray, "il n'y en a pas beaucoup qui ont le niveau en politique. Est-ce que vous croyez qu'Hollande ou Macron l'avait ? On a le niveau quand on a compris qu'on est là par devoir, et pas parce qu'on est le plus grand, le plus beau, le plus fort ! On est au service du pays et des Français et non d'une carrière ou d'une ambition personnelle. Il y a des gens dont le passé est un passif, et on a envie de demander à Monsieur Bertrand : 'quand avez-vous rencontré l'Histoire ?' Ce qui nous permettrait de savoir ce que vous êtes véritablement".

 

"On ne pourra décompter le temps de parole d'Éric Zemmour qu'à partir du moment où il annoncera qu'il est candidat"

Michel Onfray estime ne pas avoir sa place sur le terrain en politique : "je n'ai pas cette démesure, je n'imagine pas ça une seule seconde ! Ça fait 30 ans que je pense qu'on peut faire de la politique autrement qu'en étant conseiller municipal, en créant des universités populaires, en travaillant l'éducation populaire. Je pense que je suis plus utile en travaillant une espèce de maintien de la spiritualité."

Éric Zemmour fait-il une erreur en voulant s'engager éventuellement en politique ? "Le peuple le dira !, assure Michel Onfray. D'après lui, il y a deux Éric Zemmour : il y a celui qui fait des constats, auxquels je souscris, et celui qui va faire des propositions. On verra notamment économiquement ce qu'il propose, ça m'intéresse de savoir s'il veut que les gens travaillent 70 heures par semaine en étant taillables et corvéables à merci". Si Éric Zemmour n'est pas officiellement candidat aujourd'hui, "tout montre aujourd'hui qu'il est en train de faire le nécessaire pour le devenir !, estime Michel Onfray. On ne pourra décompter son temps de parole qu'à partir du moment où il annoncera qu'il est candidat", ajoute-t-il.

 

 

Cliquez ici pour écouter "L’invité politique" avec Patrick Roger

Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

L'info en continu
18H
17H
16H
14H
13H
12H
11H
10H
09H
Revenir
au direct

À Suivre
/