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Maurice Berger : "Pour ces jeunes, les policiers sont un clan opposé au leur"

Par La Rédaction

Maurice Berger, pédopsychiatre, était l’invité d’André Bercoff mardi 21 avril sur Sud Radio dans son rendez-vous du 12h-13h, "Bercoff dans tous ses états".

Maurice Berger invité d’André Bercoff dans "Bercoff dans tous ses états” sur Sud Radio. (Photo by GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Devant les scènes d'émeutes dans plusieurs quartiers sensibles de Villeneuve-les-Garenne, Asnières, Strasbourg ou encore Toulouse, le pédopsychiatre tente de se détacher de sa position du citoyen, "être en colère, se sentir impuissant et regarder l'argent qui part en l'air". Il endosse sa blouse de médecin pour "essayer de comprendre ce qu'il y a derrière, pour éviter qu'il y ait des victimes en plus". Attention, hors de question "d'excuser" ces jeunes. "On ne doit jamais pardonner, quand on excuse, ils l'entendent comme s'il ne s'était rien passé", précise-t-il.

 

De la violence gratuite

Pour que les choses soient claires, le pédopsychiatre souhaite avant tout définir ce genre de violences qui rythment les soirées depuis ce week-end, mais aussi depuis plusieurs années. "C'est une violence gratuite, une violence qui n'a pas pour but de voler, ce que la police appelle la violence crapuleuse qui a pour but de détruire, d'attaquer", définit-il. "Dans ces phénomènes qu'on voit actuellement et qui deviennent de plus en plus chroniques, il y a une aggravation dans leur manière d'agir", souligne Maurice Berger.

Le pédopsychiatre remarque que pour "chaque acte de violence gratuite, il y a un déchaînement plus fort". "Parfois, c'est un jeu à mort réel", insiste-t-il. Une posture inquiétante mais qui varie selon la forme de la violence. "Il y a deux domaines différents", présente Maurice Berger. "Un jeune qui attaque seul ou à deux pour un regard de travers ou une cigarette refusée", c'est de la violence "individuelle", pour le docteur qui indique que "la personne est prise par une impulsivité qui déborde". À l'opposé, il y a "la violence groupale, où il y a de la jubilation". Ces scènes "anticipées", où des conteneurs enflammés sont censés attirer la police vers le groupe d'assaillant pour mieux les attaquer sur un terrain choisi, et souvent en pleine nuit.

 

Un clan contre un autre

Ces affrontements entre policiers et émeutiers relèveraient alors davantage d'une guerre de groupes que de revendications particulières. "Ces jeunes ont une identité groupale dans leur famille et dans leur quartier", estime le pédopsychiatre qui note pour que pour une bonne partie de ces jeunes, "les policiers sont un clan opposé au leur, ils ne voient jamais les policiers comme des personnes qui sont là pour nous protéger. C'est un clan contre un autre".

Maurice Berger rapporte que les éducateurs avec lesquels il travaille sont "pour 80% d'origine maghrébine et issues de ces quartiers où on n'est pas très riche". Une preuve pour le pédopshychiatre que "ce n'est pas la précarité" qui est en jeu. "On naît dans une famille avant de naître dans un quartier", pense-t-il, déplorant le discours politique qui "surfe sur les ségrégations, la ghettoïsation, la précarité". "Les familles de ces jeunes, on peut leur donner 3.000 euros par mois, elles n'auront pas plus de capacités éducatives pour autant", remarque-t-il.

 

Cliquez ici pour écouter l’invité d’André Bercoff dans son intégralité en podcast.

Retrouvez André Bercoff et ses invités du lundi au vendredi sur Sud Radio, à partir de midi. Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !

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