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Lubrizol - "Imaginez que vous vivez 3 jours dans une station-essence !"

Par Augustin Moriaux et

Alors que le préfet cherche à tempérer les ardeurs en évoquant "un état habituel de la qualité de l'air à Rouen", la colère se mêle à l'inquiétude chez les habitants de la ville et ses alentours. Beaucoup envisagent de porter plainte, convaincus de la toxicité de l'incendie et surtout victimes directes de l'odeur de "station-essence" subie 3 jours durant. Habitants comme avocats témoignent pour Sud Radio, tout comme Véronique Bérégovoy qui parle d'une "minimisation de la catastrophe".

Incendie de l'usine Lubrizol à Rouen le 26 septembre.

Reportage de Clément Bargain pour Sud Radio à Rouen.

 

Les habitants sont plus que jamais remontés et les plaintes se multiplient malgré les propos se voulant rassurants du préfet de Normandie. Ce dernier, Pierre-André Durand, expliquait ce samedi 28 septembre que "les résultats d'analyses de l'air réalisées après le spectaculaire incendie de l'usine Lubrizol, classée Seveso, démontrent un état habituel de la qualité de l'air à Rouen" tout en confessant la présence "d'une odeur persistante qui est anxiogène." 

Des policiers en arrêt maladie pour nausées et vertiges, des oiseaux qui tombent du ciel dans des flaques huileuses. Des galettes d’hydrocarbures dans les eaux de la Seine, des traces de suie, le gel des récoltes. La liste est plus qu'exhaustive et inquiète les Rouennais et habitants des alentours dont la riposte juridique se prépare…

De nombreuses personnes saisissent le Parquet de Rouen qui a d’ailleurs élargi l’enquête à la "mise en danger d’autrui". Parmi ces citoyens en colère, Christophe vit à Forges-les-Eaux, à une quarantaine de kilomètres de l’usine…

"Je suis un couillon comme vous et moi qui paie ses impôts et qui estime que quand on vient polluer chez lui, ses enfants, son jardin, ses animaux, c'est mon devoir de citoyen d'aller porter plainte." Christophe, habitant de Forges-les-Eaux

Et d'ajouter, particulièrement remonté, qu'il "ne faut pas oublier que nos animaux ont bouffé, le temps d'une journée au moins, une pluie d'hydrocarbures. J'espère aussi que cette boîte (Lubrizol, n.d.l.r) qui a pollué plusieurs fois sera enfin condamné à sa juste valeur."

 

Les avocats submergés par une vague de citoyens angoissés

Depuis jeudi, les avocats doivent faire face à une avalanche de sollicitations d'habitants inquiets qui veulent saisir la justice pour "pollution" et "mise en danger d’autrui". Parmi ceux-ci, Jonas Haddad témoigne pour Sud Radio :

"On rencontre des forces de l'ordre, des riverains, des chauffeurs de bus, des agriculteurs dont les récoltes sont inutilisables." Jonas Haddad, avocat à Rouen

Une colère que celui-ci comprend parfaitement et soutient : "il faut se mettre à leur place, ils ont subi des odeurs insupportables pendant 3 jours. Imaginez que vous vivez 3 jours dans une station-essence, parce que c'est ça qu'ils ont vécu !"

 

 

"Il y a un manque de transparence total et une minimisation de la catastrophe" : l'interview de Véronique Bérégovoy

Véronique Bérégovoy, secrétaire générale EELV Normandie, était l’invitée de Patrick Roger le 30 septembre 2019 dans l’émission "C’est à la une" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10.

"C'est une grave crise sanitaire"

"Je crois qu’il y a un problème depuis la catastrophe industrielle qui a eu lieu à Lubrizol. Il y a un manque de transparence total et une minimisation de la catastrophe. Je trouve cela extrêmement grave.

Heureusement, il n’y a pas eu de victimes. Mais c’est une grave crise sanitaire, même par rapport aux critères de l’OMS. Ce qui a explosé est une usine Seveso avec une multitude de substances toxiques à base d’hydrocarbures. Avec tous les produits chimiques qu’il y avait, plus les 8.000 mètres carrés d’amiante dans la toiture : c’est cancérogène, ni plus ni moins. Ce qui s’est déversé dans l’air est absolument hallucinant", a déclaré Véronique Bérégovoy.

 

"On ne va pas le ressentir tout de suite"

"On souhaite savoir ce qui a été analysé. L’analyse de la suie doit arriver aujourd'hui. Nous demandons par ailleurs un suivi médical de toutes les personnes qui ont été concernées, mais aussi un suivi sanitaire de la faune et de la flore. Car cela va être une crise à moyen et long terme. On ne va pas le ressentir tout de suite. C’est pour cela qu’il faut qu’on sache ce qui a brûlé.

Ils ont nettoyé les écoles. Je ne sais pas comment s’est organisé le nettoyage. Car le nettoyage de produits toxiques, ça ne se fait pas comme ça, on ne peut pas décider : 'tiens on passe un coup de balai', ce sont des professionnels. J’imagine qu’il ne devait pas y en avoir trop", a poursuivi Véronique Bérégovoy.

S’agissant de la venue au conseil communautaire attendue le lundi 30 septembre 2019 du préfet de Seine-Maritime, Véronique Bérégovoy a déclaré : "ce sont les élus écologistes qui ont demandé à ce que le préfet soit présent. J’espère qu’il va nous apporter quelques éléments supplémentaires. Mais on en doute, vu comment ils minimisent le risque, notamment en diffusant les bons résultats des mesures de la qualité de l’air".

 

Cliquez ici pour écouter "C'est à la une" avec Patrick Roger

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