Pour en parler, André Bourgeot, directeur de recherche émérite au laboratoire d’anthropologie sociale du CNRS, spécialiste de l’espace saharo-saëlien et le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission française militaire auprès de l’ONU, étaient les invités d'Arthur de Laborde le 10 août 2020 dans "Sud Radio Midi", à retrouver du lundi au vendredi à 12h10.
"Ces groupes visent des attentats et des actions particulièrement spectaculaires"
"Cet attentat était manifestement ciblé sur ce groupe de Français. Même s’il n’est pas revendiqué, on peut émettre certaines hypothèses. C’est un mode opératoire assez classique chez les groupes armés salafistes.
Par-delà le mode opératoire, c’est aussi l’intention qu’il y a derrière. Ces groupes visent des attentats et des actions particulièrement spectaculaires. C’est une des raisons de leur vie et de leur survie en tant que groupe terroriste. Cela ne peut que susciter des interrogations, l’émotion et puis bien sûr la peur. C’est leur objectif. Je pense qu’on ne peut pas dissocier ces deux aspects-là. Comme disait Amadou Koufa au Mali, il faut susciter le spectacle. Cela fait partie de leur communication", a expliqué André Bourgeot, directeur de recherche émérite au laboratoire d’anthropologie sociale du CNRS, spécialiste de l’espace saharo-saëlien.
"Je pense que l’ONG en question n’avait pas pour mission de surveiller les girafes"
"Vous savez, il ne se passe pas grand-chose avant qu’il se passe quelque chose. C’est une zone déconseillée, donc il est conseillé de ne pas y aller. Ensuite, il faut bien voir que l’attentat n’a pas eu lieu dans la zone des trois frontières, où est basée la force Barkhane. La force Barkhane est en train d’agir fortement depuis six mois dans la zone des trois frontières, et naturellement, ailleurs on tend les bras aux djihadistes pour qu’ils commettent leurs exactions. Chacun doit faire son travail : la force Barkhane doit poursuivre les djihadistes, et les Occidentaux, quels qu’ils soient dans la région, ne doivent pas offrir une occasion aux djihadistes de monter une opération comme celle-là. Ils ont été capables de dire : regardez, nous sommes capables d’agir malgré la présence des forces françaises. C’est très dommage.
Il faut bien sûr revoir la dangerosité de cette zone. Mais le problème, c’est que les gens lisent entre les lignes. Si on leur dit : cette zone est orange, ils se disent : c’est bon, c’est pas rouge. Je pense que l’ONG en question n’avait pas pour mission de surveiller les girafes. Je crois que c’était vraiment une erreur. C’est certes difficile pour les expatriés à Niamey, mais ils sont dans une zone dangereuse, et il faut prendre en considération le danger que ça représente", a déclaré le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission française militaire auprès de l’ONU.
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