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Le regard libre d'Élisabeth Lévy : "Nous ne pouvons pas effacer nos torts envers les harkis. Mais nous pouvons payer notre dette"

Élisabeth Lévy évoque aujourd'hui l'appel de Julien Aubert et d'une trentaine de députés LR en faveur des harkis.

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

Élisabeth Lévy évoque aujourd'hui l'appel de Julien Aubert et d'une trentaine de députés LR en faveur des harkis

On répète souvent le rituellement que la France ne regarde pas son passé. En réalité, nous évoquons nos crimes avec une sorte de délectation. Et bien sûr, nous en avons commis. Comme toutes les nations du monde. 

Cette propension à l’autoflagellation/repentance est souvent excessive, voire souvent marquée par l’anachronisme (on juge les crimes du passé avec les yeux d’aujourd’hui). Il n’empêche, cette capacité à la conscience critique est la grandeur de l’Occident.

Or, s’il est une page noire de notre histoire, c’est l’abandon des harkis, ces musulmans algériens qui combattaient avec l’armée française. Après les accords d’Evian du 19 mars 1962, 40.000 à 60.000 ont été massacrés. Environ 40.000 ont été rapatriés en France grâce à des militaires qui désobéissaient aux ordres, installés dans des camps d’hébergement insalubres, dans le Larzac, à Rivesaltes. Nous avons mieux traité nos anciens ennemis et leurs descendants que nos alliés.

Certes, il y a déjà eu des actes de reconnaissance avec des indemnisations. Cependant, les harkis restent les parents pauvres de la mémoire. 

C’est ce que dénonce Julien Aubert. Le 19 mars prochain, ce sera le 60ème anniversaire des accords d’Evian. Il suggère à Macron d’accorder aux harkis une indemnisation spéciale pour les conditions indignes de leur accueil. Et il a raison. 

En somme, il y a une bonne et une mauvaise repentance ? 

D’abord, regarder en face la vérité historique est toujours bon. Ensuite, Emmanuel Macron a un lourd passif. Pendant la campagne il a expliqué que la colonisation a été un crime contre l’humanité. Allez dire ça aux pères blancs, aux pieds-noirs qui ont cultivé la terre, construit des routes, des hôpitaux.

Comme le dit Julien Aubert, la reconnaissance de nos torts sélective et unilatérale. Sélective car le rapport Stora passe sous silence ou minimise les crimes du FLN. Et unilatérale car le gouvernement algérien continue à servir à son peuple une histoire ripolinée. 

En s’agissant des harkis pas d’anachronisme. Abandonner ses frères d’armes c’est un crime à toutes les époques. Les victimes de cette trahison ou leurs descendants directs sont encore en vie. Nous ne pouvons pas effacer nos torts envers eux. Mais nous pouvons payer notre dette.

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