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Le regard libre d'Elisabeth Lévy - "Le gouvernement peut nous empêcher de nous promener, mais pas de penser"

Le Président, le Premier ministre et la porte-parole du gouvernement s'adonnent à la même rengaine : ce n'est pas de notre faute mais celle du peuple et des médias". Pendant ce temps, la démocratie continuait dimanche dernier. Alors pourquoi s'arrêter de débattre en ces temps de confinement ?

Le regard libre d'Elisabeth Lévy

Retrouvez le regard libre d'Elisabeth Lévy chaque matin à 8h15 sur sudradio.fr.

J'en ai assez des sermons du gouvernement. 

Sous couvert d’union sacrée et de grande guerre patriotique et mondiale contre le COVID-19, cela fait une semaine que le président de la République, le Premier ministre et même Sibeth Ndiaye s’adressent à nous comme des professeurs à des élèves - je dirais même des élèves de maternelle. Macron et Castaner sont plutôt les profs papas, et Philippe la peau de vache. Cependant, hier, on a eu droit à des bons points. Si on est des confinés modèles, on recevra peut-être des images. 

Je plaisante, mais il faut bien que les consignes soient appliquées. 

Bien entendu. Mais on peut nous parler comme à des adultes. Et heureusement, toute la France plaisante. 

Les leçons de maintien du pouvoir sont d’autant plus agaçantes qu’elles vont de pair avec le refus d’un attribut essentiel du pouvoir : la responsabilité. Leur nouvelle antienne* : le "ce n’est pas de ma faute". S’il y a eu des ratés dans la gestion de cette crise, c’est la faute des scientifiques, des journalistes, et bien sûr des Français. 

Embarrassé par les déclarations de Buzyn au Monde, Edouard Philippe justifie le maintien des municipales : en effet, un certain nombre de scientifiques affirmaient qu’il s’agissait d’une grippe. Peut-être mais il a choisi d’écouter ceux-là. J’aurais fait pareil. 

Il est trop tôt pour dire que c’était une erreur, admettons. 

En revanche, impossible de ne pas voir que l’exécutif a pris un virage brutal, ce qui suggère - par définition - qu’il a été tardif. Entre le 24 janvier (date du 1er cas en France), et le 12 mars (première intervention de Macron), tout allait bien, on n’allait fermer ni les écoles, ni les bistrots, ni les frontières. Imposer des restrictions aux Chinois, c’était du racisme. Aujourd’hui, le Premier ministre veut refuser l’accès au territoire français aux Britanniques qui n’appliquent pas le confinement.  

Or, que nous dit Sibeth Ndiaye sur le plateau virtuel de C à vous ? Que pendant tout ce temps, l’exécutif prenait des décisions, mais collectivement les médias et les partis n’étaient pas convaincus de la catastrophe qui arrivait. D’abord c’est faux. Et puis depuis quand le boulot de l’exécutif est-il de suivre l’opinion des médias ? 

Toutes ces polémiques ne devraient-elles pas attendre la fin de l’épidémie ?   

En somme, on s’exécute et on se la ferme ? Moi j’écoute le Premier ministre : la démocratie continue. Alors la contestation et la critique aussi. Le gouvernement peut nous interdire de nous promener, de voir nos semblables et de nous payer des escarpins. Mais il ne va pas nous empêcher de penser surtout quand nous n’avons que ça à faire.

 

*antienne : synonyme de "rengaine", "chanson"

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