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Le regard libre d'Élisabeth Lévy - La bonne soeur, le voile et la maison de retraite

Une religieuse catholique n’a pu intégrer une maison de retraite en raison de son voile. La laïcité est une fois de plus chamboulée et débattue. De quoi faire réagir notre éditorialiste Élisabeth Lévy.

Le regard libre d' Élisabeth Levy

Retrouvez "Le regard libre d'Élisabeth Lévy" du lundi au vendredi à 8h10 sur sudradio.fr

"Dans les colonnes du Parisien, on a appris qu'une bonne sœur de 70 ans  voulait quitter son couvent dans la Drôme et prendre une retraite méritée dans sa Haute-Saône natale. Elle avait trouvé une place au Foyer logement géré par les services sociaux de Vesoul. Alors, on lui a précisé par courrier que, «dans le respect de la laïcité, tout signe ostentatoire d'appartenance à une communauté religieuse ne pouvait être accepté en vue d'assurer la sérénité de toutes et de tous». Elle n’a pas voulu renoncer à l’habit et au voile qu’elle porte depuis le jour où elle a prononcé ses vœux. Elle a donc emménagé dans un appartement trouvé par la paroisse (ce qui est tout de suite plus solitaire).

Ce refus n’a pas plu au curé. Dans le bulletin paroissial de Notre Dame de la Motte de novembre, le père Florent Belin écrit : «  On nous rabâche les oreilles avec des principes de laïcité qui ne sont pas compris. De vieux démons, des craintes mal gérées bloquent des situations. »  Observant que tout le monde a crié au scandale pour la mère voilée de Besançon, il ajoute : « Notre religieuse, elle, a dû se résoudre à trouver un autre appartement ! » Sur les réseaux sociaux, certains hurlent à la cathophobie." 

 

Peut-on comprendre ce choix ?

"Oui, comme on peut comprendre que la dame voilée n’ait pas envie d’ôter son voile. Ça ne signifie pas qu’ils ont raison. Mais on ne refuse pas le terme "islamophobie" pour accepter celui de "cathophobie". 

La règle doit être la même pour tous. Comme pour la crèche Baby Loup, il n'est pas scandaleux qu’une institution qui accueille des usagers de toutes origines et confessions leur demande une certaine discrétion. 

Pour autant, il n'y a pas d’équivalence entre le voile islamique et celui de la bonne sœur. Le voile de la bonne sœur ne véhicule jamais un message politique. Il n’est pas porté par des ennemis de la France. Et il est inscrit dans nos mœurs depuis des lustres. Oui, nous sommes un pays laïque aux racines chrétiennes. 

Même si avec 6 % de cathos pratiquants, nous sommes selon Fourquet au « stade final de la déchristianisation », le catholicisme n’est pas une religion minoritaire parmi d’autres, mais le substrat culturel majoritaire. "L’âme de la France", disait Manuel Valls après les attentats déjoués contre des églises. En conséquence, les cathos auraient tort d’entrer dans la compétition victimaire."

Donc, les catholiques exagèrent quand ils se disent mal-aimés ?

"Non. Car il y a un deux poids deux mesures évident. Notamment sur le silence de l’extrême gauche qui hurlait à l’islamophobie. Où sont Mélenchon, Caroline de Haas, Danièle Obono et Martinez ? Visiblement, une catholique voilée est moins digne de leur compassion qu’une musulmane. Pour eux, la première représente les dominants, la deuxième les nouveaux damnés de la terre, victimes de nos crimes. Encore une preuve qu’ils ne défendent pas le vivre-ensemble ou la tolérance. Par anti-occidentalisme primaire, ils sont devenus les alliés objectifs de l’islamisme."

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