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Le regard libre d'Élisabeth Lévy - "Il y a un an, on parlait beaucoup d'infantilisation, certes, mais nous nous comportons souvent comme des enfants"

Un an après le début du confinement en France, Élisabeth Lévy a fait par de ses souvenirs, alors que le pays pourrait de nouveau être reconfiné face au fort taux d'hospitalisations dans certaines régions.

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

Un an après le début du confinement en France, Élisabeth Lévy a fait par de ses souvenirs, alors que le pays pourrait de nouveau être reconfiné face au fort taux d'hospitalisations dans certaines régions.

J'ai été triplement privilégiée. Je n'au eu aucun décès, ni aucune personne en réanimation dans mon entourage. J'ai été épargnée par cette expérience atroce d’un proche qui meurt seul. 

L'information ayant été décrétée essentielle par le Président, je pouvais travailler normalement, et me déplacer sans cette attestation que j’ai très vite appelée Ausweis

Et je n'ai eu aucune perte de revenu. 

C'était plutôt une expérience anthropologique intime et collective. 

Qu’en avez-vous retiré individuellement ? 

Une certaine déception, un goût d’occasion manquée. Le confinement nous offrait ce qui nous manque : du temps. Il allait être l’occasion de relire Balzac, d’apprendre des poèmes et de se mettre au russe. Rappelez-vous ces grands esprits qui nous enjoignaient de nous reconnecter avec notre moi profond.  Nous nous sommes surtout connectés à Zoom, à Netflix, et à tous ces territoires numériques devenus les substituts de l’espace physique (Ayyam Sureau : nos doigts ont remplacé nos jambes). Je n’ai pas relu Balzac (pas autant que je le croyais), pas appris Phèdre par cœur et pas écrit de roman. 

L'importance de ce dont nous étions privés. Le contact physique en particulier la poignée de mains. La liberté de mouvement. Mais il nous a fait ressentir l’excitation de la transgression et de la clandestinité. Les rencontres et sorties à la barbe de la maréchaussée. 

Malgré tout, je retiens une certaine suspension du vacarme. La beauté du silence et des villes sans embouteillages. La place de la concorde au petit matin. Les rues sans touristes. Les longues conversations qui n’étaient plus hachées par "il faut que je j’y aille". Et les innombrables fous rires provoqués par le burlesque de certaines mesures.  

Et qu’avez-vous appris sur notre société ? 

Quelque chose de pas très glorieux. Nous nous sommes abondamment félicités de notre résilience, nous nous sommes réjouis de nous voir applaudir les soignants (rituel bidon que j’ai pour ma part détesté). "prenez soin de vous" et "restez chez vous" devenus des slogans. Mais derrière ces effusions, il a eu ce chacun pour soi et une peur généralisée. 

Je retiens aussi l'intrusion permanente et souvent stupide de l’Etat. On parlait beaucoup d'infantilisation, certes, mais nous nous comportons souvent comme des enfants. Nous attendons tout de l’Etat. Nous sommes en guerre a dit le Président. Pas sûr que nous serions encore capables de supporter une vraie guerre. Mais promis, pendant le prochain confinement j’apprends le russe. 

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