Le New York Times a annoncé hier un changement de sa politique typographique. Le mot “Black” prendra désormais une majuscule mais pas le mot “white”.
“Toute langue est fasciste”, disait Roland Barthes. “La langue est sexiste” disent les féministes. Au New York Times, on pense carrément que toute langue est raciste.
Dean et Phil - c’est de ces patronymes qu’ils signent leur message - ont donc adressé hier un mail à tous les collaborateurs du journal.
“Notre couverture des manifestations contre le racisme et les violences policières a relancé un vieux débat : Faut-il mettre une majuscule à Black ?”
Réponse : quand le mot “black” est utilisé pour décrire les personnes et les cultures d’origine africaine, il faudra mettre une majuscule. Comme pour les Native américains. Asian American et Latino avaient déjà droit à leur majuscule. Cela traduit notre volonté de respecter tous les gens et toutes les communautés.
Et les Blancs gardent leur minuscule ?
Oui, ils sont les seuls dans ce cas. Et pour deux raisons :
- On a moins l’impression que « blanc » décrit une culture et une histoire communes.
- Les suprématistes utilisent le “White”. Une raison suffisante pour l’éviter ? N’oublions pas que “Black” est également utilisé par des extrémistes noirs.
C’est anecdotique, non ?
Non. Il s’agit d’inscrire des rapports de force dans la langue. La fin du prétendu privilège blanc ne suffit pas. Il y aura désormais un privilège noir. À l’université de Cambridge,le tweet d’une spécialiste des études postcoloniales: « les vies des Blancs ne comptent pas » n’a non seulement pas été sanctionné, mais cette femme fut promue. Les exemples similaires fourmillent.
Mais en France, est-on loin de tout ça ?
Les vols transatlantiques sont certes suspendus mais les idées voyagent très vite. La French Theory nous revient des campus US et influence les militants de la cause noire. Le sabir inclusif est désormais utilisée à Normale sup’ ! Le terme “racisé” est très significatif. Si vous n’êtes pas racisé, vous êtes… raciste.
Chez nous, c’est un peu plus soft. Plus caché. Tout le monde veut des femmes à afficher, tout le monde veut des Noirs. Le gouvernement veut inciter les maires à donner des noms de combattants africains à des rues. En soi, très bien. Mais pour rebaptiser, il faut débaptiser. Et s’il n’y a pas assez de Noirs et d’Arabes dans nos rues, c’est qu’il y a trop de Blancs ? L’avenir du mâle blanc n’est pas très souriant.
Les nouveaux antiracistes introduisent en France une division raciale jusque-là inconnue. Ils ne veulent ni la justice ni la paix. Ils veulent une revanche de l’Histoire.