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Le don d'organes, une pratique encore trop méconnue en France

Par Benjamin Jeanjean

Reportage Sud Radio. Alors que la barre des 6 000 greffes par an a été dépassée pour la première fois en France, la pratique suscite parfois certaines incompréhensions, alors même qu’elle sauve de nombreuses vies.

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"C’est une rallonge, une rallonge de vie". Le 1er novembre 2017, Sébastien s’est fait greffer un nouveau cœur, lui qui vivait depuis 13 ans avec un défibrillateur implanté sous la peau. Mais l’arrêt cardiaque qu’il a subi en octobre, l’a obligé à avoir recours à une greffe. "J’ai été évacué par le Samu à l’hôpital. Là, j’ai été traité, et quelques jours plus tard on m’a proposé de me transplanter, de me faire une greffe de cœur puisque mon cœur n’était plus en état de fonctionner normalement, tout seul, sans assistance", raconte-t-il au micro de Sud Radio.

Un processus compliqué sur le plan physique mais aussi mental, selon lui. "Il faut intégrer cet organe. Même s’il n’est pas natif, il faut l’accepter comme tel et faire en sorte qu’il devienne le vôtre. Si vous regardez dans votre dossier, en tant que receveur vous êtes un numéro, et le donneur est également un numéro. C’est très bien comme ça : personne ne peut savoir d’où il vient, et à qui il est donné", affirme-t-il avant de se réjouir des conséquences aujourd’hui de ses plusieurs mois de rééducation intensive. "Je vis – et j’insiste là-dessus – vraiment normalement. Je n’ai quasiment aucune restriction alimentaire. Je fais ce que je veux quand je veux, je refais du sport, je travaille, je profite de la vie...", assure-t-il.

"Pour un prélèvement, il peut y avoir 20 ou 30 personnes mobilisées"

À l’occasion de la 18ème Journée nationale de réflexion sur le don d’organes et de tissus, le professeur Olivier Bastien, responsable du prélèvement à l'Agence de biomédecine, déplore malgré tout une certaine incompréhension du grand public vis-à-vis du don d’organes, un public qu’il faut rassurer et sensibiliser selon lui. "Une partie de l’opposition est liée à une méconnaissance du processus et au fait que certaines personnes confondent le prélèvement d’organes, un geste chirurgical effectué au bloc opératoire avec une cicatrice comme pour une opération, et une procédure d’autopsie ou de don du corps à la science, qui n’a rien à voir. S’il y a un don, il est de la responsabilité des coordinations hospitalières de restituer le corps selon les désirs de la famille, avec des cicatrices, des pansements, et éventuellement des prothèses de façon à ce que l’apparence du corps soit totalement préservée et conforme aux volontés de la famille", rappelle-t-il.

Pour ce médecin, une procédure de don d’organe est loin d’être prise à la légère par le personnel hospitalier. "Tous les maillons de l’hôpital sont mis sous tension. Pour réaliser l’évaluation des organes qui vont être prélevés, on fait beaucoup d’examens complémentaires : des examens d’imagerie, de scanner, de biologie, de biopsie… Au moment d’un prélèvement, il peut y avoir 20 ou 30 personnes mobilisées. C’est une chaîne tout à fait exemplaire de solidarité et de fraternité. Plus de 57 000 personnes vivent actuellement en France avec un greffon fonctionnel, et nous avons dépassé le cap des 6000 greffes dans l’année", souligne-t-il.

Un reportage de Clément Bargain

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