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La Marche des fiertés, quarante ans de combats 

Par Benjamin Rieth avec AFP

La Gay pride parisienne fête son quarantième anniversaire samedi. Depuis 1977, cette manifestation met en avant le combat des lesbiennes, gay, bis et trans.

woke lgbt
Les centres LGBT confrontés à l'entrisme de militants ultras, plus woke que LGBT. (Lionel Bonaventure AFP)

La 40e édition de la Marche des fiertés se tient samedi à Paris à partir de 14h. Cette année, le mot d’ordre : "PMA sans condition ni restriction". Le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) doit rendre mardi prochain son avis sur ce sujet sensible après quatre ans et demi de réflexion. Aujourd’hui, la procréation médicalement assistée est uniquement accessible aux couples hétérosexuels. Néanmoins, durant la campagne, Emmanuel Macron s'était dit "favorable" à son ouverture "aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires" et les manifestants comptent bien lui rappeler. 

L'homosexualité, une maladie mentale jusqu'en 1981 en France

Ce combat des personnes LGBT est la suite de quarante ans de luttes, portées notamment lors des défilés de la Gay pride. En 1977, pour la première Marche des fiertés parisiennes, les manifestants avaient ainsi défilé contre la pénalisation de l’homosexualité. C’est aussi cette histoire que les participants veulent rappeler samedi à travers leur slogan : "1977-2017: 40 ans de marche, 40 ans de luttes". L'affiche anniversaire annonce la manifestation de samedi d'un poing fermé posé sur un parterre arc-en-ciel, et résume quatre décennies de "mouvement pour réclamer des droits", et les "consolider", explique Clémence Zamora-Cruz, porte-parole de l'Inter-LGBT, l'association organisatrice. 

"La première fois que je suis allé dans une boîte de nuit gay, à un moment, toutes les lumières se sont allumées. La police est entrée. On a commencé à nous fouiller, à nous traiter comme des sous-hommes", se souvient Jean-Luc Romero, 57 ans, le premier élu français à avoir rendu publique son homosexualité. Des groupes homophobes sortaient pour "casser du pédé", "j'ai été frappé dans la rue à Toulon, où je vivais, puis à Paris, par des gens qui m'avaient repéré", se remémore Richard, la soixantaine. Jusqu'en 1981, l'homosexualité était considérée comme une maladie mentale en France. Les actes "impudiques ou contre nature" ne cessèrent qu'en 1982 d'être passibles d'emprisonnement. 

La lutte contre le Sida

Avec la dépénalisation de l'homosexualité, le décor change, les mentalités évoluent. À Paris, les boîtes de nuit ouvrent en pagaille. "C'était les années Palace", du nom de ce bar légendaire dans la communauté LGBT, "avec des fêtes énormes, très drôles", se souvient Michel, actuel patron d'un bar gay réputé. Au début du premier septennat de François Mitterrand, "on parlait de sept ans de bonheur" à venir, sourit Jean-Luc Romero. "Mais après, le sida nous est tombé dessus".

Véritable drame dans la communauté LGBT, les morts se comptent par milliers. La "maladie honteuse", qui décime particulièrement les homosexuels, sert de déclencheur à de nouvelles revendications. "Dans les années 1970, on voulait un droit à la différence. Avec le sida, on a pris conscience que quand l'un mourait, l'autre était mis à la porte. C'est là qu'on a commencé à parler du Pacs", remarque Jean-Luc Romero, qui dans son livre "SurVivant" raconte ses "trente ans" avec le virus.

Pacs puis mariage pour tous

Le pacte civil de solidarité, union civile accessible aux personnes de même sexe, voté en 1999, marque une nouvelle étape dans ce combat avant l’adoption du mariage pour tous en 2013 dans une ambiance houleuse. "Avant, il y avait une homophobie d'État", observe Yohann Roszewitch, conseiller de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme, et la haine anti-LGBT. "Cette année, pour la première fois, l'Etat est partenaire de la Marche des fiertés", se félicite-t-il.

Plus d'acceptation, d'intégration. Dans les grandes villes, des jeunes de même sexe se tiennent désormais librement la main, s'embrassent. Le mariage pour tous est mieux accepté. Ce qui n'empêche une augmentation de 20% des actes homophobes en 2016, selon l'association SOS homophobie. "Les rétrogrades sont toujours là", harangue Clémence Zamora-Cruz, de l'Inter-LGBT. "Notre mouvement doit continuer à se mobiliser".

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