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Julien Denormandie : "Qu’on impose à mes enfants de ne plus manger de viande, je ne l’accepterai jamais"

Julien Denormandie, ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 27 novembre 2020 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Julien Denormandie interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 27 novembre 2020 à 7h40.

Julien Denormandie : ’"Il faut être très ferme des deux côtés : soutien et sanctions"

La police a été accusée de violences à deux reprises : lors du démantèlement du camp de migrants place de la République à Paris et, surtout, après la diffusion du passage à tabac de Michel, producteur de musique noir, lors d’un contrôle pour port du masque. "Les images de ce pauvre Michel qui s’est fait tabasser sont totalement inqualifiables. C’est une mise à tabac", concède Julien Denormandie qui rappelle que "la justice est saisie" et qu’elle "devra dire exactement ce qui s’est passé". Toutefois, il estime que "les images parlent d’elles-mêmes".

"Il ne faudrait surtout pas que le comportement de certains puisse salir une profession, salir l’uniforme, salir le respect que l’on doit à cette uniforme", juge le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. "Je crois qu’il faut être très ferme, très ferme dans le soutien qu’on a vis-à-vis de nos forces de l’ordre" ainsi que "sur des comportements qui, lorsqu’ils sont inacceptables, doivent tout de suite être sanctionnés".

Les syndicats de police disent que certains policiers sont excédés par le laxisme de la justice. Un argument qui, pour Julien Denormandie, n’explique ni ne justifie rien. "On peut être excédés, ça nous arrive à tous" mais "ça ne justifie en rien des comportements inacceptables". Pour lui, "il faut être très ferme des deux côtés : soutien et sanctions".

 

Filières agricoles : "On continuera à soutenir autant que nécessaire, parce que ce sont des victimes collatérales"

Les restaurateurs ne devraient pas ouvrir avant mi-janvier, contrairement aux commerces qui rouvrent le 28 novembre 2020. Julien Denormandie souligne que le ministère mesure "de manière très précise" l’impact de ces fermetures sur toute la chaîne de production "pour justement apporter les aides". "C’est sur des filières particulières qui sont consommées particulièrement dans les restaurants" que la situation est difficile, souligne le ministre. "On le voit dans le vin", explique-t-il, "le secteur de la pêche" ainsi qu’au niveau "d’un certain type de viande qu’on consomme plus au restaurant que chez soi".

Pour la filière viticole, le gouvernement a prévu un plan de "250 millions d’euros", souligne le ministre, qui est en phase de finalisation. Mais les solutions sont complexes : "on fait soit des mesures de stockagesoit de distillation" parce que "sinon les marchés s’effondrent". "On continuera à soutenir autant que nécessaire, parce que ce sont des victimes collatérales."

La filière horticole attendait toujours son plan d’aide. "On l’a conclu mardi dernier", affirme le ministre. "L’aide est désormais opérationnelle et commence à être déboursée."

 

Année de la gastronomie : "C’est une mise en valeur de cette partie de notre identité qui est la gastronomie et de ce savoir-faire"

Lors de sa conférence de presse du 26 novembre 2020, Jean Castex a annoncé vouloir faire de 2021 l’année de la gastronomie française, une annonce qui est mal passée auprès des restaurateurs toujours fermés. "C’est une mise en valeur de cette partie de notre identité qui est la gastronomie et de ce savoir-faire", explique le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation. "Si l’année 2021 peut être une année où il y a plus de lumière que le côté sombre de l’année 2020, on en sera tous heureux."

"Chaque année, on fait dans les écoles la semaine du goût, c’est fabuleux. souligne Julien Denormandie. C'est l'enseignement de comment cette alimentation impacte sur notre santé, notre éveil des sens. Que cette gastronomie puisse être enseignée dès le plus jeune âge, c’est quelque chose qu’il nous faut pousser."

 

"Qu’on impose à mes enfants de ne plus manger de viande, ça je ne l’accepte pas et je ne l’accepterai jamais"

Certaines universités britanniques, comme la prestigieuse Oxford, a interdit la viande dans les menus de la cantine. Pour certains observateurs, la tendance pourrait s’importer en France également. "Je ne suis personne pour imposer un menu à quiconque, et encore plus des étudiants. Si des étudiants décident de devenir végétariens, c’est leur plus grand droit", estime le ministre. Toutefois, "que moi on m’impose, ou qu’on impose à mes enfants de ne plus manger de viande, ça je ne l’accepte pas et je ne l’accepterai jamais". "Je donne à mes enfants de la viande, je l’assume, j’en suis fier. Et même, c’est un plaisir gastronomique."

La décision d’interdire la viande est justifiée par l’impact écologique de la production de nourriture animale, supérieur à celui de la production purement végétale. "À la fin, il faut toujours trouver des équilibres : on a des impacts sur le changement climatique dans l’ensemble des actions qu’on fait au jour le jour", souligne Julien Denormandie. "Est-ce que cela doit nous conduire à nous carnivores de ne plus manger de viande ? À l’évidence, je ne le crois pas et je m'y opposerai."

 

Élevages de visons : "On a pris la décision d’euthanasier tous les visons de l’élevage pour ne prendre aucun risque"

Les visons semblent pouvoir transmettre une forme mutée du virus Sars-CoV-2, ce qui a conduit certains pays à éradiquer ces animaux des élevages, une action réalisée en France également après la découverte d’un élevage contaminé. "On a une situation qui est très différente de celle qu’on a tous en tête, celle au Danemark." Le pays a en effet tué l’ensemble de ses visons, soit plus de 15 millions. "Nous en avons 20.000 en France", explique le ministre, ce qui a permis de mettre en place "un suivi élevage par élevage", d’autant plus qu’il n’y a que quatre élevages en France. Après la découverte de cas de Covid dans un des élevages, "on a pris la décision d’euthanasier tous les visons de l’élevage, évidemment pour ne prendre aucun risque. Évidemment les éleveurs seront indemnisés", ajoute-t-il.

Il précise néanmoins que sur les trois autres élevages, deux sont définitivement sans risque, le troisième, dans l'Orne, qui est également le plus grand, étant toujours en attente des résultats définitifs des tests. Par ailleurs, Julien Denormandie tient à préciser que "l'autorité sanitaire qui contrôle tout cela nous dit que les animaux domestiques ou sauvages ne participent pas à la progression épidémiologique dans le pays. Ça ne veut pas dire qu'il ne peut pas y avoir des foyers sur une espèce comme le vison ; comme on a identifié à l'international qu'il y avait ce risque sur le vison, nous avons pris toutes ces dispositions sur cette espèce. Mais à part le vison, à l'international, on n'a pas de sujet d'inquiétude".

 

"Un agriculteur est écolo avant même qu'un écolo ne devienne écolo !"

La ministre de la Transition écologique et le Garde des Sceaux souhaitent mettre en place un "délit d'écocide" pour lutter contre la pollution. "Il s'agit de dire que quand il y a des règles, elles doivent être respectées, précise Julien Denormandie. J'ai été auditionné hier au Sénat sur les mesures environnementales qu'on met dans le monde agricole, explique le ministre. Dans les cinq prochaines années, 20 à 30% de tout le comportement de la politique agricole commune, de nos agriculteurs, sera conditionné à des mesures environnementales. Qui, dans sa vie de tous les jours, dans les cinq prochaines années, va changer 20 à 30% de son quotidien en faveur de mesures environnementales ? Les agriculteurs, oui !" s'interroge-t-il.

"Il y a toujours cette petite musique sur 'que font les agriculteurs ?' Mais en réalité, la transition agricole en faveur de l'écologie a commencé avant même que les écologistes ne naissent ! estime-t-il. Un agriculteur est écolo avant même qu'un écolo ne devienne écolo ! Un agriculteur vit de la terre, du sol, de l'environnement ; c'est son trésor !"

 

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