Selon Jean-Michel Constantin, anesthésiste-réanimateur, chef de service à la Pitié-Salpêtrière et secrétaire général adjoint de la Société française d’anesthésie et de réanimation, ces respirateurs pourront tout de même être utilisés en dehors de l'hôpital. Jean-Michel Constantin était l'invité de Patrick Roger le 24 avril 2020 dans l’émission "C’est à la une" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10.
"Ça va être ça ou rien"
Jean-Michel Constantin a tout d’abord expliqué pourquoi la communauté médicale avait décidé de commander ce type de respirateurs. "Effectivement on a validé cette commande. Il faut se remettre dans le contexte : on est mi-mars. Chaque jour on a 200 patients de plus dans les services de réanimation, on sent l’eau qui monte. Et mi-mars on nous propose cette solution : 'on va commander chez Air Liquide, qui fabrique des ventilateurs de réanimation et des ventilateurs de transport, 10.000 ventilateurs'.
Nous, les médecins, on se dit déjà que cela ne permettra pas de ventiler les patients de réanimation, et c’est potentiellement dangereux pour les soignants car c’est un circuit monobranche, c’est-à-dire que l’air qui sort du patient sort dans la pièce. Donc on freine un peu. Dix jours après, le ministère revient vers nous en disant : 'globalement, ça va être ça ou rien'. Alors on se dit : 'si c’est ça ou rien, alors pourquoi pas, avec des règles d’utilisation particulières'.
Ces respirateurs pourront être utilisés pour le transport de malades
"Maintenant ces ventilateurs arrivent alors qu’on est en pleine phase de décroissance. Aujourd’hui j’ai envie de dire : qui était capable le 27 mars de dire on n’en aurait pas besoin ? C’était impossible à prévoir. En plus, ces ventilateurs serviront quand même à quelque chose. Ils serviront pour les SAMU, pour le transport de patients, ils serviront pour le stock du risque NRBC.
Honnêtement, nous n’avons jamais manqué de ventilateurs, même quand on était à 8.000 patients en réanimation en France. On en a toujours eu assez, ça n’a jamais été un facteur bloquant. Après oui, il faut augmenter le parc. Augmentons-le dans l’hypothèse d’une deuxième vague, même si son intensité reste difficile à déterminer. Les modèles disent qu’on n’aura pas de vague plus importante que ce qu’on a eu, cela veut dire qu’on a les stocks", a déclaré Jean-Michel Constantin. Patrick Roger lui a ensuite retorqué que "certains professionnels voyaient le Covid-19 comme une grippette", allégation que Jean-Michel Constantin a démentie. "Quand je parle des modèles je parle des modèles de l’INSERM, qui sont les mêmes que ceux du Royal College de Londres", a expliqué Jean-Michel Constantin, avant de reprendre : "on peut se donner 15 jours ou 3 semaines après le déconfinement pour voir comme ça évolue".
Un seul fabricant de ventilateurs en France
"Air Liquide en a fabriqué 1.500 qui sont parfaitement adaptés à la réanimation. Ce sont ceux qu’on utilise. Après, on a un gros facteur limitant : en France on a un seul fabricant, qui n’est pas le plus grand du monde, loin s’en faut. Les plus grands fabricants de ventilateurs sont l’Allemagne et les États-Unis, et puis la Chine", a fait savoir Jean-Michel Constantin.
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