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Incendie de Marseille: le préfet se défend face à la colère de sinistrés

Une semaine après l'incendie qui a ravagé une soixantaine de bâtiments à Marseille et aux Pennes-Mirabeau, des sinistrés ont ouvertement exprimé leur colère, poussant le préfet à une inhabituelle mise au point dans laquelle il "assume" toutes ses décisions.

Clement MAHOUDEAU - AFP/Archives

Une semaine après l'incendie qui a ravagé une soixantaine de bâtiments à Marseille et aux Pennes-Mirabeau, des sinistrés ont ouvertement exprimé leur colère, poussant le préfet à une inhabituelle mise au point dans laquelle il "assume" toutes ses décisions.

Georges-François Leclerc "tient à réagir à ces mises en cause, qui ne reflètent pas la réalité de l'engagement efficace et héroïque de nos forces d'incendie et de secours. Il assume la totalité des décisions qui ont été prises afin de garantir et surtout de réussir à protéger la population", écrit la préfecture dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi à jeudi.

Les pompiers sont-ils arrivés trop tard dans certains quartiers de Marseille ? L'ordre de confinement était-il tenable, alors que les flammes arrivaient aux portes des maisons ? Ces questions sont revenues en boucle lors d'une réunion houleuse organisée mardi soir par la ville de Marseille à l'Estaque, après cet incendie du 8 juillet qui a parcouru 750 hectares.

Evelyne Mazade par exemple a fini par sortir de chez elle, armée de deux seaux d'eau, pour tenter d'éteindre le feu qui a ravagé son sous-sol.

Chez elle, le feu est arrivé vers 15h45 et les pompiers autour de 18h00. "Et ils venaient de Nice, donc j'ai dû leur montrer où étaient les bornes incendies", a expliqué à l'AFP cette retraitée, qui cherche aujourd'hui à se reloger avec son chien.

"La police et les pompiers ont fait ce qu'ils ont pu mais +en haut+, ça n'a pas été très bien organisé", déplore-t-elle aujourd'hui.

"Il y a beaucoup de colère, les gens sont frustrés parce que le préfet n'était pas présent à cette réunion", explique de son côté Dominique Fortin, présidente du comité de quartier (CIQ) de l'Estaque-Le Marinier.

Le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Georges-François Leclerc, le 13 juin 2025 à Saint-Rémy-de-Provence, dans les Bouches-du-Rhône

Le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Georges-François Leclerc, le 13 juin 2025 à Saint-Rémy-de-Provence, dans les Bouches-du-Rhône

GABRIEL BOUYS - AFP/Archives

Samia Ghali, maire-adjointe de Marseille, qui pilotait cette réunion, confirme que les échanges ont très rapidement tourné sur l'organisation des secours: "La colère des sinistrés est légitime, il s'agit d'essayer de comprendre pourquoi on leur a dit de rester confinés quand il y a le feu devant leur porte", et pourquoi les habitants ont vu arriver des pompiers des Alpes-Maritimes, qui ne connaissent pas ces quartiers escarpés, alors que les marins-pompiers de Marseille, oui", expliquait-elle jeudi à l'AFP.

- "Eviter le pire" -

"C'est la première fois dans l'histoire des feux à Marseille qu'un préfet prend le commandement", regrette l'élue.

Ce mardi 8 juillet, peu avant 11h00, une voiture prend feu sur le bord de l'autoroute aux Pennes-Mirabeau. Face à un vent violent et tourbillonnant, l'incendie saute d'une colline à l'autre, sur une végétation asséchée par plusieurs jours de canicule, et arrive dans le 16e arrondissement de la deuxième ville de France.

Des zones brûlées du quartier de l'Estaque à Marseille, au lendemain d'un incendie de forêt, le 9 juillet 2025 dans les Bouches-du-Rhône

Des zones brûlées du quartier de l'Estaque à Marseille, au lendemain d'un incendie de forêt, le 9 juillet 2025 dans les Bouches-du-Rhône

Viken KANTARCI - AFP

A 12h27, le préfet prend la direction des secours, "car ce feu était singulier par sa violence et parce qu’il concernait désormais deux communes", justifie la préfecture. La communication aussi passe aux mains de la préfecture et les pompiers, qui ont l'habitude de communiquer de façon efficace sur ces feux, ne peuvent plus rien dire à la presse.

Au total, 875 pompiers des Bouches-du-Rhône et marins-pompiers de Marseille ont été déployés, renforcés par 500 pompiers d'autres départements, appuyés par 260 engins et 17 moyens aériens dont sept Canadair.

Ces interventions "ont permis d’éviter le pire", assure le préfet: "aucune perte humaine", "aucun blessé grave", et "près d’un millier d'habitations sauvées". Le bilan matériel est tout de même lourd, avec 91 bâtiments touchés dont 60 détruits ou inhabitables.

Sur le confinement, désormais utilisé systématiquement dans ces cas là, il explique qu'il doit permettre d'"éviter de mettre les populations en danger" et d'éviter un engorgement des routes pour permettre aux secours d'intervenir.

Un policier près d'un incendie de forêt se propageant dans le quartier de l'Estaque à Marseille, le 8 juillet 2025 dans les Bouches-du-Rhône

Un policier près d'un incendie de forêt se propageant dans le quartier de l'Estaque à Marseille, le 8 juillet 2025 dans les Bouches-du-Rhône

Clement MAHOUDEAU - AFP/Archives

Une autre assemblée de sinistrés et délogés du 16e arrondissement était prévue jeudi en fin de journée, pour "faire valoir nos droits collectivement".

En attendant, collectivités et pouvoirs publics se mobilisent pour apporter de l'aide, regrouper les déchets, apporter des chèques alimentaires aux sinistrés les plus démunis, aider au relogement ou à l'achat de biens du quotidien pour des personnes traumatisées par la perte de leurs affaires, ou gérer la situation dans la pinède carbonisée, afin que la première pluie ne se transforme pas en coulée de cendres...

Par Sandra LAFFONT / Marseille (AFP) / © 2025 AFP

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