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Hôpital de Compiègne : "On est en train d'y laisser notre peau"

Jean-Jacques Razafindranazy, médecin urgentiste à l'hôpital de Compiègne, est mort du coronavirus après avoir été hospitalisé à Lille. D'après le ministre de la Santé, ce serait le premier décès d'un soignant lié au Covid-19. À la retraite, il était venu prêter main forte au service des urgences lorsque l'épidémie de coronavirus s'est déclarée dans le département de l'Oise. L'hôpital de Compiègne a fait partie des premiers hôpitaux à prendre en charge les patients atteints du coronavirus dans le cluster de l'Oise. Dans le service des urgences, les soignants sont abasourdis.

Covid-19 : partout en France, les hôpitaux sont touchés de plein fouet. © AFP

Clément Bargain de Sud Radio

 

"Il est mort tout seul, il n'aura pas eu de collègues, de famille, et il n'y aura pas d'au revoir"

Au service des urgences de l'hôpital de Compiègne, le moral du personnel est au plus bas. "On se sent abattus, c'est l'un des nôtres, confie Marie, infirmière, qui travaillait avec ce médecin de 67 ans décédé du coronavirus. Toujours le sourire, toujours présent parce qu'il aimait son métier, alors qu'il aurait dû partir à la retraite. Il est mort tout seul, il n'aura pas eu de collègues, de famille, et il n'y aura pas d'au revoir, c'est extrêmement dur".

Dans le personnel hospitalier, ils sont plusieurs à avoir les symptômes du covid-19, mais ils doivent continuer à être au front, à prendre en charge les patients. "On est en train d'y laisser notre peau malheureusement, assure Marie. On s'inquiète pour les gens, parce qu'avant-tout on est soignant, on s'inquiète de la population qui va arriver en masse ; on s'inquiète pour les collègues, pour nos familles, de ramener tout ça à la maison, et en dernier, on s'inquiète, un peu, pour nous". Jour après jour, à l'hôpital de Compiègne, les patients sont de plus en plus nombreux. Marie redoute les prochains jours : "on sait qu'on va connaître un état de tension comme Mulhouse, explique-t-elle, parce qu'on y vient petit à petit tous. Le pic n'est pas atteint, on a très peur".

 

"On a mis en place une hotline avec des psychologues pour prendre en charge les personnels soignants qui craqueraient"

112 décès en France, plus de 16.000 cas de coronavirus confirmés : l'épidémie continue de s'étendre et de s'aggraver selon Jérôme Salomon, le directeur général de la santé. Partout en France, les hôpitaux sont touchés de plein fouet. La situation est de plus en plus tendue en Seine-Saint-Denis, comme en témoigne le patron du SAMU, Frederic Adnet : "on a un flux très très très élevé, avec un taux d'appels perdus important annonce-t-il. Le service coronavirus se remplit et les réanimations commencent à être pleines, on a beaucoup de mal à placer nos patients. Tout l'enjeu pour nous est de faire en sorte que les patients arrivent le plus lentement possible en terme de flux".

 

Les soignants au front pour vaincre l'épidémie sont de plus en plus inquiets. "On est en face d'un ennemi qui peut tuer les gens jeunes, en bonne santé, c'est normal d'avoir une appréhension reconnaît Frederic Adnet. Il y a des gens qui craquent, d'autres qui tiennent le coup. Dans notre hôpital, on a mis en place une hotline avec des psychologues pour prendre en charge les personnels soignants, les médecins qui craqueraient".

 

 

Ehpad : "On a un enjeu majeur sur tous les établissements qui ont été encore à ce stade épargnés"

Les maisons de retraite ne sont pas épargnées : le virus frappe déjà des Ehpad aux quatre coins du pays. Les professionnels du secteur redoutent le pire : certains alertent sur une situation pouvant causer jusqu'à 100.000 morts. Tout est mis en place pour protéger, mettre sous cloche les Ehpad préservés de l'épidémie. "On a un enjeu majeur sur tous les établissements qui ont été encore à ce stade épargnés par le Covid : nous encourageons à renforcer plus que jamais les mesures barrière de tous ceux qui entrent en Ehpad, explique Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Synerpa, le Syndicat national des établissements et résidences privées pour personnes âgées. Aussi bien des livraisons, des vêtements des salariés, il faut prévoir un sas pour qu'ils puissent se changer sans infecter l'établissement".

 

"Au fur et à mesure que les semaines vont passer, il va falloir du personnel supplémentaire pour épauler les équipes et remplacer ceux qui sont atteints du covid-19, ajoute Florence Arnaiz-Maumé. Nous préconisons que sur les établissements attaqués, l'Agence Régionale de Santé soit vraiment en support des Ehpad, avec le système sanitaire public et privé, afin de soulager ces Ehpad".

 

Pour aider le personnel hospitalier, il n'y a qu'une chose à faire : rester chez soi.

 

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