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Etat palestinien: Macron prédit un moment "décisif" mais reste flou sur ses intentions

"Le moment est décisif." Emmanuel Macron fait monter les enjeux mais entretient le suspense: reconnaitra-t-il, dès la semaine prochaine, un Etat palestinien, comme il l'a ouvertement envisagé, ou préférera-t-il temporiser? A cinq jours d'un rendez-vous clé à l'ONU et en pleine escalade entre Israël et l'Iran, toutes les options semblent sur la table.

Ludovic MARIN - AFP/Archives

"Le moment est décisif." Emmanuel Macron fait monter les enjeux mais entretient le suspense: reconnaitra-t-il, dès la semaine prochaine, un Etat palestinien, comme il l'a ouvertement envisagé, ou préférera-t-il temporiser? A cinq jours d'un rendez-vous clé à l'ONU et en pleine escalade entre Israël et l'Iran, toutes les options semblent sur la table.

Le président français intervient vendredi après-midi à Paris en clôture d'un forum de la société civile qui va lancer un "appel pour la solution à deux Etats".

Il ne devrait pas lever totalement le voile sur ses intentions dans ce discours au Conseil économique, social et environnemental, mais préparer le terrain avant la conférence internationale qu'il coprésidera avec l'Arabie saoudite, le 18 juin à New York.

Il devrait aussi réagir aux frappes israéliennes de vendredi en Iran, qui troublent encore plus le contexte de cette conférence, au risque de perturber les plans français. Paris a appelé à "éviter toute escalade susceptible de compromettre la stabilité régionale".

En avril, en rentrant d'Egypte où il s'était rendu aux portes de la bande de Gaza sous blocus humanitaire israélien, Emmanuel Macron avait annoncé que la France pourrait rejoindre "en juin" près de 150 pays ont déjà reconnu l'Etat palestinien.

Mais depuis, il a envoyé des signaux contradictoires sur sa volonté de franchir ce pas retentissant dès la semaine prochaine.

Le président français Emmanuel Macron s'exprime devant l'aide humanitaire destinée à Gaza, à l'entrepôt du Croissant-Rouge égyptien à Arish (nord-est de l'Egypte), à environ 55 km à l'ouest de la frontière avec la bande de Gaza, le 8 avril 2025

Le président français Emmanuel Macron s'exprime devant l'aide humanitaire destinée à Gaza, à l'entrepôt du Croissant-Rouge égyptien à Arish (nord-est de l'Egypte), à environ 55 km à l'ouest de la frontière avec la bande de Gaza, le 8 avril 2025

Ludovic MARIN - POOL/AFP/Archives

Il a ainsi dit vouloir que "d'autres pays" l'accompagnent et a évoqué des "reconnaissances réciproques", ce qui impliquerait que de nouveaux Etats arabo-musulmans normalisent leurs relations avec Israël. Puis il a énuméré plusieurs conditions, dont la "démilitarisation" du Hamas et la "non-participation" du mouvement islamiste palestinien à la gouvernance de cet Etat.

Autant de prérequis très loin d'être réunis.

C'est en février 2024 qu'Emmanuel Macron a pour la première fois affirmé que "la reconnaissance d'un Etat palestinien" n'était "pas un tabou pour la France".

Ses équipes ont ensuite précisé que ce geste devait intervenir lorsqu'il serait "utile" plutôt que "symbolique", pour se distinguer de pays comme l'Irlande ou l'Espagne qui l'ont fait l'an dernier sans faire bouger les lignes.

- Inconnue saoudienne -

Aussi, ses diplomates ont tenté de créer une "convergence euro-arabe" pour relancer une perspective politique face la guerre qui continue à Gaza, à l'intransigeance israélienne et au plan présenté par Donald Trump après son retour à la Maison Blanche, qui prévoyait un possible déplacement massif des Palestiniens de l'enclave assiégée.

Mais les Européens restent divisés, l'Allemagne estimant qu'une reconnaissance aujourd'hui serait "un mauvais signal".

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'une conférence de presse à Jérusalem, le 21 mai 2025

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d'une conférence de presse à Jérusalem, le 21 mai 2025

Ronen Zvulun - POOL/AFP/Archives

Dans ce contexte, Emmanuel Macron veut au minimum "déclencher un mouvement" pour ressusciter cette solution à deux Etats moribonde dont le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu ne veut pas entendre parler.

Qu'il reconnaisse dès mercredi l'Etat palestinien ou un peu plus tard, il entend poser un cadre, un calendrier, avec des échéances précises et "irréversibles", selon des sources diplomatiques.

Il s'est donc cherché des alliés, et a signé en mai une déclaration avec les Premiers ministres britannique et canadien, Keir Starmer et Mark Carney, dans laquelle ils se disent "déterminés à reconnaître un Etat palestinien". Reste à savoir s'ils sont prêts à accompagner une éventuelle annonce française.

Il a aussi affiché un front uni, au Caire, avec l'Egypte et la Jordanie, apportant son soutien au plan arabe censé contrecarrer le plan Trump. Avec l'espoir que ces pays soutiennent en retour une démilitarisation du Hamas, voire une exfiltration de ses chefs de Gaza.

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s'exprime lors de la 32ème session du Conseil central de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) à Ramallah, le 23 avril 2025

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas s'exprime lors de la 32ème session du Conseil central de l'Organisation de Libération de la Palestine (OLP) à Ramallah, le 23 avril 2025

Zain JAAFAR - AFP/Archives

La démilitarisation du Hamas est d'ailleurs l'un des engagements écrits qu'il a obtenu du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas dans une lettre cette semaine, avec la condamnation de l'attaque sans précédent du 7 octobre 2023 menée par le mouvement en Israël. "Des engagements concrets et inédits qui témoignent d’une volonté réelle d’avancer", s'est félicité jeudi le chef de l'Etat français.

Objectif: réunir un maximum de contreparties pour montrer à Israël et aux Etats-Unis que l'initiative française n'est pas hostile, mais au contraire une alternative au statu quo qui est aussi dans l'intérêt israélien, selon des diplomates français. Une émissaire d'Emmanuel Macron s'est rendue la semaine dernière en Israël pour tenter de rassurer.

Mais pour l'instant, la diplomatie israélienne reste remontée à bloc, accusant le président français d'être "en croisade contre l'Etat juif".

L'autre grande inconnue est la position du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, associé à la conférence, et dont la France espère un pas au moins esquissé vers la reconnaissance à terme d'Israël.

Par Francesco FONTEMAGGI / Paris (AFP) / © 2025 AFP

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