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"Enfin!": le soutien d'une centaine d'hommes à #metoo salué

"Enfin!" : timide jusqu'à présent, le soutien d'une centaine de personnalités publiques masculines aux femmes et au mouvement #metoo est accueilli avec satisfaction par les intéressées et les associations féministes, qui attendent d'autres "actes".

Dimitar DILKOFF - AFP/Archives

"Enfin!" : timide jusqu'à présent, le soutien d'une centaine de personnalités publiques masculines aux femmes et au mouvement #metoo est accueilli avec satisfaction par les intéressées et les associations féministes, qui attendent d'autres "actes".

Dans une tribune publiée mardi sur le site du magazine Elle, les comédiens Eric Elmosnino, Mathieu Amalric, Reda Kateb, le romancier Laurent Gaudé ou encore le mathématicien Michel Broué ont pris leurs distances avec les "+on ne peut plus rien dire+" et "+c'était une autre époque, on ne se rendait pas compte+".

"Ça fait du bien, enfin, enfin !", a réagi mercredi l'actrice Juliette Binoche sur France Inter, la voix étranglée par les larmes.

"Ce n'est pas possible qu'il n'y ait que les femmes qui parlent, cela (les violences, NDLR) doit être reconnu. Si ce n'est pas reconnu, ça n'existe pas", a-t-elle ajouté. "Toutes les femmes attendent" que les hommes prennent la parole, "c'est une nécessité sinon il n'y a pas de changement".

Dans la tribune, la centaine de signataires (acteurs, écrivains, producteurs, scientifiques, sociologues, galeristes...) expliquent notamment que "contrairement à ce qu'on lit parfois, nous ne pensons pas qu'+on s'acharne contre les hommes+".

- "Moitié de l'humanité" -

"Prendre conscience du vécu de l'autre, de sa perception de rapports de force vieux de milliers d'années, c'est intéressant et source d'ouverture", ajoutent-ils, "refusant" de se "reconnaître" dans la "masculinité hégémonique."

Il s'agit, résument-ils, "d'épargner à plus de la moitié de l'humanité des agressions graves. De construire un monde meilleur, plus intelligent, plus respectueux, plus égalitaire. Nous en serions honorés et enrichis".

L'acteur Gérard Depardieu au festival du film égyptien à El-Gouna, le 24 octobre 2020

L'acteur Gérard Depardieu au festival du film égyptien à El-Gouna, le 24 octobre 2020

Ammar Abd Rabbo - El Gouna Film Festival/AFP/Archives

Publiée après l'annonce de la garde à vue de Gérard Depardieu pour agressions sexuelles et dans le sillage des révélations faites par Judith Godrèche sur les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, cette tribune marque un début de rupture avec le silence observé jusqu'à présent par les personnalités publiques sur la question #metoo.

Ces dernières années, le soutien aux prises de parole des femmes contre les violences sexuelles et sexistes, notamment dans le milieu des arts, est restée relativement timide, se cantonnant à quelques expressions solitaires.

Parmi elles, celle de l'acteur Vincent Lindon. Interrogé fin février sur la question par Ouest-France, il estimait que ce "fléau" ne devait plus être "la seule préoccupation des femmes: nous les hommes devons nous inviter dans la lutte résolument, sans défaillir sur un si long chemin."

Fustigé par les associations féministes, le silence global des hommes est d'autant plus incompréhensible que le mouvement #metoo concerne "tout le monde", souligne l'actrice et réalisatrice Alexandra Lamy.

- "Prendre des risques" -

"Ça concerne leur fille, leur mère. C'est une violence contre laquelle il faut tous qu'on se réunisse, et qu'on se batte, et qu'on dénonce", a-t-elle martelé sur France Inter mi-mars. Le problème, c'est que "les hommes n'ont aucune représentation masculine publique qui parle pour eux".

L'actrice française Alexandra Lamy à Paris, le 5 février 2019

L'actrice française Alexandra Lamy à Paris, le 5 février 2019

Anne-Christine POUJOULAT - AFP/Archives

Dans ce contexte, la publication de la tribune dans Elle a été accueillie avec satisfaction et abondamment relayée dans les sphères féministes ou par les femmes ayant porté plainte ces derniers mois ou années.

"Merci", a ainsi répondu Judith Godrèche à un message Instagram d'un des signataires, le directeur du cinéma de France Télévisions Manuel Alduy.

Pour Yéléna Mandengué du collectif féministe #NousToutes, "c'est un bon premier pas, ça fait longtemps qu'on attend un signal qui serait envoyé de la part des hommes".

Mais "nous restons vigilantes: on parle de 100 hommes, ce n'est pas un raz-de-marée non plus", déclare-t-elle à l'AFP. "Et au-delà d'une signature, on attend des actes et des réactions de leur part quand ils sont témoins de violences sexuelles et sexistes".

"On a extrêmement besoin que des hommes prennent position sur ces questions-là, il faut qu'ils sortent de l'ombre, qu'ils acceptent de prendre des risques à leur tour et d'apporter leur soutien. On n'y arrivera pas seules", abonde Violaine Lucas, présidente de l'association Choisir la cause des femmes.

Par Marine PENNETIER / Paris (AFP) / © 2024 AFP

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