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Elisabeth Levy: un festival féministe réclame de "sortir de l'hétérosexualité"

Chronique

C’est ce qui s’appelle manger le morceau. Des féministes radicales organisent à Paris, à partir du 24 septembre, un festival intitulé «sortir de l’hétérosexualité»*. Au moins c’est clair. En effet, elles revendiquent haut et fort ce que beaucoup d’autres espèrent tout bas. « L’hétérosexualité est la pierre angulaire de la construction du patriarcat et les féminismes en parlent sans jamais la nommer. » Sur ce point, elles n’ont pas tort : le rejet de la sexualité masculine, donc de l’hétérosexualité est l’aboutissement logique de la glorieuse révolution metoo. À force de parler tous les jours de masculinité toxique, de culture du viol et de tous les méfaits du patriarcat, on a fini par accréditer l’invraisemblable amalgame qui fait de tous les hommes des cogneurs, des harceleurs ou des tueurs en puissance. C’est le désir masculin qui est criminalisé, en particulier quand il est dirigé vers des femmes.

On me dira qu’on a encore besoin des hommes pour assurer la survie de l’espèce. Sauf que ça, c’était avant. Avec la procréation médicalement assistée, plus besoin de père, c’est même l’objectif avoué. Bien sûr, il faudra encore des hommes comme fournisseurs de semence, mais la rencontre avec l’autre sexe ne sera plus nécessaire. Or, on peut supposer que ce sont les nécessités de la survie de l’espèce qui ont jeté les deux sexes dans les bras l’un de l’autre. Autrement dit, le désir est peut-être la ruse inventée par l’humanité pour sortir gagnante de la bataille de l’évolution. Et voilà que demain, nous n’aurons plus besoin, pour procréer, de supporter les tourments, les embarras, les souffrances de la rencontre. Croyez-vous que nous continuerons à nous les infliger ? On nous promet une humanité délivrée de la domination. C’est une humanité délivrée non seulement de l’hétérosexualité mais de la sexualité tout court et de sa part d’ombre, qui s’annonce. C’est-à-dire une nouvelle humanité. Ce que constate à sa façon l’académie de médecine dans un avis qui a fortement contrarié le gouvernement.

Certes, l’académie de médecine ne parle pas de sexualité, les gens convenables qui ne parlent pas de ces choses-là. Mais ses membres prennent acte de ce qui est en train de se passer. Dans un rapport adopté par 69 voix pour, 11 contre et 5 abstentions, les sages déclarent : « la conception délibérée d’un enfant privé de père constitue une rupture anthropologique majeure » et n’est « pas sans risques » pour son « développement psychologique ». Une rupture anthropologique majeure, c’est-à-dire un changement dans ce qui nous constitue au plus profond, en particulier la différence sexuelle. En effet, jusqu’à une date récente, l’immense majorité des êtres humains se définissaient comme homme ou comme femme. Grâce à l’action conjuguée du politiquement correct et de la science, cette summa divisio de l’espèce est en voie d’être effacée. Qu’on aime ou pas l’autre sexe, on a le droit de penser que ce n’est pas une bonne nouvelle.

Les médias, massivement acquis à la cause, brandissent des études supposées prouver que les enfants nés par PMA vont aussi bien que les autres. L’académie de médecine récuse la validité de ces études et estime pour sa part que, « de plus en plus malmenée par les évolutions sociétales, la figure du père reste pourtant fondatrice pour la personnalité de l’enfant comme le rappellent des pédopsychiatres, pédiatres et psychologues ». La réalité, c’est qu’on n’en sait rien : on ne dispose pas de données suffisamment nombreuses et anciennes pour se faire une opinion sur le destin des enfants que l’on a délibérément choisi de faire naître sans père. Personne ne peut affirmer qu’ils seront plus ou moins heureux que leurs semblables fabriqués à l’ancienne. Curieusement, le sacro-saint principe de précaution ne s’applique pas en la matière.

Agnès Buzyn n’a aucun doute. Répondant aux inquiétudes profondes exprimées par l’Académie de Médecine, la ministre de la Santé a lâché : c’est un avis daté. Soyez jeunes, quoi. En clair, ce qui compte, ce n’est pas d’être dans le vrai, mais d’être moderne. S’agissant d’une révolution dans la filiation, on attendrait de nos gouvernants des arguments moins consternants.

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