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Elisabeth Lévy - Lever le secret médical pour les femmes battues? "Une nouvelle forme de paternalisme"

Chronique

Le regard libre d'Élisabeth Lévy

 

 

Le Conseil de l’Ordre des médecins autorise la levée sous conditions du secret médical pour les femmes battues

Les associations qui luttent contre les violences conjugales ont réclamé cette mesure lors du Grenelle. Elle a été adoptée par 39 voix sur 48 après débats très vifs au sein de l’Ordre et prochainement dans la loi. Les médecins pourront donc, en cas de danger vital immédiat, signaler les cas de violences conjugales contre ou sans l’avis de l’intéressé. Car dans 4/5ème des cas, les femmes ne portent pas plainte.

C’est une mesure qui peut sauver des vies, non ?

Peut-être. Si vous interdisez l’automobile aussi, vous sauverez des vies !

D’abord, cette mesure peut dissuader des femmes de se confier à leur médecin. Transformer un tiers de confiance en auxiliaire de justice, ça  n'est pas si simple.

Ensuite, cela signifie qu’une femme victime de violence conjugale n’est pas une adulte capable de faire des choix. Il faudrait la protéger contre elle-même, comme on le fait avec les enfants.

Tendance générale des nouvelles féministes : faire le bien des femmes sans elles voire contre elles. Elles continuent à harceler Polanski alors que Samantha Geimer, la jeune fille avec laquelle il a eu une relation illicite en 76, dit qu’elle souffre plus du battage médiatique qui continue, que de ce qui s’est passé quand elle avait 13 ans. Elle a pardonné à Polanski mais nos dianes vengeresses ne pardonnent pas.

Dans la même logique, elles prétendent par exemple interdire la prostitution entre adultes consentants.

Avec cette logique, on ne peut pas non plus interdire la burqa.

Vous avez raison. Si une femme dit qu’elle porte librement sa burqa, je pense c’est une curieuse idée de la liberté, mais je ne peux pas lui imposer la mienne. L'interdit ne vise pas à la libérer de force mais à assurer la primauté des mœurs françaises en France.

Mais une femme en burqa n’est pas en danger. Une femme battue oui.

Sans doute. Aussi, tout citoyen qui assiste à des violences a le devoir d’intervenir (appeler la police). Mais le médecin lui recueille un récit. Et on lui demande de priver de son libre-arbitre la femme qui vient librement lui faire ce récit.

On dira qu’elle l’a déjà perdu parce qu’elle est sous emprise. En somme on substitue l’emprise bienveillante de la société à l’emprise destructrice du conjoint. A ce compte là, on pourrait aussi demander aux médecins de signaler les alcooliques et les drogués en danger de mort.

On nous dit que les femmes violentées sont victimes d’un patriarcat qui ne désarme pas. Il est paradoxal de vouloir les aider en les soumettant à un nouveau paternalisme.

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