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Élisabeth Lévy - "Le pire serait qu'un jour, les militaires refusent d'intervenir"

Certes, les militaires qui ont signé cette nouvelle tribune rompent avec le devoir de neutralité démocratique propre à l'armée et qui fait - en partie - sa grandeur. Mais le diagnostic est là, sans appel à la sédition aucun, bien au contraire, et quelle qu'en soit la manière ou les modalités, le président de la République doit en prendre acte. Car le danger guette.

La nouvelle tribune de Valeurs Actuelles a déjà reçu les signatures d'au moins 180 000 personnes. Au vu de l'engouement suscité, les politiques ne pourront pas éternellement discréditer le constat.

Revenons sur la nouvelle tribune de militaires publiée par Valeurs Actuelles

Voilà venu le deuxième acte d’une pièce qu’on pourrait titrer « les Sourds et la Grande Muette ».

Ce texte est la conséquence de la surréaction du pouvoir à la tribune des généraux en retraite, traités à la fois de putschistes et de porteurs de charentaises, entre plusieurs annonces de sanctions. 

Les militaires respectent leurs anciens. Dans ce nouveau texte, adressé au président de la République et au gouvernement, les signataires dont des militaires d’active anonymes, parlent de “lâcheté”. Or, on se pâme devant tout anonyme qui dénonce son institution, son entreprise ou son patron en parlant de « lanceurs d’alerte ». Souvenez-vous de « Gorge profonde » qui a orchestré le Watergate et dont on se souvient comme d’un héros. 

Ce nouveau constat est encore plus brutal.  « Nous risquons nos peaux contre l’islamisme à qui vous cédez ». Violence, communautarisme, haine de la France et de son histoire, rien n’est laissé au hasard. Surtout, la guerre civile n’est plus un risque mais une certitude selon ces derniers qui se placent en défenseurs du peuple contre les trahisons des élites.

Est-ce que j’approuve la méthode ? 

Non. Cependant, il n’y a aucun appel à la sédition. L’armée interviendra seulement pour ramener la paix si elle y est invitée.

Problème, leur diagnostic est une opinion politique. Pertinente ou pas, elle est une rupture avec l’exigence démocratique de neutralité de l’armée. Les militaires pensent ce qu’ils veulent du président de la République, il est élu et c’est leur chef. Leur boulot, c’est de lui obéir. C’est la première vertu militaire et la force de l’armée réside dans la discipline.

Reste qu’on peut désapprouver et comprendre. À tous les étages de l’État régalien, beaucoup partagent cette même frustration devant la faiblesse de cet État. Si le pouvoir se contente encore de les traiter d’extrême droite et qu’il lance une chasse aux sorcières pour démasquer les meneurs, il encouragera le mouvement au lieu de le calmer. Cela pourrait être le prélude à des Gilets jaunes en uniforme, les potentiels “Gilets kaki”. On peut aussi imaginer sans trop se mouiller un scénario du même genre, à coups de tribunes, dans la police. 

Pour les signataires, ce n’est pas l’intérêt supérieur du pays qui est en jeu mais sa survie. Au lieu de criminaliser l’inquiétude, le président doit entendre cette angoisse de disparition que nous sommes nombreux à éprouver. En attendant, ne nous la jouons pas, ce qu’il faut craindre ce n’est pas une intervention intempestive des militaires ou des policiers, mais qu’arrive un jour où ils refuseront d’intervenir.

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