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Destruction d'espaces protégés: une association corse dénonce des compensations "en trompe-l'oeil"

L'association de défense de l'environnement U Levante a qualifié de "trompe-l’œil" 53 des 69 hectares proposés par un entrepreneur corse pour compenser la destruction de tortues protégées sur l'un de ses chantiers à Grosseto-Pugna (Corse-du-Sud).

SYLVAIN THOMAS - AFP

L'association de défense de l'environnement U Levante a qualifié de "trompe-l’œil" 53 des 69 hectares proposés par un entrepreneur corse pour compenser la destruction de tortues protégées sur l'un de ses chantiers à Grosseto-Pugna (Corse-du-Sud).

Malgré une condamnation en 2023 à près de 1,2 million d'euros d'amendes et dommages et intérêts pour destruction de tortues protégées, Patrick Rocca, l'un des premiers employeurs de Corse, et son entreprise Fortimmo ont été autorisés à déroger au code de l'environnement sur ce chantier de construction de 162 logements.

Un arrêté de la préfecture de Corse-du-Sud, signé le 29 janvier, l'autorise notamment à "détruire ou perturber intentionnellement des spécimens d'espèces animales protégées" ou "dégrader des sites de reproduction".

Le Conseil national de protection de la nature (CNPN) a donné un avis favorable à cette demande de dérogation accordée sous condition que M. Rocca et sa société "mettent en œuvre des mesures d'évitement, de réduction et de compensation".

Il doit notamment compenser "la perte de 5,4 hectares d'habitat de milieux forestiers et la destruction de tortues d'Hermann" en fournissant "deux secteurs sur la commune" d'un total de "69 hectares".

Une tortue d'Hermann à La Garde-Freinet dans le Var, le 20 août 2021

Une tortue d'Hermann à La Garde-Freinet dans le Var, le 20 août 2021

SYLVAIN THOMAS - AFP/Archives

L'association U Levante a précisé dans un communiqué que "des mesures compensatoires" ne sont "pas réalisables sur des +espaces naturels sensibles+", citant un rapport du Conseil général de l'environnement et du développement durable.

Or, "une des deux surfaces de compensation choisies par le promoteur, contiguë au projet immobilier, empiète sur environ 24 hectares inconstructibles de la Zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF)" de la "zone humide de l'Uccioli" et sur "environ 29 hectares inconstructibles" d'un "espace remarquable ou caractéristique", détaille-t-elle, carte à l'appui.

"C'est une mesure de compensation en trompe-l’œil, une illusion, un troc… en +toc+", dénonce-t-elle.

Le 24 janvier 2023, le tribunal d'Ajaccio avait condamné l'entrepreneur à 150.000 euros d'amende et six mois de prison avec sursis pour mutilation et destruction non autorisée d'une espèce animale protégée ainsi que pour altération et destruction de son habitat sur ce projet.

Son entreprise avait également été condamnée à payer 500.000 euros d'amende. Des dommages et intérêts de 500.000 euros pour l’État et 30.000 euros pour U Levante avaient aussi été prononcés.

Une tortue d'Hermann à La Garde-Freinet dans le Var, le 20 août 2021

Une tortue d'Hermann à La Garde-Freinet dans le Var, le 20 août 2021

SYLVAIN THOMAS - AFP/Archives

L'appel interjeté par l'entrepreneur, que l'AFP n'est pas parvenu à joindre vendredi, sera jugé le 19 juin à Bastia.

Avec le Var, la Corse est le dernier refuge de la tortue d'Hermann, unique tortue terrestre de France métropolitaine. Elle est classée en "quasi menacée" au niveau mondial et vulnérable en France.

AFP / Ajaccio (AFP) / © 2024 AFP

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