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Des portables en prison ? "C'est suicidaire" selon les syndicats de surveillants

Par Jérémy Jeantet (avec AFP)

Les syndicats de surveillants de prison ont déclaré leur hostilité à l'idée d'autoriser des téléphones bridés dans les prisons, pour laquelle l'Observatoire international des prisons et la Garde des Sceaux se sont déclarés favorables.

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Les syndicats de surveillants de prison se disaient mercredi hostiles à l'accès en prison à des téléphones "bridés", évoquée par la garde des Sceaux, alors que l'Observatoire international des prisons appelle au contraire à les "généraliser".

"En l'état actuel, c'est suicidaire", assène David Calogine, secrétaire général adjoint de l'UFAP-UNSA, syndicat majoritaire chez les surveillants.

Les détenus "ont toujours deux ou trois coups d'avance sur nous. Un téléphone bridé, ça se débride", déclare-t-il à l'AFP, assurant que les portables servent à certains détenus pour "faire leurs petits trafics" depuis les cellules ou "faire pression sur les familles avant les procès."

"On a déjà du mal à contrôler les téléphones fixes", dit encore le syndicaliste, également hostile à toute "extension" de ces derniers.

Des téléphones bridés, ça peut se débrider

Christopher Dorangeville, secrétaire général de la CGT pénitentiaire, considère lui qu'il "faut améliorer l'accès téléphonique pour les familles, mais pas avec des portables".

"On manque de moyens humains, matériels, législatifs. Alors pour résoudre le problème, on légalise. J'ai du mal à croire que ce sera extrêmement efficace. Des téléphones bridés, ça peut se débrider. Est-on sûr que technologiquement ça tient ?", s'interroge-t-il, en rappelant que la France a interdit les fouilles systématiques au parloir.

"L'usage du portable devrait être généralisé", plaide au contraire François Bes, de l'Observatoire international des prisons (OIP). "L'immense majorité des détenus ne s'en sert que pour garder un lien familial. Cela aide aussi à la prévention du suicide", assure-t-il, en relevant par ailleurs que l'accès aux téléphones fixes en prison est restreint et coûteux.

"Il faut donner aux détenus des moyens de communication. Par des portables contrôlés ou des lignes fixes", a dit la ministre de la Justice Nicole Belloubet dans un entretien diffusé mardi par La Provence. Dans un rétropédalage dans les règles, le ministère de la Justice a démenti, à BFMTV, vouloir toutefois prendre des mesures allant dans ce sens.

Près de 20 000 téléphones portables découverts en prison au premier semestre 2017

Elle a évoqué des suggestions faites par le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, Adeline Hazan, le 17 août au micro de France Inter.

Cette dernière recommande d'autoriser en prison des téléphones portables "bridés" qui "ne peuvent atteindre que quelques numéros vérifiés", et dotés d'un accès internet lui aussi restreint.

19 339 téléphones portables et accessoires (puces, chargeurs etc.) ont été découverts en détention au premier semestre 2017, selon l'administration pénitentiaire. Les prisons françaises comptaient au 1er juillet quelque 70 000 personnes écrouées, condamnées ou en attente de leur procès.

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