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Des "lieux refuge" dans le réseau de la FDJ pour les femmes victimes de harcèlement de rue

Transformer le réseau de bar-tabac-presse de la Française des Jeux en "lieux refuge" pour les femmes victimes de harcèlement de rue: c'est l'objectif de la FDJ et de l'application Umay, qui ont signé jeudi un partenariat.

CLEMENS BILAN - AFP/Archives

Transformer le réseau de bar-tabac-presse de la Française des Jeux en "lieux refuge" pour les femmes victimes de harcèlement de rue: c'est l'objectif de la FDJ et de l'application Umay, qui ont signé jeudi un partenariat.

Après des expérimentations "concluantes", menées à Nantes et Lille, le géant de la loterie va proposer "sur la base du volontariat" aux 29.000 commerçants de son réseau une formation délivrée par Umay, une application qui vise à lutter contre le harcèlement de rue et l'insécurité, selon un communiqué.

L'application, qui a signé une convention avec le ministère de l'Intérieur en 2022, répertorie à ce jour 3.200 gendarmeries, 600 commissariats et 6.000 établissements labellisés "safe places" (lieux sûrs) : bars, restaurants et boîtes de nuit mais aussi points de vente, magasins et institutions, où les personnes qui se sentent menacées peuvent s'abriter.

Concrètement, l'application fonctionne comme un GPS et propose des itinéraires où sont signalés les "lieux sûrs" et les commissariats, et donne la possibilité de désigner des personnes de confiance qui peuvent suivre le déplacement.

On peut également envoyer des alertes sur l'application ou signaler un danger. Il faut créer un compte pour pouvoir l'utiliser.

Umay revendique 60.000 membres actifs et a déjà signé des partenariats avec Monoprix, Île-de-France Mobilités (IDFM), l'établissement public qui gère les transports en région parisienne, ou encore des collectivités locales.

L'accord avec la FDJ permettra "d'augmenter significativement le maillage de l'application", soulignent les deux partenaires dans un communiqué. "Mille points de vente FDJ rejoindront le réseau Umay cette année", estiment-ils.

"Dans le cadre des expérimentations menées depuis 2020 avec Umay à Lille et Nantes, plus de 200 commerçants partenaires ont contribué au déploiement du service et plus de 95% d'entre eux ont témoigné de leur satisfaction", assure la présidente de la FDJ Stéphane Pallez, citée dans le communiqué.

La dirigeante officialisait jeudi matin ce partenariat dans un bar tabac parisien, accompagnée de Pauline Vanderquand, fondatrice d'Umay, et d'Aurore Bergé, ministre chargée de l'Egalité Femmes-Hommes.

- "Précaution" -

Le partenariat vise à former et labelliser comme "lieu sûr" un maximum de commerçants avant l'été 2024 et les Jeux olympiques.

"C'est bien de faire des +safe place+ partout mais il faut que ce soit bien fait", a réagi auprès de l'AFP Amy Bah, présidente du collectif féministe #NousToutes Lille, estimant qu'il fallait "prendre cette initiative avec beaucoup de précaution".

"En quoi consistera la formation des buralistes ? Est-ce le lieu le plus approprié ? Si la victime est exposée à des remarques désobligeantes des clients, ça ne va pas", souligne-t-elle, se demandant "s'il n'y a pas de +féminisme washing+ derrière de la part de la FDJ".

Selon le dernier rapport annuel du Haut Conseil à l'égalité femmes-hommes sur l’état du sexisme en France, 9 femmes sur 10 disent anticiper les actes et les propos sexistes, et adoptent des conduites d’évitement pour ne pas les subir.

Et 81% des femmes déclarent avoir déjà été victimes de harcèlement sexuel dans les lieux publics, selon une étude Ipsos de 2020.

S'il peut sembler contre-intuitif de proposer aux femmes de se réfugier dans des bars-tabac, où la clientèle est généralement essentiellement masculine, la présidente de la FDJ répond que ces commerces "sont déjà des lieux de vie essentiels, avec des horaires d'ouverture étendus et des détaillants impliqués dans la vie locale. Qu’ils deviennent des lieux sûrs est d'une logique et d'une utilité indéniables".

"FDJ est l'un de nos partenaires historiques; nous avions labellisé en urgence des +safe places+ pendant le confinement de 2020. Nous allons pouvoir former les équipes des points de vente FDJ aux gestes qui rassurent les personnes victimes de harcèlement de rue ou témoins d'agressions", détaille Pauline Vanderquand dans le communiqué.

"Pour que toutes les femmes, à tout âge et partout sur notre territoire n’aient plus jamais à subir de violences, l'engagement de tous est nécessaire", commente de son côté Aurore Bergé, saluant l'initiative.

Par Séverine ROUBY / Paris (AFP) / © 2024 AFP

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