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Charlie Hebdo : on continue le combat

Par Didier Maïsto

Nous avons d’abord perdu quelques vieux amis et compagnons fidèles : Bernard Maris, Charb, Cabu, Tignous, Wolinski, qui était il y a quelques jours encore dans nos locaux à Sud Radio, pour une émission avec Sylvain Augier. Nous sommes sous le choc, comme des millions de Français, comme des millions de personnes dans le monde entier, et nous adressons toutes nos condoléances aux familles et aux proches des victimes, au nom de Fiducial Médias, de Lyon Capitale et de Sud Radio.

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Wolinski au micro de Sud Radio

Wolinski au micro de Sud Radio

Nous avons d’abord perdu quelques vieux amis et compagnons fidèles : Bernard Maris, Charb, Cabu, Tignous, Wolinski, qui était il y a quelques jours encore dans nos locaux à Sud Radio, pour une émission avec Sylvain Augier. Nous sommes sous le choc, comme des millions de Français, comme des millions de personnes dans le monde entier, et nous adressons toutes nos condoléances aux familles et aux proches des victimes, au nom de Fiducial Médias, de Lyon Capitale et de Sud Radio.

Au-delà de notre peine immense, c’est la France qui a perdu ses meilleurs amis, c’est une mère qui a perdu ses fils – persifleurs, emmerdeurs, irrévérencieux –, la France dans ce qu’elle a de plus profond, de plus intime, de plus vrai, la France grossière mais jamais vulgaire, la France qui ne ment pas, la France de Coluche, de Desproges, de Cavanna, de Renaud, d’Higelin, de Reiser, d’Audiard, de Bertrand Blier et de Frédéric Dard, la France géniale et simple, la France du petit peuple, la France du bon sens et du franc-parler, la France des Tontons flingueurs, celle où les flingues font des bruits de bouchon, tendance Margnat Village et Pelure d’oignon.

Charlie, défends-moi !

Ce 7 janvier 2015, on a comme une grosse envie de chialer, de pleurer toutes les larmes de notre corps, comme des gosses, comme des gonzesses, comme des vrais mecs quoi. C’est pourtant pas notre trip. Non. On serait plutôt du genre à rouler des mécaniques, épais que nous sommes comme des sandwichs SNCF. Nos armes ? Nos stylos, nos micros et une bonne dose de conscience – et aujourd’hui ce serait plutôt de l’inconscience : “Charlie, défends-moi !”

L’un des derniers dessins de Charb © Charlie Hebdo

© Charb/Charlie Hebdo

Il est de bon ton de vomir sur les journalistes, les dessinateurs, les “intellectuels”, les femmes et les hommes de médias. C’est même devenu un sport national. Mais vous en connaissez beaucoup, des jobs où on finit dans une mare de sang pour une poignée de figues ? Moi non. Journaliste. Flic. Convoyeur de fonds. Humanitaire. Petit commerçant. Et c’est à peu près tout, dans le monde civil.Aujourd’hui, plus que jamais, nous continuerons à faire la guerre. La guerre contre la connerie. Personne ne nous fera taire, jamais. Ni les fous de Dieu ni les adorateurs du Diable, qui, de fait, sont exactement les mêmes et se rejoignent par leurs extrémités. Nous ne sommes que les fous d’une “certaine idée de la France” et nous ne craignons pas d’affirmer, en parodiant Éluard : “Par le pouvoir d’un mot, nous recommençons votre vie, Bernard Maris, Charb, Cabu, Tignous, Wolinski et tous les autres, nous sommes nés pour vous connaître, nous sommes nés pour vous nommer, LIBERTÉ.” Dieu ? Pour nous c’est une femme à barbe, en porte-jarretelles et en petite culotte. Vrai ou faux, il nous plaît en tout cas de pouvoir le dire, l’écrire et le chanter. Salut, les amis. On est avec vous. On continue le combat.

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