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Carmen Etcheverry : "Sortir du maïs est une solution d'avenir pour nous"

Par Mathieu D'Hondt

Carmen Etcheverry (Responsable des questions agricoles chez France Nature Environnement) était ce mercredi l'invitée de Philippe Verdier dans la matinale de Sud Radio.

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L'eau devient une denrée rare et beaucoup de régions françaises sont confrontées à la sécheresse durant l'été. Une problématique qui sera au programme du dernier Conseil des ministres avant les vacances, ce mercredi au Palais de l'Élysée. L'un des enjeux principaux demeure la recherche d'un compromis entre les agriculteurs et les associations de protection de l'environnement, dont les doléances sont parfois contradictoires sur la question. Des mesures en ce sens pourraient être annoncées dans le plan concocté par le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot. On en parle avec Carmen Etcheverry (Responsable des questions agricoles chez France Nature Environnement).

Bonjour Carmen Etchevery, avez-vous connaissance du plan que va esquisser Nicolas Hulot ?

On n'a aucune information à l'heure actuelle sur ce que va contenir ce plan. On espère que ce sera un plan ambitieux et qu'il permettra une base de réflexion pour que l'on puisse, de façon concertée, construire des vraies propositions durables pour la gestion de l'eau.

Vous avez déjà émis un rapport avec 4 grandes lignes, des propositions pour que la gestion de l'eau change en France afin de limiter les risques de la sécheresse, qui a été importante cette année, n'est-ce pas ?

Tout à fait, on est dans une situation de crise, une crise qui est arrivée très tôt dans l'été à la différence des autres années. Donc il a fallu réagir un peu dans l'urgence. Ce que l'on propose, c'est un système de gestion qui puisse vraiment s'instaurer en amont et qui puisse, à partir de ces 4 grandes propositions, éviter justement qu'on arrive en situation de crise. On propose d'abord de faire un inventaire, un état des lieux de ce qui existe, de l'état de la ressource...

...estimez-vous que le niveau d'informations dont on dispose est trop faible ?

Le niveau d'information est trop faible et en plus, il est assez peu actualisé. C'est-à-dire qu'on a des relevés qui sont mensuels et qui ne permettent pas une gestion fine en cas de problème.

On a l'impression qu'on découvre la crise quand elle survient, n'est-ce pas ?

C'est à peu près ça. Et ce que l'on propose justement, c'est d'avoir des données ouvertes qui soient publiques et actualisées régulièrement et qui permettent d'adapter, le plus en amont possible, les prélèvements et les restrictions pour qu'on évite d'arriver dans des situations de crise.

L'autre point important, c'est la relation avec les agriculteurs, puisque les enjeux sont différents. Certains d'entre eux réclament d'autres moyens pour pouvoir stocker de l'eau. Êtes-vous d'accord avec cette idée ?

On n'est pas d'accord avec le stockage de l'eau, ce n'est pas une solution pérenne. On a vu cette année que, même si on avait stocké de l'eau en amont, les réservoirs ne ses sont pas remplis pendant l'hiver et le printemps. Il y a eu des précipitations très faibles et la principale conséquence, c'est que ça a provoqué cette sécheresse tôt.

Vous avez raison mais il y a d'autres années où les hivers ont été extrêmement pluvieux et on pourrait stocker de l'eau, c'est ce que réclame d'ailleurs des producteurs de maïs. Quand il y a beaucoup d'eau, n'est-ce pas possible d'en stocker, c'est interdit ?

Alors ce n'est pas interdit, il existe des retenues collinaires et des nouvelles se construisent...

...mais c'est très limité

... c'est très limité. Nous, on est bien d'accord sur le fait qu'il faut de l'eau pour faire de l'agriculture et qu'on a besoin d'agriculture parce que c'est une base de toute notre société. Par contre, ce que l'on ne veut pas, c'est de permettre artificiellement à des modèles de survivre et notamment la monoculture de maïs qui est un bon exemple parce qu'elle a besoin d'eau au moment où il y en a le moins. En revanche, on veut des réserves d'eau qui puissent accompagner le développement d'une agriculture plus durable. On pense au modèle agro-ècologique, c'est-à-dire diversifier les cultures, couvrir nos sols, rendre aux sols agricoles leur capacité de maintenir naturellement de l'eau sur les parcelles pour justement diminuer les besoins d'irrigation. 

C'est ce que vous réclamez en tant qu'association mais l'agriculteur qui nous écoute, ce n'est pas forcément son choix ni sa décision...

Non, mais sortir du maïs est une solution d'avenir pour nous. Il y a des tas d'autres cultures qui sont très intéressantes, notamment pour l'alimentation du bétail. On pense au sorgho fourrager qui n'a besoin que de très peu d'eau, il y a plein de solutions. On ne veut pas complètement interdire le maïs, entendons-nous bien, on veut la diversité des cultures. On ne veut pas qu'il y ait, dans le temps et l'espace, une seule culture à un même endroit.

Et ça se passerait comment, par incitation fiscale ?

Ça peut être de l'incitation fiscale, de la contractualisation, ça peut être des aides à la diversification des cultures. On a besoin d'instruments de politique publique forts pour accompagner cette transition et il faut des budgets de la PAC qui soient en conséquence.

Concernant les restrictions d'eaux, elles ne sont pas toujours respectées, réclamez-vous une police de l'eau ?

Il existe une police de l'eau mais elle n'est pas appliquée. Les gens sont très peu informés du fait qu'il existe des restrictions sur leur territoire et qu'il en coûte jusqu'à 1 500 euros d'amende en cas d'infraction. Ça peut être remplir sa piscine, laver sa voiture ect...

 

>> Retrouvez l'intégralité du podcast de l'interview :

 

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