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Campagne de vaccination : "c’est de l’amateurisme total"

Vincent Jeanbrun, maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) et président du groupe Libres, Républicains et Indépendants au Conseil régional d'Île-de-France, était l’invité de Patrick Roger le 18 janvier dans l’émission "C’est à la une" sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 8h10.

La campagne de vaccination est-elle bien coordonnée au niveau de l’État ? Comment cela s’organise-t-il dans les villes et villages. Est-on au-delà de l’impatience ?

 

"Rien n’était anticipé, rien n’était prévu"

"Ce n’est pas de l’impatience. On constate beaucoup d’improvisation, explique Vincent Jeanbrun, maire de L’Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) et président du groupe Libres, Républicains et Indépendants au Conseil régional d'Île-de-France. En tant que collectivité locale, les maires veulent protéger leur population. Nous étions motivés et volontaires pour aider à la vaccination, Mais on n’imaginait pas dans quelle galère on mettait les pieds. Rien n’était anticipé, rien n’était prévu et les règles du jeu n’étaient pas fixées à l’avance."

"Pour dire les choses simplement, nous avons été informés lundi dernier que nous pouvions ouvrir des centres le lundi 18 janvier. On nous a demandé des locaux, on a dit oui. On nous a demandé du personnel à mettre à disposition pour le standard, téléphonique, les inscriptions. Il aurait fallu penser à nous dire dans quel ordre les inscrire, en fonction de l’âge, des pathologies… Résultat : le lundi suivant, aucune nouvelle ! Ensuite, on nous a dit de bien penser à avoir un bon stock de seringues et de coton. Ce sont donc les villes qui, en catastrophe, en créant une pénurie, commandent leurs propres seringues, coton et désinfectant. Nous nous sommes dit que l’ARS préparait les médecins et infirmières. Mais c’est aussi aux villes d’organiser le tissu local, les soignants, les infirmières, les bénévoles, les volontaires qui vont venir faire les vaccins."

 

"Sur deux mois, on n’aura même pas 400 personnes vaccinées"

"Là, on se dit qu’on a touché le fond, explique le maire de L’Haÿ-les-Roses. Non ! Nous avons appris en fin de semaine dernière qu’il fallait aller chercher nous-mêmes les vaccins. Je pose la question : si ma commune avait commandé directement aux laboratoires, quelle aurait été la différence ? C’est simple : aucune différence. L’État n’est pas présent dans ce circuit de vaccination. Aujourd’hui, on nous dit qu’on aura peut-être 50 doses par jour. C’est de l’amateurisme total. Nous ouvrons à 13 heures, nous avons pré-inscrit un peu moins de 50 personnes. On a mobilisé le banc et l’arrière-banc, et finalement nous n’avons pas les doses de vaccin. En réalité, avec trois médecins on y arrive. 50 doses pour un bassin de vie de 200.000 habitants, c’est rien. La carte n’a pas non plus été pensée : sur les 4.000 inscriptions que j’avais vendredi, il y avait des Parisiens, des habitants de Chartres, à 150 km. On n’est pas orienté vers un centre de vaccination, c’est la cacophonie totale. Certains s’inscrivent dans plusieurs centres, vu qu’il n’y a pas de fichier global centralisé. Certains inscrivent leurs parents âgés absolument partout."

"Nous avons dû acheter des réfrigérateurs classiques en catastrophe. Je vais aller moi-même chercher les 50 vaccins à l’hôpital Sainte-Anne, explique-t-il. C’est de la folie, on ne peut pas organiser cette logistique. Vous imaginez la responsabilité que l’on ferait courir à nos agents communaux ? La valeur au marché noir de ces doses ? Il y a des enjeux de sécurité nationale, ce sont des vies qui sont en jeu. Je suis inquiet de l’amateurisme logistique auquel nous sommes obligés de faire face. Heureusement que les communes, les collectivités sont là ! On a l’impression de se retrouver dans la même situation que pour les masques. Ma crainte, c’est une montée de la colère. Sur deux mois, jusqu’à fin février, on n’aura même pas 400 personnes vaccinées sur un bassin de 200.000 personnes. Au rythme où vont les choses, nous serons rendus à l’été sans avoir vacciné les plus de 60 ans. Quel que soit le gouvernement en place, ce n’est pas la question. Il y a zéro concertation et on ajoute la crainte à la crainte."

 

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