Des héros toujours dans l'ombre
Ce 13 novembre 2025, Paris commémore le dixième anniversaire des attentats qui ont marqué à jamais la capitale. Au Bataclan, 90 vies ont été fauchées et des centaines de survivants portent encore les traces physiques et psychologiques de cette nuit d’horreur. Parmi eux, les témoins et les policiers eux-mêmes racontent des instants de courage extrême. Mais dix ans plus tard, ceux qui ont risqué leur vie pour neutraliser les terroristes n’ont toujours pas été décorés de la Légion d’honneur ou de l’Ordre national du Mérite.
Fusillade au Bataclan : anatomie d'un assaut dans le couloir de la mort
À 22 heures ce soir-là, deux agents de la BAC parisienne de nuit sont les premiers à entrer dans la salle de spectacle : ils aperçoivent un premier terroriste armé -Samy Amimour-, le neutralisent et évitent de nouvelles victimes dans la fosse du Bataclan. À 22h15, c’est au tour de la BRI d’arriver sur les lieux.
La brigade de recherche et d’intervention pénètre dans le Bataclan, tente à 5 reprises la négociation avec les assaillants… et finit par mener l’assaut final à 00h18, dans un couloir étroit de six mètres et où des otages servent de boucliers humains aux terroristes. Protégés par un bouclier « Ramsès » de 80kg -mitraillé par des dizaines de balles de kalashnikov-, les policiers de la BRI parviennent à sauver tous les otages. « Un miracle », disent les survivants.
Dix ans après, l'oubli institutionnel des policiers du Bataclan
Pourtant à ce jour, aucun membre de la BAC, de la BRI ou du RAID présent le soir du 13 novembre 2015 n’a été décoré de la Légion d’honneur ou de l’Ordre national du Mérite. Seul un commissaire de police, simple spectateur Bataclan lors de l'attaque au Bataclan, a été décoré en 2016 de la Légion d'honneur pour avoir « sauvé des vies en parlant ». Un oubli qui laisse donc un goût amer dans la bouche des forces de l’ordre, mais aussi dans celle de ceux qui ont vécu la prise d’otages.
Arthur Dénouveaux, président de l’association Life for Paris, résume cette frustration : « Il y a beaucoup de pompiers, beaucoup de policiers qui ont fait des choses admirables ce soir-là pour aider. Mais ces hommes-là, de la BRI, se sont dit qu’ils allaient mettre leur vie dans la balance pour arrêter le pire attentat ». David Fritz Goeppinger, rescapé du Bataclan, complète : « Il est important d’honorer leur engagement héroïque, mais il me semble encore plus important qu’ils aient enfin une reconnaissance à la hauteur de la République ».
Dix ans après le drame, les souvenirs restent vifs et les cicatrices toujours présentes. Alors que la France commémore aujourd’hui cette tragédie, les policiers intervenus ce soir-là restent dans l’ombre de la reconnaissance officielle. Salué par les survivants et les médias, le courage exemplaire des policiers du Bataclan attend encore un hommage institutionnel à la hauteur du risque qu’ils ont pris.