Le parquet de Grenoble a requis une "requalification" à la baisse des faits reprochés à l'influenceur algérien "Imad Tintin", jugé vendredi en correctionnelle à Grenoble pour "provocation directe à un acte de terrorisme", suite à une nouvelle traduction de ses propos.
Le tribunal a mis sa décision en délibéré pour le 10 juin.
Le procès d'Imad Ould Brahim de son vrai nom, un Algérien de 31 ans auteur de vidéos sur TikTok, avait déjà été renvoyé à deux reprises depuis le début de l'année afin qu'il ait le temps de préparer sa défense et que soit réalisée une expertise sur la traduction de ses propos, tenus en arabe dialectal, dont plusieurs versions circulaient et dont son avocat avait d'emblée contesté la teneur violente.
La première traduction présentée à l'influenceur lors de sa garde à vue après son interpellation en janvier indiquait que ce dernier y appelait à "brûler vif, tuer et violer sur le sol français".
Le tribunal correctionnel de Grenoble a réexaminé les faits vendredi sur la base d'une nouvelle traduction effectuée par un expert agréé de la cour de cassation. Les propos initialement reprochés au prévenu n'y apparaissent pas. Elle fait état en revanche d'expressions comme "Nous les Algériens, nous les gens du sang, nous avons grandi dans le sang (...) on va vous mettre le feu".
Le procureur Etienne Manteaux a déploré l'"emballement" dont l'affaire avait fait l'objet à l'époque avec l'interpellation de plusieurs autres influenceurs algériens dans l'Hexagone, eux aussi accusés d'avoir mis en ligne des contenus haineux envers la France.
Selon lui, il apparaît désormais que les propos tenus par "Imad Tintin" ne relèvent pas d'une "provocation directe à un acte de terrorisme". Il a suggéré une requalification des faits pour "menaces", estimant toutefois que Imad Ould Brahim avait "clairement dérapé" et devait être condamné. Il a requis six mois de prison dont 4 avec sursis.
"Tout ça pour ça", a soupiré de son côté l'avocat de la défense Me Alexandre Rouvier, qui a rappelé qu'il avait d'emblée estimé que son client était "livré en pâture" alors que seule "l'écume du dossier" était connue. Le "contexte", qui voyait alors s'affronter par réseaux sociaux interposés des groupes de partisans et d'opposants au régime algérien, n'a pas été pris en compte dans l'affaire, a-t-il déploré.
Le dossier a également pris une tournure "politique" en France avec une réaction du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, puis l'ouverture d'une enquête par la justice, a-t-il déploré. Il a plaidé la relaxe pure et simple de son client, un "homme abîmé par ce qu'il a vécu".
AFP / Grenoble (AFP) / © 2025 AFP