"Je conteste tous les faits qui me sont reprochés!". Lundi, au premier jour de son procès en appel pour "complicité" dans l'assassinat d'un couple de policiers à leur domicile de Magnanville (Yvelines) en juin 2016, Mohamed Lamine Aberouz, a farouchement nié être impliqué dans ce double crime commis au nom du groupe Etat islamique.
Invité par la présidente de la cour d'assises spéciale de Paris, Frédérique Aline, à s'exprimer sur les faits qu'elle venait de rappeler en détail, l'accusé lui a répondu d'une voix forte qu'il contestait tous les faits qu'elle avait évoqués.
Auparavant, l'homme âgé de 31 ans, en T-shirt blanc, les cheveux retenus par une queue de cheval, fines lunettes et barbe fournie, avait réaffirmé son "innocence", comme il n'avait eu de cesse de le proclamer durant son procès en première instance.
L'assassin des deux policiers, Larossi Abballa, abattu par des policiers du RAID intervenus pour libérer l'enfant du couple retenu en otage, a agi seul et sans aucune aide, a-t-il répété.
En première instance, la cour n'avait pas été convaincue par son argumentaire et l'avait condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans.
Elle avait retenu que l'accusé était "acquis aux thèses favorables au jihad armé" et qu'il avait participé à "l'endoctrinement idéologique" de son ami Larossi Abballa.
Le soir du 13 juin 2016, Jessica Schneider, 36 ans, fonctionnaire de police au commissariat de Mantes-la-Jolie, a été égorgée sous les yeux de son fils de trois ans à son domicile. Un peu plus tard, son compagnon, Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant au commissariat des Mureaux, a été poignardé de neuf coups de couteau alors qu'il s'apprêtait à rentrer chez lui. Il a eu le temps de donner l'alerte avant de succomber.
Comme en première instance, la famille des deux victimes était sur le banc des parties civiles, juste en face du box des accusés, pour assister à l'audience. A aucun moment Mohamed Lamine Aberouz n'a cherché à croiser leur regard.
- "Aucune action de ma part" -
Alors qu'il a toujours affirmé ne pas avoir été présent au domicile des policiers le soir du double crime, une trace de son ADN a été découverte sur l'ordinateur du couple, utilisé pour la revendication.

Les avocats de Mohamed Lamine Aberouz, Nino Arnaud (G) et Vincent Brengarth, répondent aux questions des journalistes, le 26 mai 2025 à la cour d'appel de Paris
GEOFFROY VAN DER HASSELT - AFP
Selon l'accusation, il s'agit d'un élément suffisant pour prouver la culpabilité de l'accusé.
Les avocats de Mohamed Lamine Aberouz, Vincent Brengarth et Nino Arnaud, ont demandé l'audition de nouveaux experts pour creuser cette question au coeur du procès.
Selon la défense, la présence d'une trace ADN de leur client au domicile des victimes s'expliquerait par un "transfert" d'ADN entre la voiture de Larossi Abballa, où ont aussi été isolées des traces génétiques appartenant à l'accusé, et l'ordinateur du couple de policiers.
En première instance, la thèse du transfert d'ADN avait été jugée "peu probable" par les experts mais n'avait pas été complètement écartée.
Outre de nouveaux experts, Mes Brengarth et Arnaud ont également demandé à la cour l'accès à l'intégralité des échanges de leur client sur une plateforme numérique avec un groupe où figurait Larossi Abballa.
Ces échanges portaient uniquement sur des jeux vidéo, a soutenu Mohamed Lamine Aberouz et pas sur des préparatifs d'assassinat. D'ailleurs, a relevé l'accusé, Larossi Abballa "ne participait pas aux échanges".

Jean-Paul Salvaing, le père de Jean-Baptiste Salvaing, le 26 mai 2025 à la cour d'appel de Paris
GEOFFROY VAN DER HASSELT - AFP
"Aucune action de ma part n'a pu contribuer au passage à l'acte de Larossi Abballa", a insisté Mohamed Lamine Aberouz.
L'interrogatoire sur le fond de l'accusé est prévu le 17 juin, les réquisitions du ministère public le 19.
Le verdict est attendu le 20 juin.
Par Alain JEAN-ROBERT / Paris (AFP) / © 2025 AFP