Insultes, menaces, harcèlement, 1 salarié sur 3 a déjà été agressé verbalement sur son lieu de travail au cours des 5 dernières années. C'est ce que révèle une étude Opinionway qui sera dévoilée au Salon des Ressources Humaines, lequel ouvre ses portes aujourd’hui au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, à Paris. Cette étude nous apprend également que 17 % des salariés sont victimes de vols et que 8 % d'entre eux affirment avoir subi des agressions physiques.
"On est des esclaves !"
Des chiffres alarmants qui trahissent les ambiances délétères au sein desquelles certains salariés sont contraints de travailler. C'est notamment le cas de Bruno, manutentionnaire dans la grande distribution, qui a accepté de nous raconter les conditions exécrables auxquelles il est confronté au quotidien. "Tous les jours, on se demande ce qui va nous arriver. C'est la manière dont on est traités, on a l'impression d'être des animaux. On nous dit 'tu travaille, tu ferme ta gueule et tu es content d'être là" avec l'air de dire 'de toute manière, dans pas longtemps, vous ne serez plus là'", nous confie-t-il ainsi, affirmant au passage subir des menaces de sa direction. "Pour moi, on est des esclaves !", insiste-t-il encore.
Un climat que ne connaît que trop bien cet autre employé que nous avons rencontré. Travaillant dans une société de transport, ce dernier - qui préfère garder l'anonymat - raconte ainsi son calvaire, qui a commencé lorsque ses collègues ont découvert qu'il était homosexuel. "À partir du moment où ils ont appris mon homosexualité, c'est devenu l'enfer pour moi. Ç'a été des surnoms, des insultes devant l'ensemble du personnel comme 'petit PD' ou 'sale tapette'. Vous trouvez des petits mots comme ça le matin quand vous arrivez au travail", déplore-t-il impuissant.
Deux témoignages édifiants qui démontrent à quel point l'environnement de travail peut rapidement devenir insoutenable pour un salarié victime de harcèlement, ou de menaces. Des comportements d'autant plus condamnables qu'ils influent fatalement sur la santé de l'employé - a fortiori sur celle de l'entreprise - ainsi que sur les parcours professionnels qui s'en trouvent bouleversés, comme nous l'explique Thierry Bobineau, directeur marketing chez Euroquartz (société spécialisée dans les ressources humaines). "Ce risque d'insultes, de vols et d'agressions physiques sur le lieu de travail n'est pas sans conséquences. Ça génère des arrêts de travail. 5 % des salariés français disent que, suite à ces phénomènes de violence, ils ont eu un arrêt de travail (...) et 8 % disent avoir changé d'employeur pour des problèmes de sécurité. Ce sont donc des chiffres qui ne sont pas anecdotiques et qui ont des conséquences sur l'efficacité de l'entreprise elle-même", précise-t-il ainsi.
Propos recueillis par Lionel Maillet