Aujourd’hui, 18 juin 2020, c’est le 80e anniversaire de l’appel du général de Gaulle, une date qu’Emmanuel Macron va célébrer en se rendant à Londres. Mais de nombreux politiques tentent de récupérer l’image du Général. Pour Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée des personnes handicapées, "le Président a vraiment raison de valoriser cet appel du 18 juin, parce qu’on a vraiment besoin aujourd’hui d’avoir ce rassemblement".
"On a vécu une grande crise et on est obligés, vraiment, de se rassembler. Surtout en sortie de crise." Selon la secrétaire d’État, "il faut absolument valoriser" l’appel du 18 juin "qui est un non-renoncement, un rebond possible".
"Il faut vraiment arriver à faire stopper cette course à l’échalote pour exister"
Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, a fait l’objet de sifflements et a vu sa voiture être attaquée. Elle dénonce les antifascistes. Sophie Cluzel pense qu’aujourd’hui "il faut arrêter, il faut apaiser. C’est vraiment le maître mot". "Tout le monde est en train de se victimiser", estime la secrétaire d’État, tandis que "d’autres s’hystérisent".
"Il faut vraiment arriver à faire stopper cette espèce de course à l’échalote pour exister", estime la secrétaire d’État. "Tous les moyens d’expression ne sont pas bons pour exister aujourd’hui." Elle juge qu’il y a un besoin de sortir de la "hargne" et de la "difficulté permanente".
Pour autant, c’est Emmanuel macron qui a parlé de la "lèpre populiste", mettant ainsi les populistes dans un autre camp que le sien. "Oui, mais plus maintenant", estime Sophie Cluzel. "Je pense que le moment est au rassemblement". "On voit bien que les Français ont vécu quelque chose d’extrêmement difficile", ce qui fait que les divisions politiques ne sont pas "ce qu’ils attendent aujourd’hui".
"Vivre ensemble, quelles que soient les différences"
Manuel Valls a parlé de guerre "entre races" alors que la question du racisme est au centre de toutes les manifestations. "Je pense qu’il fait une erreur, la même que tout le monde, c’est-à-dire qu’il pense aussi que s’exprimer ainsi pour exister est important". "Arrêtons d’hystériser les choses", demande la secrétaire d’État, expliquant que cette hystérisation est "l’exact inverse" de la raison pour laquelle elle s’est engagée.
Elle explique s’être engagée pour "défendre les droits des personnes, c’est-à-dire vivre ensemble, quelles que soient les différences". "Je pense que c’est là-dessus qu’il faut qu’on aille aujourd’hui", estime la secrétaire d’État en charge des personnes handicapées.
"Aujourd’hui les Français attendent vraiment qu’on apaise les choses", estime Sophie Cluzel, et "qu’on prenne en compte toutes les différences, quelles qu’elles soient" "Rassemblons, apaisons et arrêtons de vouloir exister à tout prix en lançant comme ça des anathèmes et en lançant des phrases qui ne feront que diviser les Français".
"À chaque fois, on réagit pour assouplir"
Dès le 22 juin 2020, l’école sera à nouveau obligatoire pour les jeunes au primaire et au collège. De nouveaux protocoles sanitaires ont été envoyés aux directeurs d’établissement qui les jugent encore trop complexes. Au contraire, pour Sophie Cluzel, "on simplifie les choses" ; elle explique que le nouveau protocole "diminue les problèmes de distanciation physique" et que la question du mètre de distance entre les élèves n’est appliquée que "pour les collèges qui le peuvent". "Quand ce n’est pas possible, la distanciation, on porte les masques".
"À chaque fois, on réagit pour assouplir, tout en disant encore une fois respectons les protocoles sanitaires." Une nécessité parce que le virus est "toujours là" et continue de circuler en France.
"Il faut que les enfants aillent à l’école pour que les parents puissent retourner au travail"
Elle précise toutefois que "les familles nous demandaient de pouvoir retourner à l’école" et elle appelle les familles françaises à envoyer leurs enfants à l’école "en toute confiance". Sophie Cluzel précise en effet que les établissements scolaires pourront "accueillir beaucoup plus d’élèves". "Au lieu de 4m², on n’a que 1m²", précise la secrétaire d’État, et "en maternelle et en élémentaire, la distanciation physique n’est pas souhaitée et n’est pas recommandée". "Il faut y aller massivement."
La réouverture des écoles était nécessaire : "il faut que le pays reparte". "Et pour qu’il reparte, il faut que les enfants aillent à l’école pour que les parents puissent retourner au travail et qu’on puisse relancer cette machine".
0800 360 360 : un numéro national pour "trouver des solutions de répit"
La crise a compliqué la situation des familles touchées par une situation de handicap. Pour résoudre ce problème, la secrétaire d’État annonce le lancement le 18 juin d’un numéro national d’aide, le 0800 360 360 (appel gratuit). "Pendant cette crise, les personnes handicapées ont tenu bon, mais les familles et les aidants sont épuisés", explique Sophie Cluzel. "60.000 enfants sont revenus à la maison, 35.000 adultes sont revenus à la maison depuis deux mois et demi." Et si "le public est prioritaire pour reprendre l’école, c’est encore compliqué".
De plus, confie-t-elle, "certains parents ont encore un peu peur, donc ils préfèrent parfois les garder à la maison", tout en étant "fatigués" et en déclarant avoir besoin de "répit". "C’est pour ces appelants qu’on met ce numéro national" qui va leur permettre de "trouver des solutions de répit, quand, à côté de chez eux, il n’y en a pas parce qu’ils ne sont pas encore suivis par un établissement, par exemple". Mais ce numéro, le 0800 360 360, va également leur "permettre de reprendre les soins, parce que pendant deux mois et demi, il y a eu un arrêt des soins".
Un numéro "pour tous ceux qui nous disent ‘je ne sais plus comment faire’"
Cet arrêt des soins a causé, explique Sophie Cluzel, "des pertes d’acquis importants". "Il est vraiment capital que ces soins reprennent". "Parfois c’est compliqué, encore, de retourner à l’hôpital". Ce numéro va donc permettre de "les mettre en contact avec des réseaux locaux, des médecins, des accompagnants, pour pouvoir les aider".
Le numéro est "un numéro national d’écoutants" qui a pour objectif de leur éviter d’aller "de porte en porte". Les familles de personnes handicapées ont parfois d’énormes difficultés pour avoir des réponses ou de l’aide. Ce numéro est donc une "porte d’entrée unique pour tous ceux qui sont isolés, sans solution ; pour tous ceux qui nous disent ‘je ne sais plus comment faire’".
C’est par exemple le cas d’une personne qui serait "fatiguée, malade", explique la secrétaire d’État chargée du handicap, et qui se demande "qui est-ce qui va s’occuper de mon adulte ou de mon enfant en situation de handicap si moi-même je suis obligée d’aller me reposer ?".
"On les accompagne jusqu’à ce qu’ils aient trouvé la solution"
Le numéro national, qui s’adresse donc aux personnes les plus isolées, aura également pour objectif de leur apporter un accompagnement. D’une manière "invisible", le numéro va les basculer vers d’autres interlocuteurs. "Ils nous disent, aujourd’hui, ‘on pousse des portes à longueur de temps, et on n’a pas de réponse'", explique Sophie Cluzel. Via ce numéro national unique, "on se met à leur côté et on les accompagne jusqu’à ce qu’ils aient trouvé la solution".
"Nous mettons en place le congé professionnel rémunéré" pour les aidants
La question de la prime, annoncée par Emmanuel Macron pour remercier le personnel soignant de sa mobilisation durant la crise, est plus compliquée pour les aidants qui n’y ont pas le droit. "Les primes sont pour les professionnels du médico-social", précise Sophie Cluzel. "Ceux qui se sont mobilisés durant la crise, justement, et qui se sont extrêmement bien occupés des personnes en situation de handicap dans les établissements médico-sociaux."
Le problème est que "les aidants n’ont pas un statut professionnel", ce qui les exclut de facto de la prime. "En revanche, nous mettons en place, comme il avait été promis dans la Stratégie Aidants, le congé professionnel rémunéré à partir du premier octobre." Ce congé permet d’avoir "trois mois de congés rémunérés" qui permettront "d’organiser en tant qu’aidant" sa vie. "Je travaille, mais j’ai aussi besoin de temps pour m’occuper, pour mettre en place le service à domicile soit d’une personne âgée, soit d’une personne handicapée" prend comme exemple la secrétaire d’État.
"On veut que tout le monde ait son allocation adulte handicapé dans les trois mois"
Obtenir une réponse dans les maisons départementales des personnes handicapées est très long, plus de 4 mois selon une récente enquête. "C’est très variable" concède Sophie Cluzel, qui le regrette. "Dans certains départements, c’est deux mois, puis dans d’autres c’est dix mois". "Moi, ce que je veux, c’est une équité territoriale, la même réponse partout."
Lors de la Conférence nationale du handicap, le 11 février 2020, "nous nous sommes engagés à améliorer cette réponse de façon équitable sur l’ensemble du territoire". Elle rappelle que "les départements partagent avec moi cette responsabilité, ils sont en charge de la politique du handicap dans les territoires".
"On veut que tout le monde ait son allocation adulte handicapé dans les trois mois", annonce la secrétaire d’État, "et nous allons travailler ensemble" avec les départements et "publier ensemble" les résultats d’un baromètre. "Parce qu’on ne progresse que sur ce qui se mesure, et moi je veux pouvoir mesurer l’action auprès des Français".
"Nous allons réunir le grand comité de pilotage de l’école inclusive pour préparer la rentrée scolaire"
De nombreux parents sont, par ailleurs, inquiets sur l’absence de réponse au niveau de la prise en charge de certains troubles chez l’enfant, comme les troubles de l’attention, du comportement ou encore l’hyperactivité. "Il y a une reconnaissance de ces troubles", précise Sophie Cluzel, "on est vraiment à côté des familles". "Moi, ce qui m’importe, c’est d’avoir des réponses."
Pour elle, il est important de continuer le travail sur "l’école inclusive", travail qui se poursuit avec le ministère de l’Éducation nationale. "Nous allons réunir le grand comité de pilotage de l’école inclusive pour préparer la rentrée scolaire" avec le même cap : "on accélère la coopération avec les rééducateurs, les psychomotriciens, les orthophonistes, dans l’école" afin d’apporter des réponses.
"On travaille aussi avec la maison du handicap pour accélérer les réponses sur ces troubles très particuliers qui ont besoin d’être accompagnés."
"C’est exactement mon ADN que pouvoir parler de l’ensemble de ce que font mes collègues"
Les rumeurs d’un remaniement se font de plus en plus insistantes, Édouard Philippe ayant même ouvert la porte à son départ. Pour autant, Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée du handicap, ne s’avance pas sur un possible changement de son statut : "je suis à ma tâche, je ne travaille pas à mes ambitions". "Ce qui m’a fait rentrer au gouvernement, c’est une conviction."
Néanmoins, pour ce qui est de porter la parole du gouvernement, "porter l’action du gouvernement c’est très important", estime-t-elle tout en précisant que puisqu’elle "ne travaille qu’en interministériel", elle serait en mesure de le faire. "C’est exactement mon ADN que pouvoir parler de l’ensemble de ce que font mes collègues, parce que de toute façon, le handicap c’est l’affaire de tous".
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