Jean-Baptiste Moreau, porte-parole En Marche et député de la Creuse, était l’invité du Grand Matin Sud Radio. Que pense-t-il du mea-culpa d'Emmanuel Macron, sur les décisions prises, "les bonnes réponses mais trop loin des citoyens" ? "ll faut bien tirer les leçons de ce qui s’est passé ces derniers mois, pour réorienter ce qui est allé dans une impasse. Un peu d'introspection, ça change dans le monde politique où l’on est trop sûr de soi."
Une colère et un sentiment de déclassement
Emmanuel Macron aurait-il dû faire lui-même le discours de politique générale d’Edouard Philippe ? "Chacun à sa place, estime le porte-parole En Marche. Le Président a donné les grandes orientations, au Premier Ministre de mettre tout cela en musique, de hiérarchiser les mesures et de les programmer dans le temps. Dans la Constitution de la Ve République, c’est au Premier Ministre de le faire." Les députés En Marche se sentent-ils assez entendus, sinon écoutés ? "Moi, je n’ai jamais souffert de ne pas être entendu. Sur le groupe de la majorité, il n’y avait peut être pas assez d’échange entre la majorité et le gouvernement. On sentait que ça grondait dans les territoires ruraux. C’est aussi l'un des ressorts de notre élection. Depuis deux ans, on savait qu’il y avait une colère et un sentiment de déclassement qui grandissait. Mais nous n’avions pas idée que cela prendrait une telle forme, comme la crise des Gilets Jaunes. Ce n’est pas complètement réglé."
Alors, tapis rouge pour une réélection pour 2022 ? "Dans trois ans, personne ne sait ce qui se passera ; il faut être modeste. L’acte 2 démarre, des projets de loi sont annoncés, rien n’est gravé dans le marbre." Quel est le plus attendu ? "La réforme clé, c’est la réforme des retraites ; il y a un besoin de revalorisation des petites retraites, notamment pour les agriculteurs et artisans." Quant à l’âge légal de la retraite, il "sera toujours de 62 ans. Après, sur les taux de retraites et la retraite à taux plein, cela va dépendre du parcours de vie des personnes." La dégressivité des assurances chômage ? Cela répond à "une demande que le travail paie plus que l’inactivité. Sinon, c’est démotivant pour tout le monde."
"Les groupuscules ont beaucoup de respect pour la vie animale, mais peu pour la vie humaine"
Jean-Baptiste Moreau est aussi agriculteur. "Les agriculteurs sont les premiers exposés au réchauffement climatique. Depuis 2006, sur mon exploitation, j'ai déjà connu au moins quatre années de sécheresse très dures, avec des indemnisations de la part de l'Etat, car on n'avait pas de fourrages pour nourrir les bêtes l’hiver." Pour le député de la Creuse, il y a "un enjeu fort à lutter contre le réchauffement climatique." Quid de l'agriculture bio ? "L’objectif, c'est 15% de surface agricole utile en bio. Aujourd'hui, nous en sommes à 6%. Il faut inciter à la conversion. Nous avons l'agriculture la plus durable au monde, mais dire que l’on aura 100% de bio demain, non. Atteindre 20% en 2022, il faut s'en donner les moyens."
"L'agri-bashing inquiète beaucoup, souligne également Jean-Baptiste Moreau, avec les groupuscules qui ont beaucoup de respect pour la vie animale, mais peu pour la vie humaine, toutes les menaces de mort que je reçois. Il faut défendre notre mode d'élevage qui est protecteur de l'environnement, avec des prairies qui sont des prairies à carbone pour dé-polluer l'air". Par ailleurs, "nous avons refusé d'inscrire dans la loi l'interdiction des poules en cage. Cela ne sert à rien si c'est pour importer des produits qui viennent de pays où les modes d'élevage sont encore pire. On va détruire une filière pour importer des bêtes élevées avec de la boue jusqu'au ventre et nettoyées à l'eau de javel".
Cliquez ici pour écouter "L’invité politique" avec Patrick Roger
Toutes les fréquences de Sud Radio sont ici !