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Florian Philippot : "les Gilets jaunes n’ont pas eu droit à l’émotion de M. Castaner"

Florian Philippot était l’invité du “petit déjeuner politique” de Patrick Roger le 10 juin 2020 sur Sud Radio, à retrouver du lundi au vendredi à 7h40.

Florian Philippot interviewé par Patrick Roger sur Sud Radio le 10 juin 2020 à 7h40.

Les rassemblements contre les violences policières continuent alors que les manifestations sont censées être interdites. Elles ont été autorisées pour répondre à l’émotion de la mort de George Floyd et des violences policières par le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner. Une décision critiquée par Florian Philippot, président des Patriotes, qui estime que c’est "extrêmement problématique". "Le ministre en charge de l’application de la loi, le ministre de l’Intérieur, nous explique que l’émotion est supérieure au droit."

 

"C’est clownesque"

"C’est l’évaporation de l’État de droit. C’est clownesque, même", juge le président des Patriotes. "Il faut supprimer là tout de suite maintenant l’interdiction de manifestation." Car la question de l’émotion montre deux poids deux mesures. "Ce ne peut pas être le ministre qui décide quand on est ému, et donc quand on a le droit de manifester, et quand on n’a pas le droit d’être ému."

"Je suis très ému, par exemple, par le fait que mon pays appartienne à l’Union européenne", précise Florian Philippot qui juge que "ça détruit notre démocratie, ça détruit notre pacte et ça détruit des emplois". "On pourrait faire une grande manifestation pour le Frexit", propose par exemple Florian Philippot ; mais "je ne sais pas si on aurait le droit". "Je ne sais pas si là le ministre de l’Intérieur considèrerait que mon émotion est supérieure à la loi." C’est un "vrai problème" pour Florian Philippot : "ça signe la déliquescence générale de la société".

Autoriser les manifestations contre les violences policières alors qu’elles sont interdites par l’État d’urgence sanitaire, pour Florian Philippot, est peut-être "un signe de faiblesse". "Ont-ils vraiment les moyens d’interdire les manifestations ?", s’interroge-t-il.

 

"Pendant les Gilets jaunes, il y a eu des violences policières, qui étaient des violences politiques"

Le président des Patriotes a manifesté en 2018 avec les Gilets jaunes. "Pendant les Gilets jaunes, il y a eu des violences policières, qui étaient des violences politiques", affirme-t-il. Et il rappelle que les quelques Gilets jaunes qui ont tenté de manifester cette année à Paris "juste après le déconfinement" "n’ont pas eu droit à l’émotion de M. Castaner". "Eux, ils ont eu le droit aux coups de matraque, au gaz lacrymogène."

Il rappelle les chiffres collectés par le journaliste David Dufresne, qui a relevé 860 violences policières durant les manifestations des Gilets jaunes entre décembre 2018 et juin 2019 : "autant qu’en vingt ans", précise Florian Philippot. Alors qu’à l’époque Christophe Castaner refusait de parler de violences policières, aujourd’hui "ils se jettent sciemment dans cette polémique parce que ça les arrange bien".

 

Il y a "peut-être un soulèvement populaire qui arrive"

La crise économique conduira peut-être à une "récession qui sera la pire dans l’histoire de France depuis 300 ans", affirme Florian Philippot qui estime que "des responsabilités devront être posées" sur la gestion de la crise sanitaire et en particulier "sur les pénuries de masques, sur le drame social, le drame humain dans les maisons de retraite, sur l’interdiction de prescrire librement pour les médecins". Il y a "une crise sociale gigantesque, peut-être un soulèvement populaire qui arrive", estime-t-il. "Il y a des millions de Français qui vont se trouver dans une misère noire dans les mois qui viennent."

Le gouvernement serait donc, selon le président des Patriotes, en train de diviser la société "entre noirs et blancs" ou, a minima, "il surfe là-dessus". La raison ? "Ça permet de la diversion, ça permet de la division". "C’est ce qu’on appelle de l’ingénierie sociale", explique Florian Philippot : "vous prenez une foule qui est contre vous et vous faites tout pour que cette foule se batte entre elle".

 

"Bien sûr qu’il y a du racisme"

Sur la question de fond des manifestations, le racisme, Florian Philippot est clair : "Bien sûr qu’il y a du racisme, il y en a chez les policiers" et même "chez un ancien ministre de l’Intérieur, M. Valls". Il avait été filmé à son insu en train de déclarer qu’il "n’y avait pas assez de blancs dans sa ville" sur le marché d’Évry.

Toutefois, Florian Philippot veut remettre les faits dans leur contexte : "dans cette affaire-là, il n’y a pas d’actualité française en fait". George Floyd est décédé à cause de violences policières, mais "c’était à Minneapolis, dans le Minnesota" et, selon lui, il ne faut pas oublier qu’il y a "une campagne en cours aux États-Unis", la Présidentielle 2020 se tenant en effet en novembre.

 

"Ça arrange l’oligarchie qui a envie qu’on parle d’autre chose"

"Nous, en France, on a importé ça parce que je pense honnêtement que ça arrange beaucoup de monde ici, ça arrange l’oligarchie qui a envie qu’on parle d’autre chose que ce dont on parlait avant." De plus, Florian Philippot se dit "choqué" qu’en France il n’y ait "plus de capacité d’avoir un peu de recul" par rapport au "modèle américain".

De nombreux concepts sont, selon lui, importés des États-Unis : "la discrimination positive", "le racialisme", "des propos sur le racisme systémique" ou encore le "pseudo-privilège blanc". "Tout ça, ce sont des concepts complètement américains" et qui sont "complètement étrangers à la culture française". "Et on serait censés les prendre les bras ouverts, avec la bouche en cœur en disant ‘c’est bien’ ? Non, ce n’est pas bien."

 

Le virus a "manifestement quasiment disparu"

Mardi 9 juin 2020, une enquête préliminaire sur la gestion de la crise du coronavirus Sars-CoV-2, responsable de la maladie Covid-19, a été ouverte en France. Dans ce cadre, Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France, a dit que le gouvernement serait en train de gérer son risque pénal en ralentissant la fin du déconfinement. "On a senti pendant toute la gestion de cette crise que souvent ils marchaient sur les œufs parce qu’ils pensaient déjà à l’après, au procès", estime le président des Patriotes. "Sur le fond de l’affaire, je pense qu’il faut accélérer le déconfinement."

Pour autant, les décisions du gouvernement peuvent se justifier, car le virus n’a pas disparu du territoire français. "D’après les chiffres qu’on a, il a manifestement quasiment disparu", juge Florian Philippot évoquant une disparition totale dans "certaines zones du territoire".

 

"La souveraineté européenne, c’est le règne des lobbys et de l’oligarchie"

Depuis la crise, le concept de souverainisme est de nouveau sur le devant de la scène politique. Mais Florian Philippot tient à faire une distinction de taille : "beaucoup parlent du mot souveraineté, mais quand Emmanuel Macron en parle, il ajoute toujours l’adjectif ‘européenne’ derrière". Or, c’est "l’inverse du souverainisme". "Si vous dites, comme Macron, ‘je suis pour la souveraineté européenne’, vous êtes donc contre la souveraineté nationale."

"La souveraineté européenne c’est le règne des lobbys et de l’oligarchie", déclare le président des Patriotes. Il compare les "discours présidentiels" qui affichent une "volonté de relocalisation" avec les décisions de l’Union européenne qui a signé deux accords de libre-échange durant la crise. "C’est exactement l’inverse de la relocalisation." Pour lui, si un pays n’est pas souverain, alors "tous les discours seront aussi efficaces que de souffler dans un pipeau". Tant qu’un pays n’a pas les leviers pour gérer sa politique interne, comme l’immigration par exemple, "vous faites des slogans, vous faites des promesses".

 

Marine Le Pen "ne fait plus de la souveraineté nationale l’alpha et l’oméga de son combat"

Florian Philippot organise, pour le 5 juillet 2020, une "journée souverainiste" avec de nombreux invités. "Les gens peuvent et doivent s’inscrire". "C’est une journée pour dire : unissons-nous." "Tout le monde dit que les souverainistes doivent se rassembler, il faut le faire."

Nicolas Dupont Aignan "m’a dit qu’il serait là", annonce le président des Patriotes qui attend encore de nombreuses réponses, comme celle de Michel Onfray à qui il a écrit. "J’attends d’autres réponses". Au niveau de son ancien parti, le Rassemblement national, il déclare ne pas avoir contacté directement Marine Le Pen, car elle "ne fait plus de la souveraineté nationale l’alpha et l’oméga de son combat". Mais il estime qu’il y a dans les rangs du RN "des gens sincèrement souverainistes" et qui ont été "peinés" par "le tournant européiste du Rassemblement National depuis 2017".

Il écarte toutefois, aujourd’hui, tout travail avec Marine Le Pen à cause des différences de projet politique entre les Patriotes et le Rassemblement National. "On ne peut pas retravailler ensemble parce que nous n’avons plus les mêmes orientations politiques."

 

"La loi Avia est une vraie loi de censure"

Depuis qu’il n’est plus membre du Rassemblement National, Florian Philippot est moins présent dans les médias. "Ça, ce sont les règles du CSA : quand vous êtes dans gros parti, vous avez mécaniquement beaucoup de médias, quand vous êtes vous-même votre patron, vous vous battez pour les avoir."

Le président des Patriotes compte toutefois beaucoup sur les nouveaux médias : "j’ai redéveloppé ma chaine YouTube", avec une vidéo quotidienne. "Ça cartonne depuis le confinement", confie-t-il. "Je crois beaucoup à Internet, aux réseaux sociaux", ce qui fait qu’il est "très inquiet de la loi Avia" qui est "une vraie loi de censure et est très dangereuse pour nos libertés".


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