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Le regard d'Élisabeth Lévy - "Le monopole de la violence appartient désormais aux voyous qui cassent du flic"

Dimanche soir, le commissariat de Champigny-sur-Marne était attaqué à coups de feux d'artifice - objets dont Gérald Darmanin souhaite interdire la vente. Les forces de l'ordre sont à bout, par impuissance de l'État, englué dans un rapport de force dans lequel il est et sera nécessairement perdant si des principes n'évoluent pas.

Tous les matins à 8h15, le regard libre d'Elisabeth Lévy dans le Grand Matin Sud Radio.

Revenons sur l’attaque du commissariat de Champigny.

“Les petits caïds n’impressionnent personne”, a déclaré Darmanin. Il se trompe. En réalité, toute la France est saisie d’effroi. Certes, les attaques de policiers par des jeunes des cités sont devenues banales. Mais maintenant, c’est avec l’intention de tuer ou au minimum de blesser et de terroriser. 

On est fatigué d’entendre et de prononcer les mêmes mots. D’un côté, les mêmes variations excusistes sur la République ne tiennent pas leurs promesses. De l’autre, nous déplorons en chœur la crise de l’autorité et la faiblesse de la réponse pénale. Gérald Darmanin annonce une loi interdisant la vente de feux d’artifice au public. J’ai d’abord cru à une blague. 

En attendant, le sentiment qui domine chez les Français reste l’incompréhension. On répète que ce sont des minorités qui prennent des quartiers en otage. Comment expliquer l’impuissance de l’État? 

Oui, comment l’expliquer ? 

C’est un problème de rapport de force. Il y a déjà une dissymétrie structurelle entre l’État et les voyous : l’État est contraint par ses lois. C’est aussi notre grandeur. Mais à celle-ci, s’en ajoute une autre : on dirait que le monopole de la violence appartient désormais aux voyous qui cassent du flic. Les images de policiers terrés dans leur commissariat derrière des portes blindées sont insoutenables. Que serait-il arrivé si les assaillants avaient pénétré dans le bâtiment. La hiérarchie aurait-elle ordonné aux policiers de sortir les mains en l’air en agitant un drapeau blanc ? Pour les policiers, faire usage de leurs armes ne semble plus être une option, y compris quand ils sont agressés. La priorité : pas d’effusion de sang. 

Faut-il pour autant des cow-boys à la gâchette facile ?

Entre des cow-boys tirant sur des voleurs de pomme désarmés et des policiers terrorisés à l’idée de se servir de leur arme, il y a la frontière de la légitime défense et de l’ordre public. Resteraient-ils l’arme au pied si des émeutiers attaquaient l’Assemblée Nationale ? 

Proclamer par avance qu’on ne prendra jamais le risque de faire couler le sang revient à donner la victoire à ceux qui n’ont pas ces scrupules. Et à céder au chantage à l’émeute.

Ces voyous n’ont pas peur de la prison où ils ont de toute manière peu de risques d’aller. Mais ils ont peur de mourir. On ne peut pas se lamenter sur la faiblesse de l’État et refuser qu’il se serve de la force.

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