Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, le grand matin week-end, 7h-10h, Jean-Marie Bordry.
- Bienvenue à tous sur Sud Radio, 7h47. Bonjour André Merlin.
- Bonjour.
- Bienvenue sur Sud Radio. Merci beaucoup de nous rejoindre de si bon matin.
- Vous êtes fondateur et président d'honneur de RTE.
- RTE, c'est le gestionnaire du réseau d'acheminement d'électricité dans toute la France.
- Les lignes à haute tension qu'on voit à l'horizon, c'est vous, en quelque sorte.
- C'était vous, du moins.
- C'était moi, c'était moi.
- Exactement, André Merlin.
- Alors, je le rappelle, il y a près d'une semaine, toute l'Espagne et le Portugal ont été plongés dans le noir.
- Première question, André Merlin, près d'une semaine après, est-ce qu'on commence à savoir la cause de ce blackout ? On sent tout, mais il faut dire clairement que les deux gestionnaires de réseau de transport d'électricité espagnol et portugais, puisque ça concerne les deux pays, ne sont pas très bavards sur ce qui s'est passé.
- Par contre, on a quelques éléments plus précis, et en particulier sur la séquence qui a conduit, effectivement, à ce blackout, c'est-à-dire un effondrement complet du système électrique de la péninsule ibérique, en quelques secondes.
- Oui, en quelques secondes, précisément.
- Un événement si spectaculaire qu'au début, on a cru à une cyberattaque massive.
- Ça a été finalement démenti.
- Démenti, oui.
- Concrètement, vous, dans plusieurs interviews, vous avez commencé à faire le lien entre cet effondrement en quelques secondes et le fait que l'Espagne est une part d'énergie photovoltaïque et éolienne très importante.
- Oui, oui, oui, tout à fait.
- Alors, je vais expliquer pourquoi.
- C'est que dans un système électrique comme celui que nous avons en Europe, il faut en permanence équilibrer l'offre et la demande d'électricité parce que l'électricité ne se stoppe pas.
- C'est une propriété physique.
- Et donc, il faut à tout moment ajuster l'offre à la demande d'électricité.
- Or, ce qui s'est passé vraisemblablement, je dis vraisemblablement, en attendant d'avoir plus de précision, il n'y a pas été possible d'ajuster l'offre à la demande.
- Et à ce moment-là, lorsque ceci se passe, la fréquence du réseau, parce qu'il faut savoir que l'électricité se transporte en courant alternatif, la fréquence chute.
- Et elle a chuté suffisamment pour conduire effectivement à la déconnexion de tous les moyens de production d'électricité qui étaient sur le réseau ibérique.
- Et le lien que vous faites avec le photovoltaïque et l'éolien, c'est que contrairement au nucléaire ou à d'autres, on ne peut pas augmenter l'hydraulique en augmentant le débit d'eau.
- On ne peut pas augmenter la production d'électricité avec l'hydrolien et le photovoltaïque, c'est ça ? Oui, c'est ça.
- C'est-à-dire que vous ne pouvez pas produire de l'électricité au moment où nécessairement vous en avez besoin.
- Et puis par ailleurs, alors c'est un peu plus technique, je suis désolé, mais je le dis, en fait, un grand système électrique interconnecté comme celui que nous avons en Europe, on doit en permanence contrôler la fréquence, c'est ce que je viens de dire précédemment.
- Et donc, il faut des moyens qui permettent de contrôler cette fréquence.
- Or, ni l'éolien, ni le solaire, dans l'état actuel de nos techniques, sont capables d'effectuer ce contrôle.
- Et au moment où s'est produit le blackout, il faut savoir que 70% de la production d'électricité était d'origine solaire, en grande partie solaire, mais également éolienne.
- Et donc, je pense... Alors, il y a eu une perturbation initiale, vraisemblablement une panne sur les moyens de production d'électricité.
- Je pense que c'est des cendres solaires.
- Et c'est ceci.
- Qui a enclenché le processus vers le blackout.
- Donc ça, ça s'est passé quelques minutes, une à deux minutes avant le blackout.
- Et ça a suffi, ensuite, pour déclencher cette réaction en chaîne ? Alors, pas tout à fait, parce qu'à partir de là, on a perdu les interconnexions entre la France et l'Espagne.
- Alors, la France, à ce moment-là, exportait 2500 mégawatts, équivalent de trois tranches nucléaires, vers l'Espagne.
- Et c'était d'ailleurs, vraisemblablement, de l'électricité qui venait d'Allemagne et qui était de l'électricité solaire, également.
- Et donc, à partir du moment où on a perdu cette interconnexion, c'est là où le processus a été irréversible.
- Et on a perdu toute la production, et en particulier, toute la production...
Transcription générée par IA