Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio Regards de Femmes, Michel Vianès.
- Bonjour Michel.
- Bonjour Jean-Marie.
- Présidente et fondatrice de l'organisation non-gouvernementale Regards de Femmes.
- Michel, vous revenez sur un rapport qui vous inquiète beaucoup.
- Il a été remis cette semaine par le haut commissaire au plan Clément Beaune.
- C'est un rapport de France Stratégie qui dresse un état des lieux très préoccupant sur les stéréotypes sexués en France chez les jeunes.
- Je résume en une phrase et vous allez m'expliquer pourquoi.
- Mais en fait, nos jeunes semblent de plus en plus sexistes.
- Eh bien, le rapport révèle justement que malgré les progrès sur le long terme, les stéréotypes restent profondément ancrés dans les mentalités chez les 18-24 ans et même chez les 11-18 ans.
- Alors par exemple, en 2024, donc aujourd'hui, 56% des jeunes pensent que les mères savent mieux répondre aux besoins des enfants que les pères.
- Et c'est un chiffre qui est en hausse, puisqu'il y a 10 ans, en 2014, il n'était que 50%.
- Et ce constat, il a pour corollaire, ce qui est encore plus grave, c'est que 21% des garçons...
- Un sur cinq.
- Oui, et 17% des filles, pratiquement aussi une sur cinq, de 11 à 14 ans, vous voyez, on est vraiment chez les jeunes, estiment que les femmes devraient rester à la maison pour élever...
- Élever leurs enfants.
- D'accord.
- Voilà, ça montre bien que dans la société, les stéréotypes perdurent et puis surtout, ils sont alimentés en grande partie par les réseaux sociaux, puisque l'étude d'il y a 10 ans, il n'y avait pas le numérique à ce niveau-là et que le numérique est bien un amplificateur des clichés qui crée un environnement où tous nos jeunes sont constamment confrontés à des représentations sexistes.
- Alors c'est drôle, parce que pourtant, ces stéréotypes, ils sont de plus en plus battus.
- On brèche dans les médias publiquement, en cours depuis des années et on a des résultats assez contre-intuitifs.
- Pourquoi la lutte contre ces stéréotypes, elle a l'air de ralentir depuis le milieu des années 2010 ? Eh bien, tout simplement parce que les politiques publiques se sont surtout concentrées ces dernières années sur les violences sexuelles, ce qui est important, sur l'égalité professionnelle, ce qui est aussi très important, sur la santé des femmes qui est nécessaire et ils ont complètement laissé de côté les questions sexuelles.
- C'est-à-dire qu'il n'y a pas de budget spécifique sur ces questions.
- C'est-à-dire qu'on ne peut pas faire des actions de sensibilisation depuis une dizaine d'années et donc, et comme je vous disais tout à l'heure, il y a l'omniprésence du numérique qui joue un rôle crucial dans la régression puisque les contenus sexistes sont sur toutes les plateformes, pas que sur les questions, je dirais, sur les réseaux sociaux, sur les vidéos, etc. Et donc, il y a sur les jeux, et c'est là, c'est là, c'est là, c'est là.
- Clément Beaune a une formule que j'ai retenue, une arme de construction massive des stéréotypes pour les réseaux sociaux.
- Et les filles, elles sont confrontées à des représentations dévalorisantes d'elles-mêmes, elles le disent, là, elles sont la majorité à le dire, et les garçons, ils sont encouragés à jouer les rôles traditionnels, patriarcaux.
- J'imagine qu'il y a deux ou trois priorités qui sont proposées pour inverser cette tendance.
- Oui, d'abord de faire de la lutte contre les stéréotypes sexués, une véritable priorité politique.
- Et des données sexuées, ça c'est très, très important, c'est nécessaire pour mieux savoir où on en est.
- Alors, il y avait les ministres de l'Éducation, Elisabeth Borne, et puis c'est les droits des femmes, Aurore Berger, elles ont les deux insisté sur l'importance de l'éducation à l'égalité dès le primaire, on le voit bien d'après les résultats, et tout au long de la scolarité, avec, bon, on en a beaucoup parlé, le programme FIEMAT, c'est important.
- Il y a aussi une autre piste qui m'a semblé très intéressante, c'est l'orientation des filles et des garçons vers des formations à leur sexe et minoritaire via un bonus sur Parcoursup.
- Donc on est sur du concret pour casser un petit peu ces métiers sexués, totalement.
- Et puis, bien sûr, rappelez que l'éducation au numérique, c'est un impératif,...
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