Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio Regards de Femmes, Michèle Vianès.
- Bonjour Michèle.
- Bonjour Laurence.
- Alors ce matin, vous allez nous parler d'une étude assez surprenante qui bouscule pas mal d'idées reçues, notamment sur les relations entre mâles et femelles chez les primates. Racontez-nous tout.
- Exactement. Alors c'est vraiment un cliché qui s'effondre.
- Il y a une étude passionnante qui a été publiée début juillet et qui a été menée par des chercheurs et chercheuses du CNRS de Montpellier et qui ont collaboré avec des équipes en Allemagne.
- Et elle remet vraiment en cause un stéréotype très répandu, l'idée selon laquelle chez les primates, les mâles domineraient toujours les femelles.
- Alors, je sens l'étonnement.
- Donc les chercheurs ont analysé les données de plus de 100 espèces de primates et issues de 253 études différentes.
- Donc il y a vraiment du fond.
- Et leur constat...
- Dans la grande majorité des cas, les mâles ne dominent pas systématiquement les femelles.
- Et en effet, il y a une domination stricte.
- C'est-à-dire quand l'un des deux sexes, ça peut être aussi bien les mâles que les femelles, domine plus de 90% des affrontements, eh bien ça n'existe que dans moins de 20% des populations étudiées, c'est-à-dire une sur cinq.
- Donc on voit que la situation est beaucoup plus variée que ce qu'on pensait.
- Non seulement entre les espèces, mais même au sein d'une même espèce.
- Et là où il y a une forme de domination, que ce soit mâle ou femelle, eh bien ça ne s'impose pas de la même manière.
- Alors, comment, Michel, les femmes dominent-elles ? Si ce n'est par la force, par exemple ? Alors, je vais citer Élise Huchard, qui est la chercheuse principale de l'étude à Montpellier.
- Les mâles vont utiliser souvent la force physique et la coercition, ce qui ne va pas vous étonner.
- Non.
- Alors, les femelles vont...
- s'imposer via des stratégies reproductives.
- Par exemple, en choisissant si, quand et avec qui s'accoupler.
- Eh oui, c'est une forme de domination.
- Voilà.
- C'est ça.
- Et notamment, ça se trouve chez les espèces monogames qui vivent dans les arbres.
- Parce que les femelles, elles peuvent littéralement échapper au mâle et donc avoir plus de contrôle.
- Et surtout, où les conflits, dans ce cas, représentent moins de menaces pour leurs petits.
- Ça, c'est un point très important.
- Et bien sûr, à l'inverse, dans les espaces vivants au sol, où les mâles sont plus grands et peuvent surveiller plusieurs femelles, là, la domination masculine est bien plus fréquente.
- Et l'environnement, j'imagine que ça doit jouer un rôle aussi.
- Voilà, tout à fait.
- Et donc, la domination ne dépend pas seulement de la taille ou de la force, mais aussi du mode de vie, du type d'habitat, des dynamiques sociales.
- Et c'est vraiment...
- Parce que dans certaines...
- espèces, on voit une amitié entre les femmes, une sororité très forte entre les femelles, pardon.
- Et donc, vous voyez, comme je passe de la fricotée...
- Les femelles et les primates.
- C'est vraiment une vision plus complexe et beaucoup plus fine des rapports entre les sexes et les primates.
- Alors, en quoi, justement, Michelle, cette étude sur les primates est-elle importante, pour vous, en tout cas ? Eh bien, parce qu'elle remet en cause l'idée de la domination masculine, qui serait naturelle.
- Naturelle ou universelle.
- Et elle montre que c'est bien plus nuancé.
- Et surtout, elle met en lumière tous les biais, dans la manière dont on interprète les comportements animaux, tous ces fameux biais sexués que nous dénonçons ici et ailleurs.
- Elle pète d'avoir des chercheuses dans l'équipe, à apporter justement un regard beaucoup plus ouvert et diversifié.
- Et je trouve que c'est une magnifique démonstration de l'importance de la parité en science.
- Et de la nécessité de former davantage des femmes aux carrières scientifiques.
- Vous savez que c'est un de mes dadins.
- Et parce que plus les regards sont variés, et plus la science avance.
- C'est ça.
- Avec parfois des sujets aussi exploités avec d'autres regards.
- Merci d'ailleurs pour votre regard à vous.
- Deux femmes, Michelle Vianesse, à réécouter en podcast sur Sud Radio.
- Et on vous retrouve bien sûr le week-end prochain.
- Merci, Michelle.
- Merci, Laurence.
- .
Transcription générée par IA