Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, on décrypte le monde. On décrypte le monde avec notre invité. Il est 8h19 sur Sud Radio. On est ravis de vous accueillir, Kamel Benchak. Bonjour.
- Bonjour, monsieur Bordry. Oui, bonjour à vous. Vous êtes écrivain franco-algérien. Vous aussi, si j'ose dire. Vous êtes membre fondateur du comité de soutien international à votre ami et notre compatriote Boualem Sansal.
- On a espéré pendant quelques jours qu'en ce jour de 5 juillet, fête de l'indépendance en Algérie, Boualem Sansal soit gracié. Eh bien on a appris hier soir qu'il n'en serait rien.
- Non, le président Tebboune ne graciera pas aujourd'hui. Boualem Sansal, pourquoi ? Pourquoi ? Je n'ai pas la réponse. Mais moi aussi, j'ai espéré une grâce.
- Nous l'avons espérée au comité de soutien pendant quelques jours. Et puis avant-hier, moi, j'ai compris personnellement qu'il ne sera pas gracié parce que tous les journaux, toutes les unes des journaux algériens, titraient de la même façon.
- Tapant sur Boualem Sansal et sur la France. Et comme les journaux algériens ne sont pas libres, ils ont reçu certainement des indications.
- Alors qu'est-ce qu'ils disaient, ces journaux ? Ils tapaient sur la France. La France n'a pas assimilé dans les affaires intérieures de l'Algérie, qui est un pays souverain, qu'elle a jugé un Algérien, alors qu'il n'est pas uniquement Algérien. Il est surtout franco-algérien, puisqu'il a choisi de venir s'installer en France.
- Alors il est les deux, effectivement. Il est français et algérien. Il a été condamné pour atteinte à l'unité nationale.
- À cause de propos qu'il a tenus sur un média français. Moi, j'y crois pas. Je ne crois pas uniquement que c'est pour ça.
- D'ailleurs, dans l'acte d'accusation, ça ne figure nulle part. Alors c'est quoi ? C'est 25 ans de façon de se comporter face à la dictature algérienne, le fait qu'il n'accepte pas que son pays natal devienne cette sorte de propriété privée.
- Je crois qu'ils lui font payer parce qu'ils ont su qu'il allait définitivement s'installer en France.
- Et ils lui font payer ce que la France et Macron ont fait vis-à-vis de la marocanité du Sahara.
- Alors on va revenir un petit peu, parce que c'est un vieux feuilleton. La France avait tenté de se rapprocher avec l'Algérie, sans succès manifestement.
- Elle s'est ensuite rapprochée du Maroc en reconnaissant pour la première fois officiellement que le Sahara occidental au sud du Maroc était bien marocain.
- Colère algérienne. Pourquoi ça a chopé sur ça, en fait ? Écoutez, c'est...
- En quoi c'est un scandale en Algérie que la France décide de reconnaître la souveraineté du Maroc sur un territoire qu'elle ne revendique même pas pour elle ? Non seulement elle ne le revendique pas, mais pire encore, puisque les États-Unis, les Pays-Bas, l'Espagne ont reconnu la marocanité du Sahara.
- Et là, ça passe comme crème. Mais que la France le reconnaisse, là, c'est une ligne rouge à ne pas dépasser.
- C'est quoi ? C'est quoi, le problème ? C'est la rente mémorielle. La France est l'éternel ennemi. C'est l'éternel colonisateur.
- Donc il faut lui faire payer cette façon de se comporter vis-à-vis de l'Algérie en reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara.
- Et donc on fait payer le binational qui est Boualem Sansal, celui que vous êtes aussi. On aurait pu le faire payer si vous y étiez retourné.
- On leur fait payer, en fait, leur amour pour les deux pays, parce que non, on n'a pas le droit d'aimer les deux pays ? Oui. Non seulement on aime les deux pays, mais en plus, nous sommes, que ce soit Boualem Sansal, Kamel Daoud ou moi ou d'autres, foncièrement francophones.
- Oui.
- Donc nous écrivons en français.
- La langue française que nous diffusons, et ça, l'Algérie, qui refuse le français désormais, nous le fait payer.
- Alors vous n'êtes pas les premiers. Il y avait même une académicienne, il y a quelques années, Assia Djebar, qui était une grande poétesse aussi, franco-algérienne.
- En tout cas algérienne, pardon, et qui écrivait en français d'une manière absolument divine.
- Maintenant, parlons quand même de votre ami Boualem Sansal. Comment il va ? Écoutez, on a su récemment, on a eu de ces nouvelles par l'intermédiaire de son nouvel avocat,...
Transcription générée par IA