Retranscription des premières minutes :
- Sud Radio, on décrypte le monde. On décrypte le monde avec notre invité Sébastien Boussois. Bonjour.
- Bonjour. Chercheur, spécialiste du Moyen-Orient, directeur de l'Institut géopolitique européen.
- Je le disais, la réponse de l'Iran toute la nuit des dizaines et des dizaines de missiles qui sont abattus sur Israël et qui ont fait mouche pour certains d'entre eux. C'est la nouveauté par rapport aux derniers affrontements entre l'Iran et Israël.
- Les opérations israéliennes qui, elles-mêmes, continuent en ce moment. Ça veut dire que cette guerre n'est pas terminée.
- Non. Aujourd'hui, vous savez, avec la transformation des conflits, et ce, d'ailleurs, depuis un certain nombre d'années, il est difficile de savoir exactement quand est-ce qu'on bascule dans un processus de guerre et quand est-ce qu'on parvient à la paix.
- En réalité, on se retrouve dans des situations comme l'Ukraine et comme la Russie, à un moment où les choses se figent ou basculent dans une forme, entre guillemets, pardonnez-moi l'expression, de normalité, c'est-à-dire que chacun se jauge, chacun se défend, chacun cherche à se faire respecter en étant craint. Et je pense qu'Israël a évidemment marqué plusieurs points hier, suite à l'annonce notamment de la prochaine parution du rapport de l'AIEA, l'agence onusienne, qui annonçait que l'Iran était sur le point d'atteindre ce fameux seuil lui permettant d'accéder au nucléaire militaire. Donc je pense que Tel Aviv avait pour objectif de marquer le coup, de dire qu'il privilégierait toujours, avec ce régime en tout cas, les armes plutôt que la diplomatie, ce qui était un pied de nez, du coup, pour la Maison-Blanche. Et l'Iran n'avait pas d'autre choix que de riposter, mais dans une position de fragilité claire et nette, sans l'appui de ces fameuses proxys, le Hezbollah et le Hamas, qui ont été plus que largement affaiblis, c'est le moins qu'on puisse dire par l'État hébreu depuis un an.
- Et je pense que ça durera encore quelques jours. Je ne suis pas du tout sûr qu'on bascule dans un embrasement. En avril de l'année dernière, il y avait quand même quelques missiles qui étaient parvenus jusqu'au territoire israélien, notamment à Tel Aviv.
- Exactement, vous avez raison de le préciser. Malgré tout, les images de cette nuit sont assez spectaculaires en Israël.
- Que cherche Israël, très concrètement ? Une bonne partie de l'état-major iranien a été liquidé.
- C'est les plus graves pertes subies par le régime depuis sa naissance, en quelque sorte.
- On n'a jamais vu autant de hauts gradés iraniens être liquidés tous en même temps.
- C'est quoi l'objectif ? Empêcher le programme nucléaire ou faire tomber le régime ? Écoutez, dans l'absolu, je pense que Benjamin Netanyahou, intimement, dans sa salle de bain le matin, se rase, c'est d'obtenir les deux. Évidemment, le but est à la fois d'empêcher l'Iran d'obtenir le programme nucléaire, ce qui peut, dans l'absolu, pour certains, quelque part se discuter.
- Regardez, à chaque fois, je cite l'exemple de l'Inde et du Pakistan.
- Les tensions qui ont eu lieu il y a quelques semaines étaient très, très exacerbées et très avancées.
- Et je pense probablement que c'est parce que ces deux pays ont l'arme nucléaire qu'ils ne sont pas allés plus loin et que tout ça s'est quelque part calmé.
- Donc l'Iran est complètement obsédé à l'idée de ne pas...
- Il est complètement obsédé à l'idée de ne pas avoir ce programme, même s'il affirme en permanence que c'est uniquement pour obtenir du nucléaire civil.
- Et on arrivera, de toute façon, dans la région, à une question dont on ne sortira pas et qui se posera également pour des pays qui voudraient normaliser leurs relations avec l'État hébreu.
- C'est le cas de l'Arabie saoudite, par exemple, qui rêve d'avoir un programme nucléaire qui serait sous couvert de la normalisation avec Israël.
- Mais je pense que Benjamin Netanyahou, évidemment, rêve d'un renversement de régime, même si, je dis bien même si, si on prend le cas de...
- de la Syrie et même si le président actuel fait encore, je dirais, fait encore mouche ou en tout cas fait encore ombrage, il préférait un régime ferme et autoritaire comme celui de Bachar el-Assad que des pays dans des processus de démocratisation dont il ne sait...
Transcription générée par IA